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Hector Berlioz (1803-1869) › Symphonie Fantastique
5 titres - 56 min
- 1/ Rêveries-Passions (Largo-Allegro Agitato Ed Appassionato Assai) (15:16)
- 2/ Un Bal (Valse: Allegro Non Troppo) (6:14)
- 3/ Scène Aux Champs (Adagio) (17:06)
- 4/ Marche Au Supplice (Allegretto Non Troppo) (6:47)
- 5 / Songe D'Une Nuit De Sabbat (Larghetto-Allegro-Ronde Du Sabbat: Poco Meno Mosso) (9:53)
informations
Sir Colin Davis (direction), Orchestre du Concertgebouw d'Amsterdam
Le titre original de l'oeuvre est 'Épisode de la vie d’un artiste'. Elle a été composée en 1830 mais a été retouchée jusqu'en 1845. Etant un peu fétichiste, j'ai une préférence pour la version vinyle, avec ses imperfections et ses craquements qui ajoutent une trame vivante et hantée à la musique, notamment pour ce type d'oeuvre. Cela n'engage évidemment que moi, et les récentes rééditions en CD sont là pour combler ceux qui ne partagent pas cet avis. Quant à l'interprétation, celle de Sir Colin Davis reste une référence évidente, comme pour la plupart des oeuvres de Berlioz.
chronique
- romantique/musique à programme
Voici l’histoire d’un jeune homme impétueux, emporté, passionné – un vrai romantique. Un de ces hommes qui passent des années à rêver ou courir après une femme entrevue un soir. Et qui ira jusqu’à écrire une symphonie et la jouer devant elle pour la conquérir. Et cette histoire, mes amis, c’est celle de la Symphonie Fantastique, ce monument sombre et expérimental dont les thèmes les plus connus sont ancrés à jamais dans l’inconscient collectif, au même titre que les symphonies de Beethoven dont l’influence, tout comme l’affranchissement, sont évidents. Le jeune Berlioz, âgé de 27 ans, dramatisera sa bouleversante rencontre avec Harriet Smithson dans une mise en abyme orchestrale et délirante ; véritable œuvre psychédélique avant l’heure. Il s’invente un alter ego, sensible et tourmenté, qui s’éprend d’une dame – l’idée-fixe – et qui n’aura de cesse de réapparaître dans le premier mouvement, lumineux et vivant mais sans cesse hanté par cette présence qui influencera chaque facette de son spectre émotif. Cette obsession hantera le ‘Bal’ de la seconde partie, figurant l’artiste dans les affres de la vie quotidienne, ici racontée avec une force descriptive toute romantique que l’on retrouvera notamment chez Richard Strauss. L’errance de notre homme finit par le mener à une scène pastorale, de transition dirons-nous, où il observe au loin deux pâtres tandis que le silence et la nuit absorbent les derniers bruits du monde humain. Ses troubles et ses noires pensées le pousseront à ingurgiter de l’opium, pas assez pour se tuer mais bien assez pour nous faire vivre le premier ‘bad trip’ musical, comme le disait Bernstein. Et un ‘bad trip’ à la Berlioz, ça ne se fait pas dans la finesse. Comme en attestent les caricatures d’époque qui le montrent tel un Chateaubriand ébouriffé et déchaîné au milieu d’une foule de malheureux qui se couvrent les oreilles en hurlant. C’est qu’il avait le cœur d’une femme à conquérir, et cela valait bien tous les excès ! Pour lui en mettre plein la vue, Berlioz s’approprie l’écriture de Beethoven en y ajoutant une immense part de ses tempêtes intérieures – la symphonie est imparfaite, boursouflée, terrible et insatiable ; elle devient une force libre, déchaînée – elle est Passion. Revenons à notre artiste donc, qui sombre dans un cauchemar où il se projette l’assassinat de sa bien aimée (Eros et Thanatos, que demander de plus), puis son exécution, le passage de son cortège funèbre et enfin une dernière vision de l’idée fixe, avant le terrible final au milieu des sorcières qui voit son idée transformée, devenue grotesque, emportée dans une terrifiante danse de monstres autour d’un feu maléfique – le sabbat, qui ne laissera aucune issue au héros, parachevant son voyage sur une sordide parodie du Dies Irae, d’une implacable violence, et mélangé à la ronde qui n’en finit plus de tournoyer autour de sa pauvre âme damnée. Pour tout dire, la symphonie n’a même pas besoin de programme – elle parle pour elle-même. Le champ expressif est inépuisable, depuis l’extase initiale jusqu’à son inversion finale – elle couvre toutes les passions et leurs excès, aussi insensés et intarissables que la folie mystique qui pousse les illuminés à composer jusqu’à faire apparaître Dieu en musique. Lorsqu’il jouera pour la seconde fois la Symphonie Fantastique à Paris en 1832, cette fois devant Harriet, il ne manquera pas de l’impressionner en y participant lui-même. Elle répondra finalement à ses avances et l’épousera un an plus tard, après un jeu de séduction et de chantage (il tentera de s’empoisonner devant elle) et avant une lente et tragique déception – mais ceci est une autre histoire…
note Publiée le dimanche 16 décembre 2007
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- julius_manes › Envoyez un message privé àjulius_manes
Avis un peu mitigé pour cette "Symphonie fantastique" : je trouve ça assez "laborieux". Tout ça pour une donzelle avec laquelle c'est parti en sucette (comme quoi, moins on en fait avec les femmes, mieux c'est).
"Berlioz reprend à son compte la fascination exercée par les premiers romantiques dont la 5ème symphonie de Beethoven" : je l'ai réécoutée pas plus tard qu'hier la 5ème et y a pas photo quand même : l'élève Berlioz reste ici en dessous du "maître" (bon, pour un gars de 27 ans, c'est quand même pas mal). Après, c'est toujours sympathique de retrouver le thème d'ouverture de Shining (le "Dies irae" du 5ème mouvement)... Ne boudons pas notre plaisir.- Note donnée au disque :
- Painkiller › Envoyez un message privé àPainkiller
- Fantastique !
- Note donnée au disque :
- Solvant › Envoyez un message privé àSolvant
- Berlioz ne pouvait être que Grandioz !
- Note donnée au disque :
- empreznor › Envoyez un message privé àempreznor
- Belle surprise que cette chro. Le 5eme mouvement est incroyable selon mes souvenirs....trop lointains.