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Cage › Movies For The Blind

cd • 18 titres • 58:36 min

  • 1Morning Dips
  • 2Escape To 88
  • 3(Down) The Left Hand Path
  • 4Teen Age Death
  • 5Too Much
  • 6In Stoney Lodge
  • 7Probably Causes Paranoia (skit)
  • 8The Soundtrack
  • 9Among The Sleep
  • 10Agent Orange
  • 11Suicidal Failure
  • 12CK Won
  • 13Unlike Tower 1
  • 14Under Satans Authority (skit)
  • 15A Crowd Killer
  • 16The Right Out (skit)
  • 17Holdin' A Jar 2
  • 18Pussy, Money And War

informations

Août 2002.

line up

Cage (MC)

Musiciens additionnels : Necro (production - "Agent Orange")

chronique

  • underground > horrorcore

La mauvaise réputation, ça s’explique pas vraiment… j’ai toujours été surpris des critiques sur ce premier album de Cage, souvent féroces. Lui-même reniera cette période de sa vie, ayant vraisemblablement été manipulé. Le tort majeur serait-il le fait que le présent disque soit sorti chez Eastern Conference plutôt que chez Def Jux ? Movies For The Blind est juste un bon album, frais et accrocheur, moulé dans des prods assez quelconques mais porté par un le flow spécial de Chris Palko. Passé le cap de cette pochette qui a caressé le fanatique de John Carpenter que je suis dans le sens de la braguette, le hip hop prodigué par Cage se situe à la frontière du rap provoc et du flow torturé, toujours sur le fil… Blanc-bec du hip-hop underground new-yorkais, détracteur d’Eminem contre lequel il n’est jamais à cours d’insultes, le lascar fascine bien souvent plus par ses textes que par sa musique. Grand traumatisé d’enfance (c’est ce qui arrive quand on a, à 4 ans, un beau-père militaire qui s’amuse à se faire des fix d’héroïne, à jouer avec son flingue devant nous, et qui a le culot de s’appeler Bill Murray par-dessus le marché !), âme torturée et provocatrice peut être moins axée sur la misogynie que la plupart et davantage sur les déviances, Cage a de quoi intriguer, car son parcours reste assez différent des autres MC’s du ‘milieu’: ses plus grands traumatismes, il ne les a pas vécus dans la rue, mais dans des hôpitaux psychiatriques et des laboratoires scientifiques, servant de cobaye pour des tests de médocs qui le rendirent un poil plus malade qu'il ne l'était à la base, genre 'suicide et addiction au lithium', avant une période 'camisole de force et coups de latte dans les rotules', vous voyez un peu le genre. Y a assurément de quoi laisser des traces et forger un caractère spécial, ça c'est sûr... Alors quand on sait ça, on se dit que son flow va faire ressortir beaucoup de souffrance, que ça va être celui d'un malade, déglingué et taré de chez taré... Non, pas vraiment. Il a une voix limite fluette, très sournoise, et un flow nasillard, aigu et vicelard à situer entre B-Real et son célèbre ennemi Marshall Mathers, avec des intonations et une vitesse de frappe parfois impressionnantes. Malgré quelques baisses de régime, le gros s’en sort très bien, déclamant ses lignes féroces avec force tact et acharnement. Les instrus naviguent entre boucles passe-partout et samples technoïdes bien pompeux et cinématographiques comme on trouvait à la pelle à la fin des 90's début des 00's que ce soit dans l'undergound ou le mainstream : ainsi, des titres comme "Escape To 88" avec son riff metal, le g-funk tordu de "The Left Hand Path", "Unlike Tower" (avec Eon et Copywrite en renforts au mic), ou "Holdin’ A Jar" sont irrésistibles, tout comme "Crowd Killer" avec son introduction clin d'oeil aux Sex Pistols et son sample qui t'accroche le colback. Quand aux vrais pics de noirceur, ils ne sont pas nombreux et sautent donc aux oreilles assez rapidement… j’en vois deux : le terrible "The Soundtrack (to kill your stepfather)", sur lequel Chris Palko se réveille et lâche toute sa hargne et ses frustrations sur un sample létal et un beat pesant, et le climax de l’album, le mythique "Agent Orange", seul titre de l’ensemble qui puisse être considéré comme une véritable perle pour les aficionados de hip hop dégénéré, par ailleurs très connu du milieu underground bien avant la sortie de l’album: le thème générique d’Orange Mécanique samplé à la sauce Necro, sur lequel Cage déclame son texte le plus significatif et paranoïaque, plongé dans un délire de violence verbale à s'en décapiter des mésanges au massicot (le garçon – friand d’alter ego comme la majorités des MC’s - a pris l’habitude de s’identifier à Alex, le personnage principal du chef d’œuvre de Kubrick, compte tenu de ses expériences passées ; voir plus haut ou biographie complète pour de plus amples détails). Une petite tuerie dans laquelle certains cinéphiles reconnaîtront un extrait de la bande annonce de Shogun Assassin (la version américaine de Baby Cart) qui avait déjà été samplée par GZA sur l'intro Liquid Swords. Le reste de l’album donne plus dans le bateau, le ronronnement tranquille ("Teenage Death", "In Stoney Lodge", "Among The Sleep", "Suicidal Failure" et le dispensable dernier titre). En définitive, Movies For The Blind reste recommandable pour ceux qui voudraient appréhender Cage par le bon versant, le suivant (Hell’s Winter) étant à mon goût beaucoup moins fort. Soundtracks est un disque franchement pas dégueu pour peu qu’on s’intéresse au personnage, avec une tonne de lyrics torturés, provocateurs et inventifs. La condition nécessaire pour apprécier ce que fait Cage étant d'avoir une certaine fascination pour son univers intime tissé de paranoïa, d'egotrip minable et de frustration, celle de cet adolescent américain obèse gavé de mauvais soda et de séries B, recevant des mitrailleuses par colis postaux et attendant en rêvant le moment de pouvoir les utiliser au bahut.

note       Publiée le lundi 31 décembre 2007

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    commentaires

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    saïmone Envoyez un message privé àsaïmone
    avatar

    Left Hand Path est un super titre bordel

    E. Jumbo Envoyez un message privé àE. Jumbo

    Ouais, "Agent Orange" est vraiment géniale, j'ai jamais sauté le pas de l'album à cause de toutes les critiques négatives que j'ai pu lire, malgré sa superbe pochette... Une erreur que cette kro m'a convaincu de réparer au plus vite !

    Painkiller Envoyez un message privé àPainkiller
    Teenage death, girls want dick not words...
    Note donnée au disque :       
    erverg Envoyez un message privé àerverg
    Putain mais Agent Orange ... mais putain ... mais fuck quoi ... trop de la boulette !
    Painkiller Envoyez un message privé àPainkiller
    J'sais pas si il gagne financièrement à aseptiser sa musique, comme tu dis il perde les fans et les critiques de la première heure, mais y a-t-il un nouveau public par la suite ?
    Note donnée au disque :