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Japan › Tin Drum

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ProgPsychIndus      jeudi 3 novembre 2022 - 13:57
M.20sangs      samedi 16 avril 2011 - 00:42
Aladdin_Sane      mercredi 26 septembre 2018 - 13:53
Walter Smoke      dimanche 19 octobre 2014 - 05:27
novy_9      jeudi 10 janvier 2013 - 18:35
jeanfi      mardi 19 février 2008 - 10:52
EyeLovya      mardi 14 février 2017 - 17:30
E. Jumbo      lundi 17 janvier 2011 - 20:53
Seijitsu      lundi 26 décembre 2016 - 10:13

cd • 8 titres

  • 1The Art Of Parties
  • 2Talking Drum
  • 3Ghosts
  • 4Canton
  • 5Still Life In Mobile Homes
  • 6Visions Of China
  • 7Sons Of Pionneers
  • 8Cantonese Boy

informations

1981

line up

Richard Barbieri (claviers), Steve jansen (batterie), Mick Karn (basse), David Sylvian (chant)

Musiciens additionnels : Simon House (violon)

chronique

  • néoromantique insolite

Un groupe anglais qui s’appelle Japan et qui fait un album évoquant la Chine, c’est rigolo non ? Moi je trouve ça rigolo. Pas facile de parler de Japan et de sa new wave absurde enrichie en minimalisme (le fait d'être enrichi en minimalisme, déjà, c'est louche). Resituons donc la chose avant de se confronter au cas Japan par le versant délicat. Dernier opus de la formation culte de David Sylvian, paru après le départ du guitariste Rob Dean, Tin Drum pourrait synthétiser l’aboutissement de l’esthétique Japan, une sorte d’évolution vers un rock de plus en plus synthétisé et théâtral, poussé dans ses retranchements les plus insolites. En fait, la pop roxisante du groupe prend avec Tin Drum sa forme la plus déconcertante et fascinante : les influences asiatiques évidentes dans les mélodies se fondent dans le feeling british, les silhouettes de Bryan Ferry et de Ryuichi Sakamoto se mélangent, planant au-dessus de compositions louches, impossible à cerner. (On se demande d’ailleurs si l’affiliation du groupe avec le Yellow Magic Orchestra n’aurait pas quelque peu donné des idées à Sylvian pour ce disque, plus encore que les voyages en Asie… en fait, c’est une évidence : oui). En tout cas difficile de ne pas rester de marbre aux premières écoutes de cet album déconcertant, à la beauté plus que mystérieuse mais opaque. Il faut du temps pour savourer tout ça, oui, à défaut d’y piger quoique ce soit, le portrait évoque les balbutiements de débilité mentale en camisole autant que la beauté dépouillée d'une cérémonie du thé en kimono. Japan est-il en kimonole ? L’émotion est capricieuse, les structures sont répétitives à souhait, les instrumentations aussi sobres qu’absconses. Autant d’ombres chinoises pour autant de pistes… Le magnifique "Ghosts", sans conteste le titre le plus fascinant de l’album, symbolise tout ce charme paradoxal : à la fois complexe et minimaliste, autiste et exacerbé, émaillé de sonorités froides et opaques, de bidouillages divers, sons de cloches et tonalités abstraites, ce titre évoque une peur nonchalante dont les échos résonnent encore longtemps après son écoute. Un pur moment sombre et expérimental à savourer tout nu, accroupi, en sirotant une infusion de myrtille face à un Kandinsky passé à l’eau de javel. La voix de Sylvian, si singulière, rappelle toujours celle de Bowie par moments. Mais le côté détaché et calculé est de mise, et les textes qu’il chante restent infranchissables: autant de slogans intimes collés les uns au bout des autres, autant de clichés volontaires et mis à nu, qui s’étalent sur des compos barrées en couille dans leurs sonorités mais toujours carrées dans leur construction, avec un travail admirable dans la mise en place des rythmiques. Les audacieux "The Art Of Parties" (un discofunk sous perfusion de polystyrène ? Un trip festif lobotomisant ?) et "Still Life In Mobile Homes" qui laissent couiner une guitare délicieusement frippienne et dont certaines sonorités m’évoquent Modern Dance de Pere Ubu, ou l’arabisant "Talking Drum", les errances mongoloïdes de "Son Of Pionners", avec cette ligne de basse penaude et ses splashs discrets, ou les sublimes instantanés schizo-chinois "Cantonese Boy" et "Canton". Tous les titres de Tin Drum déconcertent et fascinent, dans toute leur personnalité insaisissable : ils passent sans marquer et puis un beau jour vous restent collés aux synapses. Ne cherchez pas, de but en blanc, à comprendre, ne cherchez pas à saisir quelque chose là-dedans, ce serait vain. Laissez la musique s’exprimer, laissez-la conter ses histoires surréalistes, laissez-la vivre, même si elle vous semble trop neuneu pour mériter plus qu’une simple écoute distante. Il y’a fort à parier pour que vous finissiez par succomber à ses charmes sinoques. Entre abstraction formelle et lyrisme impassible, sophistication et retenue, nonsense et lyrisme pop, Tin Drum dégage un charisme unique, étrange, insondable, derrière ses troubles obsessionnels compulsifs et ses plif-ploufs vraiment toc-toc (cherchez pas à comprendre j’ai dit !). C’est un disque intelligent dans sa bizarrerie, sa production épurée et limpide, son grand raffinement, un disque qui ne semble – à son époque – n’avoir qu’un seul concurrent à peu près plausible dans ce registre new wave/pop/rock/world d’une grande richesse : les Talking Heads, au travers de leur diptyque culte, dont Tin Drum semble être le lointain cousin introspectif… Les motifs de ce disque, répétés en différentes couleurs comme des sérigraphies warholiennes, évoquent quelque chose d’impossible, ce que pourrait être un voyage popisant dans un monde bizarroïde, fait de porcelaine et de sourires en demi-teinte, quelque part entre un Pékin monochrome et une chambre capitonnée dans laquelle quelques malades déguisés en soldats de l’Armée Rouge organiseraient une cérémonie du thé avec des gobelets en plastique remplis de lait fraise. C’est aussi une sphère électronique dans laquelle les fragments de vie mécanique brillent par leur immobilisme, leur esthétique glacée et opaque, un monde où les petits chinois que nous sommes se retrouvent transformés en Lego, hantés par les fantômes de leur vie (qui "soufflent plus fort qu’avant") mais prisonniers de leur corps en plastique rigide, condamnés à sourire niaisement pour le bonheur des enfants... C’est beau, un chinois en plastique.

note       Publiée le lundi 17 décembre 2007

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    Aladdin_Sane Envoyez un message privé àAladdin_Sane

    C'est vrai que c'est "beau un chinois en plastique", c'est aussi sophistiqué et raffiné (ne serait-ce que "Ghosts"). Je n'avais pas encore écouté jusqu'à présent le précédent ("Gentlemen...") qui est très bon également.

    Note donnée au disque :       
    Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan
    avatar

    C'est dingue comme il me fait penser à Dali's Car, voix y compris...Peut-être l'album le plus complexe de Japan, je l'ai trop négligé. Je vais le dévorer tout cru, je le sens...

    mangetout Envoyez un message privé àmangetout

    Ah ah, très bon !

    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
    avatar

    Alors mai 2006 = il y a dix ans. Ceci nécessite un imparfait, utilisé pour décrire un état dans le passé.

    mangetout Envoyez un message privé àmangetout

    @Dariev : cf. dans les commentaires en mai 2006 : http://www.gutsofdarkness.com/god/c...

    Comme quoi je ne suis pas qu'un vieux con qui rumine son passé.