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Franz Schubert (1797-1828) › Quintette pour cordes
informations
Sofiensaal, Vienne, Autriche, mars 1970.
Ce remarquable disque du quatuor Weller se termine par le Quartettsatz, un opus posthume non chroniqué ici.
line up
Quatuor Weller : Walter Weller (premier violon), Alfred Starr (second violon), Helmut Weiss (alto), Robert Scheiwein (violoncelle). Diertfried Gürtler (second violoncelle).
chronique
- romantique/musique de chambre
La mort dans l'âme... Difficile d'imaginer meilleure description de l'état d'esprit du compositeur viennois au moment où il écrivit ses ultimes chefs-d'oeuvre (qu'il n'entendit jamais, d'ailleurs) tant l'urgence, la tension, la détresse, semblent présider. Cette mort qu'il sait si proche, il la côtoie, la harcèle, la conjure, avant de s'y abandonner. Ce quintette en ut est son testament en matière de musique de chambre, composé après son dernier quatuor, deux mois seulement avant que le typhus ne le terrasse. Cette oeuvre de grande envergure, ambitieuse, Schubert s'y emporte sans jamais s'y oublier : il étire son discours sans le morceler ; la beauté, l'exaltation, l'émotion qui vous enserrent le coeur, ne laissent aucune place à l'impudeur ou à la facilité. Schubert reste malgré tout maître de lui-même - une maîtrise du vertige. Après une introduction triste et recueillie, une tension extrême survient et emporte l'auditeur ; la forme sonate se traduit par l'alternance entre ce tourbillon irrésistible et les moments de "détente", avec un thème d'une douceur et d'une beauté quasi-célestes. Ce va-et-vient incessant épuise l'auditeur tout au long du premier mouvement, tant la perfection avec laquelle il est mené lui laisse peu de répit. C'est un drame sans cesse recommencé, qui vous emmène à chaque fois au bord d'une nouvelle crise. Le deuxième mouvement est peut-être ce que Schubert a composé de plus poignant (ce n'est donc pas peu dire) ; si l'on comparait le quatuor "La jeune fille et la mort" à une ode funèbre, l'andante du quintette est quant à lui la description, pure et simple, de l'au-delà que le compositeur aurait déjà entrevu, pure et simple, c'est-à-dire dénuée de tout ornement et de tout superflu, essentielle ; les portes du paradis ouvertes pour vous, avec, au milieu, une descente dans le Hadès et dans les larmes. Tout commentaire est inutile. Le scherzo qui suit nous fait retomber sur terre en nous assenant des coups brutaux, avant que la violence ne se résorbe momentanément dans un trio central envahi par la lenteur et les ténèbres. Le mouvement ultime constitue en quelque sorte une sortie "par le haut", comme si le goût de vivre l'emportait finalement en urgence, mais cette impression n'est que passagère, tant les circonvolutions sournoises qu'il emprunte font réapparaître cette atmosphère sombre et pesante dont on n'a pu totalement se purger. Au final, je ne sais plus que dire : l'émotion prend à la gorge, et l'on se demande devant un tel achèvement, devant une telle beauté : comment est-ce possible ? Mais comment est-ce possible ?
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commentaires
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- boumbastik › Envoyez un message privé àboumbastik
Ce compositeur me fascine. Aucun ne m'émeut comme lui, ça confine à la résonance. Il passe de la douceur à la noirceur en 3 notes (peut-on parler d'arrangements en musique classique ?) pour bifurquer subrepticement vers la fougue ou la fraîcheur. Mon ressenti est peut-être biaisé mais il me semble qu'il n'en fait jamais trop, que ce n'est jamais démonstratif, ni dans le pathos ni dans la technique. Ses symphonies sont des modèles de simplicité et de grâce. 31 ans, putain...
- dariev stands › Envoyez un message privé àdariev stands
écouté en concert par le Quatuor Bela lors de leur répétition générale (pour un concert déjà annulé). Merci à eux, et merci au sieur A.Z.O.T.. Un quintette "violoncelles et ombres" (ai-je lu quelque part) ou la noirceur semble entremêlée avec l'espoir, la douceur, la franche énergie... Peut être le dernier concert avant longtemps. ( Et pendant ce temps, le commerce continue... ah, et la campagne électorale...)
- darkmagus › Envoyez un message privé àdarkmagus
En écoute en ce moment: j'adhère totalement à l'analyse de Trimalcion: cette oeuvre est profonde, intense, sans joliesse inutile, avec un deuxième mouvement à donner froid dans le dos, lent, très lent, la tristesse est dépassée, on est dans la résignation. Le quartettsatz non chroniqué est dans la même veine, avec cette idée constante de la mort et ses sursauts d'espérance qui sont la marque de Schubert, sombre et révolté.
- Note donnée au disque :
- Khyber › Envoyez un message privé àKhyber
Quintette vécu il y a deux jours... Magnifique!
- juj › Envoyez un message privé àjuj
- non, et perse-neige non plus - tremblez, gutsiens ...