Nod › The Story of the Three Little Pigs and the Big Bad Wolf

Les dérives du power electronics sont légion. A l’origine politique et (anti-)social (Whitehouse), réapproprié par la suite pour diverses raisons : écraser les masses de perdition, invoquer Satan, emmerder le monde (je ne dénonce pas)… avec Nod, il s’agit uniquement de nous nous raconter des contes pour enfants. Daniel Wihlstrand, inconnu au bataillon, débarque tranquillement sur un des labels les plus réputés de son pays avec un seul album après quelques apparitions (sur la compilation ‘Estheticks of Cruelty’ et l’excellent 4-way split ‘Nihil’), avant de disparaître à nouveau dans la nature. Copinage, ou gage de qualité ? Car si la thématique prête à rire, la musique est nettement moins marrante. Savant mélange de vrombissements, spoken word féminins et agressions noise, Nod joue le jeu formel sans être superficiel, loin de là. Volontairement crétin (les miaulements de chatons sur ‘Jelly Fool’ après trois minutes d’acharnement machinal), souvent mélodique dans les instants les plus agressifs (on retrouve par moments l’humour de Brighter Death Now), c’est surtout dans les instant les plus calmes que le talent se révèle. Glauques, malsains, terriblement noirs, voilà à quoi ressemblent les contes revisités qu’on aurait aimé ne jamais retrouver. ‘The Story of the three little pigs and the big bad wolf’, ‘An Enemy You Are’, ‘The Armies of the Earth’, ‘Well, I Never !’ : autant d’ambiances déglinguées qu’on regrette d’avoir écouté (c’est faux, on prend un malin plaisir à s’y embourber). Et quand le dernier titre s’achève (mélange de power electronics et de gabber !) on se dit qu’on en aurait bien repris… on est pas encore endormis, Daniel, raconte-nous d'autres histoires !