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The Jesus Lizard › Blue

cd • 12 titres

  • 1I Can Learn
  • 2Horse Doctor Man
  • 3Eucalyptus
  • 4A Tale Of Two Women
  • 5Cold Water
  • 6And Then The Rain
  • 7Postcoital Glow
  • 8Until It Stopped To Die
  • 9Soft Damage
  • 10Happy Snakes
  • 11Needles For Teeth (Version)
  • 12Terremoto

informations

Produit par Andy Gill.

line up

Duane Denison (guitares, claviers), James Kimball (batterie), David Wm. Sims (basse, claviers), David Yow (chant)

chronique

On arrive à la fin… Pure fut la première décharge post-Scratch Acid, Head le premier tesson éclaté en pleine poire, Goat la danse de l’ivrogne, Liar le pic de violence incontrôlée de l’éméché, Down l’instant de larmes et de blues au moment de la chute dans le caniveau, Shot le lendemain de cuite aux accents de frustration et de rage froide… Blue garde en lui le souvenir de ces albums, mais ne joue plus sur les devants. Bien propre sur lui, en apparence du moins, ce disque me fait penser au mec sur le tube d’émail diamant. La magie du blanc… sur un corps jadis roué de coups et vautré dans son vomi, qui désormais apprend à marcher droit avec son nouvel éducateur. On perçoit encore quelques relents des albums précédents ("Cold Water" et le bondissant "I Can Learn" avec ses dissonances, ou l’insidieux "Until It Stopped To Die") mais dans l’ensemble le ton est plus feutré, plus raide aussi, bien que toujours faisandé sous son blouson imitation cuir. Un pur disque de vieux quoi. La présence du Parrain Andy Gill (ex guitariste des mythiques Gang Of Four) n’y est bien sûr pas étrangère : on lorgne vers les heures de gloire perdue du punk, on évoque les vieux standards du rock indé de la grande époque, on fait dans le post-noise rock lifté aux cachous Lajaunie. Mac Neilly est parti (snif), les deux guitaristes semblent avoir été calmés, voire bridés, la production sonne faiblarde par rapport à celle de Shot, plus coulante et sans égratignures, horizontale. Les riffs n’ont plus rien d’agressif, la basse ronronne sagement, le nouveau batteur fait dans le feutré rigoureux… Mais il y’a David. L’équation est donc tronquée… Les deux ex-taulards repentis s’invitent à la soirée karaoké des conscrits du village, traînant leur pote éméché comme un boulet et essayant – en vain – de faire en sorte qu’il ne gâche pas la fête. Raté. On ne dompte pas la bête indomptable, fusse-t-elle dans l’optique de changer quelque peu, ou désireuse de suivre les lignes et de jouer les bons samaritains. Y’a toujours un Yow pour en cacher un autre, c’est ce que Down et Shot auront appris aux naïves petites musaraignes que nous sommes : David va donc se donner en spectacle au grand dam du bon goût recherché. Au menu de ce chant du dindon alcoolo : hard rock et vieux punk, post-noise rock lessivé et présence de synthétiseurs en guest star - si irritants aux yeux ces frileux de puristes - étalés à de rares endroits pour le pire du meilleur comme pour le meilleur du pire. D’emblée, il y’a un titre qui saute aux oreilles, qui sonne comme quelque chose de nouveau : "Eucalyptus", avec son ambiance synthés nineties + basse groovy, bien stylé Faith No More meets Living Colour, distille quelque chose de funky et d’insidieux, de vicieux même, malmené par les « aaaall alooone » de tonton David. Les autres titres de cet opus pètent dans plusieurs directions sans trop nous malmener, toujours sous le signe de la déviance contrôlée, avec ce feeling sage et fluide qui masque une propension naturelle à la folie et aux débordements de fureur. Aspergé d’eau de Cologne et de patchouli, David vieillit de la même façon qu’Iggy Pop : en s’adoucissant sans perdre son côté faisandé. Il essaie de se tenir tranquille, tant bien que mal, il essaie de ne pas peloter le cul de ta femme, de ne pas renverser son gobelet de sangria sur ton veston, de tenir le toast au guacamol sans trembler, mais le regard ne trompe pas : il bave, le sevrage n’a pas fonctionné, la trace de pisse dans le jean Complices laisse augurer une hypothétique bastonnade qui (mal)heureusement ne surviendra pas. "Postcoital Glow", catchy, avec son refrain irrésistible, restera comme un standard, tandis que le peinard "Happy Snakes", qui ressemble à un vieux tube de Twisted Sister chanté par un Yow protéiforme dans son trip, ne laissera qu’un souvenir sympathique, même topo pour la majorité des autres chansons, dont la faute de goût totale, l’horrible tête à claques "Needles For Teeth (Version)", avec son gimmick poppy bien putassier qui pourra passer en boucle dans un salon Jean-Louis David (oh oh) sans flétrir la permanente des grognasses, et "Soft Damage" sur lequel David improvise un chant limite hip-hop (yow brotha !). Les riffs de Denison sur la plupart des titres sonnent plus punk old school ou hard rock que noisy comme avant, le guitariste semble puiser son ‘inspiration’ à la source des classiques Ramones ("And Then The Rain") quand ce n’est pas dans le vieux rock de barbus ("Horse Doctor Man"). "A Tale Of Two Women" reste le moment d’émotion de l’album, avec son refrain à la nostalgie piquante, qui évoque le souvenir de "Best Parts". Complètement beauf et vicié par des sophistications à deux balles, Blue restera comme l’album crapuleux des Jesus, le disque par lequel on achève l’aventure en jouant l’arlésienne en toc, en essayant de suivre les lignes avec le doigt. Assurément, il mérite sa sale réputation. Mais pas pour les raisons invoquées par les puristes : Jesus Lizard est resté Jesus Lizard jusqu’à la fin, la moindre des choses qu’on pouvait attendre d’eux. J’ai une tendresse indiscutable pour ce disque maladroit, qui ressemble au testament touchant d’anciens fous furieux devenus vieux beaufs à moustache et lunettes fumées, à peine bons à draguer les veuves alcooliques de la banlieue au volant de leur break Volvo, la Craven ‘a’ au bec, l'allure Poelvoorde, la moustache bien coiffée et le souvenir des années de gloire noyé dans l’aspirine et le rosé en cubi…

note       Publiée le jeudi 13 décembre 2007

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    Note moyenne        6 votes

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    Harry Dickson Envoyez un message privé àHarry Dickson

    Fin de partie.

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    necroproject Envoyez un message privé ànecroproject

    Mon Dieu, un mauvais Jesus Lizard ! C'est une catastrophe ! Il y a même quelques titres pourris, un scandale assurément. Et qu'est-ce que c'est que cette production formatée comme une clef USB neuve ? Et pourquoi le chant de Yow me fait-il parfois penser à celui de Johny Rotten... Pourquoi, pourquoi, pourquoi, pourquoi...

    Ca lui coûtera une boule, tiens ! Les temps sont durs, mes oeufs aussi.

    Note donnée au disque :       
    Dun23 Envoyez un message privé àDun23

    Écouter et boire...

    nicliot Envoyez un message privé ànicliot

    Boire et écouter...

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    juj Envoyez un message privé àjuj
    j'ajouterai, pour paraphraser les comms sur cet album éparpillés aileurs, que cet album porte chiément bien son nom : pas du blues certes, mais le blues (celui qu'on got) qui affleure de partout, le blues dans la foule et les rires d'un repas de mariage, le blues qui t'exclut de tout, le blues qui vicie tout de sa giclée de musc, et qui menace, toujours, de brusquement se soulager sur la belle nappe et les sympathiques conversations ; certes, il n'explose jamais dans toute sa méchanceté explicite, sur la durée du disque, mais on le sent d'autant plus mouiller le fond de la gorge et on a tout loisir de le déguster jusqu'à la fin, et comme Jean-Louis on se retient de glapir à la mort
    Note donnée au disque :