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Sage Francis › A Healthy Distrust

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Klozer      lundi 30 novembre 2020 - 23:25
Ignus      vendredi 10 septembre 2010 - 19:25
Kruppe      dimanche 13 décembre 2009 - 10:58
pyosisified      jeudi 5 juin 2008 - 19:11
kama      jeudi 15 mai 2008 - 20:01
braincras      jeudi 3 janvier 2008 - 03:50
Int      mercredi 18 janvier 2023 - 22:24
dogbi      mardi 21 avril 2015 - 22:37
GinSoakedBoy      mardi 29 avril 2014 - 13:46
Crime      jeudi 4 novembre 2010 - 07:26
yannmoh      vendredi 19 mars 2010 - 20:48
Neocreed      vendredi 6 mars 2009 - 13:29
cyprine      mardi 30 décembre 2008 - 16:20
beubar      mercredi 2 juillet 2008 - 00:12
Coltranophile      vendredi 4 janvier 2008 - 12:09
Saïmone      jeudi 3 janvier 2008 - 16:23
Soup      jeudi 3 janvier 2008 - 14:59
edenbeast      mercredi 2 janvier 2008 - 19:37
Karamazov      mercredi 15 juin 2011 - 02:40
sourdicus      dimanche 31 octobre 2010 - 17:17
Painkiller      lundi 11 mai 2009 - 12:25
taliesin      lundi 11 mai 2009 - 09:49
caleb      dimanche 25 janvier 2009 - 01:13
born to gulo      dimanche 28 décembre 2008 - 19:04

cd • 15 titres • 49:12 min

  • 1The Buzz Kill
  • 2Sea Lion
  • 3Gunz Yo
  • 4Escape Artist
  • 5Product Placement
  • 6Voice-Mail-Bomb-Threat
  • 7Dance Monkey
  • 8Sun vs Moon
  • 9Agony In Her Body
  • 10Crumble
  • 11Ground Control
  • 12Lie Detector Test
  • 13Bridle
  • 14Slow Down Gandhi
  • 15Jah Didn't Kill Johnny

informations

line up

Sage Francis (MC)

Musiciens additionnels : Alias (production), Danger Mouse (production), Will Oldham (chant, guitare), Re Animator, Sixtoo, Joe Beats, Daddy Key, Controller 7, Varick Pyr (productions), Tom Inhaler (guitare), Nathan H. (harmonica)

chronique

  • alternatif > emo

Ce qui me met en rogne, c’est la stupidité dont certains ont pu faire preuve ici, lorsque Progmonster a, le premier, osé parlé de hip hop sur le site. Ce que ces coincés du cul n’arrivaient pas à admettre derrière leurs préjugés gros comme des montagnes, c’est que le hip hop EST sombre par définition. C’est, bien souvent, un cri, un geste de soulèvement, et même si les artistes les plus médiatisés de ce genre en ont donné une image vulgaire et misogyne, se refuser à s’y intéresser d’après ce seul critère c’est faire preuve de connerie, tout simplement. Quand j’écoute un disque comme celui-ci, j’entends quelque chose de viscéral, de spirituel, quelque chose de torturé, et peu importe qu’il s’agisse de rap après tout, ne retenez que ce mot : torturé… Mélancolique et désabusé, A Healthy Distrust évoque un sentiment de frustration, de faiblesse face à la bêtise que rien ne fera plier, de rage intérieure qu’on répand comme de la chaux vive sur des samples écorchés. Ce que fait Sage Francis ? La guerre… seul contre tous, et contre lui-même. Armé de ses textes et soutenu par les instrus élégiaques et crus de ses potes Alias et Reanimator (entre autres) pour porter ses mots de la façon la plus juste. A Healthy Distrust, première signature sur Epitaph, s’inscrit dans la lignée de Personal Journals et créé en même temps une rupture avec ce dernier : plus personnel - justement -, plus introspectif, plus sombre encore, tout en étant plus facile d’accès et moins axé sur les expérimentations. Mais à côté de cette apparence à la fois délicate et volontiers dépressive par moments, striée de délires psychotiques et de salves anti-cons, c’est un disque fortement blues, à la fois intime et universel. Le blues, oui… dans le sens le plus pur du terme. L’ex MC du spoken word se pose des questions, il constate que bien de choses ne fonctionnent pas, ou plus, que certaines choses vont mal / font mal, et que c’est la bêtise qui fait le plus de dégâts ici-bas. Ainsi, avec "Gunz Yo", Francis n’hésite pas à balancer une salve meurtrière d’une rare justesse contre tous les gangsta-rappeurs de prisu et leurs clips foireux, comparant l’exhibition des armes à quelque chose de l’ordre du minable délire sexuel (« by the way i hold it (to the grill) - a homophobic rapper - unaware of the graphic nature of phallic symbols - tragically ironic, suckin' off each others' gats & pistols - I got more back issues than guns and ammo ») sur un ton rageur et amer, héritier de ce qu'on nommait "rap conscient" il y'a quelques années. Oh oui Francis, je te comprends va : tout ça est révoltant, dégoûtant, autant que le puritanisme du reste. Pourquoi les cons vont-ils toujours dans les extrêmes ? A-t-on vraiment besoin de s’exhiber avec des gros nibards et des Beretta chromés pour être rappeur ? C’est ce qu’un bon nombre d’abrutis semblent croire, aujourd’hui plus que jamais… Et a-t-on vraiment besoin de tout interdire sous prétexte que la masse trouve ça naze ? Bah non. Non ! En fait, les cons n’ont pas de limite… et c’est déprimant. Alors il faut se battre avec les mots, battre des ailes, battre des nageoires comme le petit poisson rouge que l’on est, prisonnier de ce grand aquarium rempli de merde. Il faut dire ce qu’on a sur le cœur, et quand on en a gros sur la patate comme toi mon Francis, c’est très douloureux… Je me plais à voir en A Healthy Distrust l’un des Edens les plus significatifs de l’intelligence que le hip-hop peut véhiculer quand il se déleste de tout bling-bling, de la personnalité unique de certains rappeurs. Une œuvre d’une grande ouverture d’esprit, qui n’a peur de rien, et exprime toute la frustration que Sage Francis ressent vis-à-vis du monde en général, de sa stupidité, mais aussi un aveu de faiblesse, de lâcheté : le combat continue, mais à l’intérieur, et en même temps, on a plus la force de se battre, on se résigne. Schizo Francis ? On est pas loin de le croire à l’écoute de l’album : les titres partent dans tous les sens sans perdre de vue l’objectif premier. En plus d'avoir un timbre et des intonations qui m'évoquent souvent KRS-One (on a vu pire comme comparaison), le flow de Sage est protéiforme : frémissant et bouillant de vie, haut perché, trébuchant, hésitant, grandiloquent, et athlétique, aucun débit de paroles ne semble pouvoir lui échapper, ce garçon rappe avec ses tripes, sur des instrus tour à tour mélodieuses, flippées ou torturées, avec par moments de fortes sonorités indus/electro. Il est capable de partir en vrille dans tous les sens et puis de se poser soudain sur le banc des losers, pour se lamenter un bon coup sur son sort… Car les femmes aussi ont piétiné le coeur de bébé Francis, et il en parle, notamment dans "Agony In Her Body". Sur le bouleversant "Sea Lion", le MC prouve une nouvelle fois sa grande ouverture d’esprit et convoque Will Oldham au chant et à la guitare, pour introduire et conclure un monologue poignant de sincérité, une véritable regard sur lui-même et ses échecs. Si le ton de l’album est assez noir et désespéré dans l’ensemble, le MC a plus d’un tour dans son sac et rappe sur tous les fronts, allant là où il veut et convoquant une pléiade de producteurs talentueux (Sixtoo, Danger Mouse) pour lui concocter des beats variés, émailler ses instrus de guitares sèches, de piano, de sons technoïdes flippés… Capable d’évoquer les plus croustillants délires des Beastie Boys ("Dance Monkey"), de la jouer plus posé ("Lie Dector Test") ou se plonger dans la mélancolie la plus poignante (les ballades pianistiques déprimantes "Crumble" et "Bridle", à s’en couper les veines), quand ce n’est pas dans un véritable flip sentimental et suicidaire ("Agony In Her Body"), Francis réussi un tour de force indéniable. Autant de bleus à l’âme pour mettre à nu un mal être évident, et une capacité à passer d’un style à un autre sans perdre de sa superbe. A Healthy Distrust est la grande œuvre de Francis, celle dans laquelle le MC, enfin libéré des contraintes artistiques de l’écurie Anticon, peut se enfin se livrer à un exutoire et prouver que le vague à l’âme peut être rappé sans sonner faux, clouant le bec à ceux qui pensent encore que hip-hop et tristesse sont incompatibles… Quand le disque s’achève sur un touchant hommage à Johnny Cash, dans lequel Francis se met à nu et chante seul accompagné d’une guitare sèche, on sait qu’il a été sincère et vrai jusqu’au bout. Avec cette Saine Méfiance, le bonhomme fait preuve d’une maturité exemplaire, déployant toutes les qualités qu’on est en droit d’attendre d’un rappeur en solo : intelligence, raffinement, vulnérabilité, excellence des samples, conviction, subversion, flow personnel et talent d’écriture. Le tout saupoudré de larmes et d’amertume, avec le parfum enivrant des fins de soirée en solitaire. Un rap charnel, colérique, poétique, écorché vif, chaud et caressant, à même la peau… Bien plus qu’un Personal Journals II, c’est un classique instantané qui synthétise tout ce que j’aime chez Sage et dans le hip-hop en général, une opération à cœur ouvert sur l’âme de ce MC. 6/6 sans appel.

note       Publiée le lundi 31 décembre 2007

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    Raven Envoyez un message privé àRaven
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    De rien mon petiot... Purée, une décennie entre deux coms ou pas loin ! En-tchuléééééééééés !

    Rendez-Moi2 Envoyez un message privé àRendez-Moi2

    Mon premier album de rap avec le Gravediggaz, et putain c'est toujours une claque. Buzz Kill en début explosif et peu d'instrus me rendent aussi ouf que Slow Down Ghandi. Merci à Raven (oui je suis mellow blablajvousmerde) pour m'avoir ouvert à cet horrible univers qu'est le rap <3

    Ignus Envoyez un message privé àIgnus

    A propos du dernier album Li(f)e: définitivement une déception. Y'a pas photo c'est clairement en dessous du niveau des dernières productions. Maintenant une fois qu'on a compris qu'on n'aura pas ce qu'on attendait, ca permet de réécouter l'album d'une oreille neuve. Et on finit par se rendre compte que le premier morceau Little Houdini est un des meilleurs titres qu'il a écrit, que les 2 derniers morceaux jouent aussi dans la cour des grands, et qu'en fin de compte une fois la déception passée le plat principal s'écoute très agréablement à défaut d'être réellement passionnant. Une de mes meilleures déceptions en fait... Ouais, moi aussi ca me fait bizarre d'écrire ca...

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    Neocreed Envoyez un message privé àNeocreed

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    Painkiller Envoyez un message privé àPainkiller

    J'ai pas dis que je trouvais ça mauvais, mais pour moi y manque un truc.

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