Ever Since › Between Heaven And Hell

Après quinze jours de break total d'activité informatique pendant ces vacances, c'est avec la candeur du chroniqueur ressourcé à l'alcool que je me suis replongé dans le marais stagnant des promos. Et avec Ever Since, on peut dire que j'ai fait bonne pioche. "Between heaven and hell" est tout simplement une excellente surprise, qui symbolise définitivement la maîtrise et l'assurance de la formation. Pourtant, passé une intro électro intéressante, le groupe attaque direct avec un pur motif techno, un riff quelque peu bateau et un plan de batterie "Rammstein's not dead" option chant en début de mesure, avec le son compact qui va bien... Qu'on ne se laisse pas abuser, une certaine fantasie ne tarde pas à se mettre en place, introduisant intelligemment la plupart des ambiances utilisées plus tard. Si la voix death manque un peu de consistance bien qu'on puisse y trouver une justification en y ressentant une certaine narration, le chant féminin, délicat et trainant, se détache de suite sur la basse et amène un joli ralentissement, tremplin de quelques claviers en nappe qui commencent à timidement s'insérer. C'est parti pour 40 minutes pas comme les autres. Une fois l'album lancé, deux choses attirent immanquablement l'oreille: tout d'abord les nuances, au sens propre. Que ce soient les chants, volontairement en avant ou en retrait, les embryons de mélodie à la guitare, le piano et ses appuis au gré du vent, ou tout simplement les samples et claviers qui montent et descendent avec raffinement, rien ne tient en place bien longtemps, tout s'enchaîne de la manière la plus naturelle du monde. Et c'est ainsi que l'album prend vie. Le deuxième effet kiss cool, c'est le synthé. Pas les classiques lignes de cordes ou de choeurs, mais bien le timbre de synthé propre à saisir un thème au vol. Une identité mystérieux, kitchement souffrante et sweepée comme les sons que le compositeur David Wise utilisa jadis pour, attention la référence, la map des marais fantômes de Donkey Kong Country 2. Et on arrête de se marrer, parce que ce son procure des couleurs spectrales, irréelles, à la fois éthérées et consistantes (à l'image du formidable intermède "Meeting In The Deep" suivi du tubesque "La Petite Mort"). Parlons également du chant clair qui donne souvent la réplique aux splendides phrases féminines. Le chanteur aime à bousculer sa ligne en titillant les chromatismes, surtout lors de plans de gratte plaqués auréolés d'arpèges de piano, ce qui nous ramène inévitablement à "La Masquerade Infernale" d'Arcturus. Que dire de plus ? Qu'on se mange carrément un beat et un sample techno/transe sur "Treason" ? C'est vraiment pour le plaisir du détail, je pourrais y passer des heures. A la croisée des influences et des atmosphères, Ever Since peint un paysage solide et varié qui ne stagne jamais, auréolé de dizaines de petites subtilités qui poussent à se le repasser encore et encore. Beau son, beaux arrangements, bel artwork, belle musique.
Une excellente surprise, je vous dis.