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Franz Schubert (1797-1828) › Winterreise

24 titres - 71:22 min

  • 1/ Gute Nacht (5:38) - 2/ Die Wetterfahne (1:46) - 3/ Gefrorne Tränen (2:37) - 4/ Erstarrung (2:58) - 5/ Der Lindenbaum (4:41) - 6/ Wasserflut (4:10) - 7/ Auf dem Flusse (3:45) - 8/ Rückblick (2:26) - 9/ Irrlicht (2:33) - 10/ Rast (3:02) - 11/ Frühlingstraum (4:00) - 12/ Einsamkeit (2:53) - 13/ Die Post (2:20) - 14/ Der greise Kopf (3:03) - 15/ Die Krähe (2:00) - 16/ Letzte Hoffnung (2:15) - 17/ Im Dorfe (3:02) - 18/ Der stürmische Morgen (0:52) - 19/ Täuschung (1:34) - 20/ Der Wegweiser (4:08) - 21/ Das Wirtshaus (4:28) - 22/ Mut ! (1:25) - 23/ Die Nebensonnen (2:37) - 24/ Der Leiermann (3:09)

informations

Ufa-Studio, Berlin, Allemagne, mai 1965

line up

Dietrich Fischer-Dieskau (voix), Jörg Demus (piano)

chronique

"Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ; / Adieu, vive clarté de nos étés trop courts ! (...) Tout l'hiver va rentrer dans mon être : colère, / Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé..." Je ne vois que la première partie de "Chant d'automne" de Baudelaire pour produire un écho poétique assez juste à ce terrible et bouleversant "Voyage d'hiver", cycle de lieder que Schubert compose un an avant sa mort. Bien sûr, il semble toujours si facile, pour louer une oeuvre, de mythifier son caractère romantique en narrant les circonstances dans lesquelles elle fut composée. Pourtant, en ce qui concerne Schubert en particulier, il n'y a pas moyen de l'éviter, cela est appelé par la musique elle-même, d'une manière impérieuse, absolue. Schubert est gravement malade, proche de la mort ; il le sait. Jamais son inspiration n'a été aussi vibrante, aussi habitée. Chacun de ses derniers chants du cygne (pour reprendre le titre d'un autre cycle tardif), "La jeune fille et la mort", le quintette en ut, ou ce Voyage, est un affrontement renouvelé avec la mort. Vaincu d'avance, et pourtant jamais à cours d'espérance, Schubert utilise ici un cycle du poète romantique Wilhelm Müller : "Larmes gelées", "Engourdissement", "Regard en arrière", "Solitude", "Dernier espoir", "Les soleils fantômes"... course à l'abîme, ou plutôt au néant, variations infinies et subtiles sur le malheur, le poème conte l'errance d'un homme qui abandonne tout, au coeur de l'Allemagne enneigée, va de village en rivière à travers la bise glacée ; on l'imagine, dénué de tout, mourir finalement de froid au son d'une vielle. Déambulation glacée et allégorique, extases devant des paysages uniformément blancs, sentiment infini de détresse, de déréliction, quel que soit le sens que l'on donne à ce "Voyage d'hiver", il reste en écho un chant, profond et doux, rythmé par les inflexions d'un piano tout en retenue et en nuances. "Mainte larme de mes yeux est tombée dans la neige ; ses flocons glacés absorbent avidement ma peine brûlante." Les vingt-quatre chansons du cycle sont autant d'étapes d'un chemin de croix qu'il serait vain de vouloir distinguer l'une de l'autre, tant les lamentations de cette partition simple, sublime, sont recouvertes d'un voile uniforme de tristesse, percé çà et là par un rayon de soleil, mais un soleil d'hiver, froid, prisonnier de son enfer polaire. Cela vous atteint presque physiquement : "J'ai vu trois soleils dressés dans le ciel, je les ai longuement contemplés ; ils demeuraient là fixement comme s'ils ne voulaient pas me quitter. Ah, vous n'êtes pas mes soleils ! Regardez donc les autres en face ! Oui, j'en avais bien trois il y a peu, mais les deux meilleurs sont tombés. Puisse le troisième choir à son tour ! Je me sentirai mieux dans l'obscurité."

note       Publiée le dimanche 16 décembre 2007

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    necromoonutopia666 Envoyez un message privé ànecromoonutopia666

    Wow, j'avais une version avec Matthias Goerne de ce cycle de de lieder ben franchement je ne sais pas si je l'écouterai à l'avanir.Fischer-Dieskau Est absulement boulversant, une tristesse palpable et absolue se dégage de sa voix, tout en evitant ne serait ce qu'une seconde le "dégoutant pathos" dont parle Ellington."le bonheur d'être triste" dans ce qu'il a de plus touchant et sincère. Quant aux lieder eux même, celà va de soit, ce sont mes préférés(avec le chant du cygne)tant l'alchimie entre la musique et les paroles est parfaite. Un cycle qui doit, à mon avis, doit être l'une des plus belles oeuvres pour voix de tous les temps. Ecouter Die Winterreise et mourir en quelque sorte.

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    ellington Envoyez un message privé àellington

    Si le chroniqueur avait choisi Hans Hotter , il aurait vécu un voyage moins éprouvant.Hotter, autre grand baryton historique, est un conteur avant tout , un bon vivant amoureux de la terre et des hommes.La perte n’est pas inéluctable pour lui, Schubert n’est plus le musicien de la désolation, mais de la peine surmontée.Comme Bergman , il fait son « Fanny et Alexandre » puis passe à autre chose. J’aime sutout voyager avec Brigitte Fassbaender, un peu moins d’attention au texte , une ligne musicienne incomparable , la voix belle et grave d’ un violoncelle .Une femme avec un soupçon d’ironie face aux hommes faibles et éplorés.De quoi plaire aux gutsiens en guerre contre toute trace de dégoutant pathos.

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    ellington Envoyez un message privé àellington

    Je ne connais pas le chroniqueur, mais j’imagine quand même que sa belle rèverie ( un peu macabre ) ci –dessus eut été tout autre s’il avait décidé de faire le « voyage » avec Hans Hotter ou Peter Pears plûtot qu’avec Dietrich Fischer-Dieskau .Car cette œuvre est à mon avis celle ou , par excellence, l’on doit se remettre entre les mains d’un interprète , qui va lui donner toute sa couleur et sa signification pathétique .Le chemin n’est pas balisé. Le voyage d’hiver n’est pas obligatoirement ce périple désolé vers la mort, en tout cas pas à ce point..C’est Fisher-Dieskau. qui vous emmène sur une évocation intellectuelle du chagrin amoureux ,ouvrant les vannes du souvenir pour tout un chacun.Un drap blanc ou nous projetons nos histoires . Son chant est la quintessence du chant civilisé, retenu , réflechi et mélancolique.

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    ellington Envoyez un message privé àellington

    Merci pour le bon de sortie, cher maitre. Je vais attendre un peu avant d'en remettre une couche sur Boulez, mais écrire un com sur fisher-dieskau,ça me démange.

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    Sheer-khan Envoyez un message privé àSheer-khan
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    Ah mais tu as parfaitement le droit de parler de l'interprétation, hein? C'est la chro, majoritairement, qui se focalise surtout sur l'oeuvre elle-même... mais libre à toi d'exprimer ton avis sur Fisher-Dieskau, mais aussi sur Boulez, sur Herreweghe etc... après si même ton vote veut également porter sur l'interprétation et non sur l'oeuvre (genre 2/6 à la 5ème de malher), c'est ton droit... ça fait bizarre, mais c'est ton droit; mieux vaut bien préciser alors que ta note porte sur l'interprétation pour éviter les confusions...