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Earth › Earth²
informations
Produit par Earth - Enregistré en aout 1992 par Stuart Hallerman aux Avast Studios, Seattle, WA
Design : Jane Higgins
line up
Dylan Carlson (guitares), Dave Harwell (basse)
Musiciens additionnels : Joe Burns (percussions sur "like gold and faceted")
chronique
C’est en l’an de grâce 1993 que le Dieu larsen est revenu sur terre. Le drone-doom, dont les exégètes situent l’acte de naissance à la sortie de ce « Earth2 » (en réalité troisième sortie du groupe mais premier vrai album), était l’offrande de ce Dieu courroucé, qui, sept anges à ses côtés, balançai là des tables de la loi grandes comme des monolithes à la surface de cette pauvre terre. Et pourtant, point de souffrance ici. Le verso de la pochette nous montre Carlson en T-shirt Morbid Angel et Harwell en train de siroter son café du matin, tranquille les pieds dans la boue Seattle-ienne au-dessus de plusieurs inscriptions qui vantent « Earth2 » comme une sorte de miracle new-age qui met fin au stress du boulot pour de nombreux cadres esseulés… Mouais. Reste que ce disque n’en est pas moins un achèvement, une sorte d’absolu. Earth enregistre-là le maitre étalon, celui auquel se réfèrent tous les groupes qui
prétendent faire du "drone"... Mais qui a eu cette idée folle, me direz-vous, un jour d'inventer le drone ? C'est ce sacré Charlemagne Palestine ! (ça c’est fait). Ceci étant, Earth 2 n'est pas vraiment à "Extra-capsular" – qui passe à côté pour une petite crotte qui n’a rien compris aux infrabasses - ce que Led Zep II est à Led Zep I ; en fait, il aurait mieux fait de s'appeler Jupiter2 tant la démesure est ici de rigueur. Jupiter, paraît-il, est tellement énorme (le mot semble avoir été inventé pour l’occasion) que si d’aventure un être humain venait à l’approcher de près, il ne verrai plus que son immense mer de gaz, devant, à droite, à gauche, en bas, en haut… En dépit de la forme sphérique du machin. Vous saisissez l’angoisse du petit astronaute dès la première piste ? Carlson empile les riffs comme des couches de crème dans un mille-feuille, et on est juste en dessous. Right below. C’est si lourd et si gigantesque que si le monde explosait, on n’entendrai même pas un bruit de pet. Mais si Seven Angels est le morceau Drone-Doom parfait, la lourdeur guitaristique dans son incarnation la plus massive, que dire de la suite ? Sorte de cocon velouté pour les hallucinations les plus insidieuses, les deux autres morceaux, d’une demie heure chacun, empoignent le marteau céleste pour nous enfoncer dans les entrailles de la terre. Tel Samus Aran pénétrant dans Norfair, nos entrailles à nous frémissent tandis que les vibrations se font plus sourdes, plus étrangères, indiquant l’avancée de notre descente au cœur de la croûte terrestre. Sous nos pieds, le magma en fusion palpite tel un cœur liquide. La roche, les riffs expansifs mais solides de Seven Angels fondent désormais sous nos yeux, et deviennent ce grondement sourd et continu, ce drone, ce bourdonnement entraperçu à la fin d’Ouroboros is Broken, mais aux dimensions désormais décuplées. Ce que nous croyions être grand n’était que la chose vue de loin. Se peut-il que la terre recèle l’enfer on son sein ? Ou bien est-ce-nous qui n’avons rien compris, choqués devant le cœur même de notre planète, qui nous apparaît hostile et inconnu ? Et la descente se poursuit… Si les plis et replis de « Teeth of Lions » cachaient bien quelques variations subites et tétanisantes, « Like gold and faceted » semble avoir tendu la couette jusqu’à en faire disparaître le moindre froissement. Nous sommes pris dans une lente coulée marécageuse et arthritique, misérables créatures incapables de lutter face au coulis de lave déversé en guise de déluge par le Dieu larsen. Pas d’arche de Noé pour les faibles. Mais, outre ces percussions disséminées en écho au EP précédent, n’entendons nous pas une sorte de montée, comme si les sons étouffés derrière le ronflement infini s’échelonnaient en escalier ? Comme pour Extra-Capsular Extraction, c’est la dernière piste qui va trop loin, et exagère le truc jusqu'au point de non-retour... un point de fuite qui s’évanouit quelque part dans le ciel de plomb de la pochette. Cette pochette, d’ailleurs, n’est-elle pas la clé du mystère ayant toujours entouré cet objet (de) culte ? On peut aussi voir Earth2 comme un message écolo, et ainsi interpréter ces fulgurances arrachées à la guitare de Carlson, de plus en plus présentes à la fin de Like Gold… (quoique bien planquées dans le mix) comme un cri… Le cri de la planète. Meurtrie, elle vous permet de descendre en son magma, son sang, pour mieux vous exposer sa blessure. Ceux qui ont déjà entendu la parole du vieux Bungenhagen sauront de quoi je veux parler… Mon overdose d’interprétation suffira, je l’espère, à vous convaincre des trips phénoménaux que peut entraîner l’écoute de cet album ultime. A ranger entre l'infinie voûte bleue et la savane jaunie, sur votre étagère ou il sera bientôt le seul.
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- Fryer › Envoyez un message privé àFryer
Parfait avec ces chaleurs
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- Thirdeye › Envoyez un message privé àThirdeye
Pour une première écoute, difficile de rentrer dedans.. peut-être le moins accessible ?! Aucune idée.. En essayer un autre oui (celui-ci une réécoute dans de meilleures dispositions..)
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- Rastignac › Envoyez un message privé àRastignac
Les basses à fond, en bermuda, t'as les poils qui font le porc-épic, ça masse bien quand t'es coincé dans les bouchons.
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- Demonaz Vikernes › Envoyez un message privé àDemonaz Vikernes
Pendant le pic QOTSA on parlait beaucoup des disques qui passent bien en bagnole. Ben celui là est en tête de liste.
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- Raven › Envoyez un message privé àRaven
Passeportsanté.net. Mal de tête ? "Like Gold And Faceted" !
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