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The Jesus Lizard › Shot

cd • 13 titres

  • 1Thumper
  • 2Blue Shot
  • 3Thumbscrews
  • 4Good Ridance
  • 5Mailman
  • 6Skull Of A German
  • 7Trephination
  • 8More Beautiful Than Barbie
  • 9Too Bad About The Fire
  • 10Churl
  • 11Now Then
  • 12Inamorata
  • 13Pervertedly Slow

informations

Enregistré en 1995. Produit par GGGarth Richardson.

line up

Duane Denison (guitare), Mac McNeilly (batterie), David Wm. Sims (basse), David Yow (chant)

chronique

  • noise rock pour gueule de bois

Changement de costume. David Yow et ses trois Mc Gyver quittent Touch & Go et passent aux mains de Capitol, laissant derrière eux le sculpteur de leur son, leur père protecteur ‘bigleux black’ Albini, qui préfère ne pas pactiser avec l’ennemi. C’est GGGarth Richardson (RATM, Melvins) qui s’occupe d’eux à présent. Et ça change quoi ? Dans l’immédiat, la production sonne plus puissante qu’auparavant, moins crasseuse, plus carrée, plus rigide, plus ‘in your face’, préférant miser sur l’impact réel tout en assurant les enjolivures. La batterie est légèrement mixée en retrait sur la plupart des titres, mais la basse et la guitare sont toujours à l’honneur, envoyant la sauce avec aussi peu de retenue qu’avant. Malgré les reproches souvent entendus au sujet de la signature du groupe sur Capitol (production trop mainstream, trop propre sur elle) rien n’a donc fondamentalement changé, si ce n’est l’impact du noise rock façon JL, qui a atteint son degré de maturité blues sur Down et qui, ici, donne plus dans la hargne froide, avec un son plus clean certes, mais toujours autant de bosses et de bleus. Yow n’en a pas encore fini avec le goulot, mais sa voix n’émane plus tellement des relents d'alcool pas cher… il a entamé la redescente post-éthylique, désormais il essaie de suivre les lignes, tient le coup malgré les crampes à l’estomac et les relents acides. Pourquoi ? Parce que la cuite est finie. Parce qu’on se réveille au milieu des cadavres et qu’on a mal au crâne… alors il faut nettoyer le bordel, nettoyer les restes de la soirée passée sur les quatre précédents disques. Récupérer les tessons de bouteille, et les fracasser sur le crâne des derniers survivants, et puis s’allumer une clope en regardant l’œuvre accomplie, en essuyant ses mains couvertes de sang sur le tissu rêche du jean. Il faut assurer la suite des quatre albums précédents, crachés sous le signe de l’alcool et du défouloir sauvage… En faisant la même chose, mais à jeun. Cet album m’a appris qu’il n’y a rien de plus dangereux qu’une brute bourrée, à part une brute sobre... Je vénérais les trois précédents plus que tout, et j’ai appris à aimer celui-ci petit à petit, l’approchant à tâtons pour finir par ne plus le lâcher. Sur Shot, Jesus Lizard ne joue plus avec notre cœur, mais avec nos nerfs, nos tripes : David nous attrape par le colback et s’amuse à nous pisser dessus, à se frotter sur nous, à brailler des trucs, des histoires bizarres. Autour de lui, tout explose, implose, les vitres volent en éclats et le blues s’est endurci, recouvert d’une peau métallique : les riffs ne sont plus que soubresauts spasmodiques ou décharges électriques, les dissonances sont contrôlées, affûtées, comme autant de coups de surin visant la carotide, et la basse est juste phénoménale. Jesus Lizard se fait violence pure (monstrueux "Thumper"), Jesus Lizard se fait punk brutal à l’adrénaline ("Now Then"), multiplie les hématomes ("Churl"), Jesus Lizard se fait ballade belliqueuse ("Good Ridance"), mais aussi ligne de basse goguenarde et refrain post-it ("Blue Shot"), s’acharne sur notre carcasse l’écume aux lèvres tout en nous berçant ("Thumbscrews" et ses breaks en chute libre), se fait post-punk faisandé et vicieux aux textes malades ("Skull Of A German", "Mailman"), Jesus Lizard ne fait tout simplement plus de quartier (terrible "More Beautiful Than Barbie" avec ses riffs à suspension pneumatique), avant de s’assurer qu’on est à genoux, prêt à recevoir la fontaine dorée du père David en pleine poire ("Too Bad About The Fire"), et contempler son sourire mesquin avant de succomber ("Pervertedly Slow", bien plus pervers que slow croyez-moi). Mais il y’a un titre, un seul, qui fera en sorte qu’on ne se relève pas. Jamais. "Trephination", la clé de voûte de cette bombe remplie de sang, fait office de trip sans retour dans un esprit tordu, un esprit dans lequel la schizophrénie n’est rien d’autre qu’une conversation téléphonique : Yow parle à David qui parle à Yow qui parle à David qui parle à Yow, sur un rythme obsédant, et cette phrase qui ressemble à une caresse macabre: ‘now calm yourself down’. Titre ultime d’un album d’alcooliques en sevrage intensif. Shot est toujours aussi jouissif, impulsif, rock’n’roll, gouleyant, torve, explosif, bestial, torturé et dangereux, comme au premier jour. A chaque fois que j’écoute ce disque, j’ai la pêche pour la semaine.

note       Publiée le lundi 10 décembre 2007

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    Note moyenne        11 votes

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    commentaires

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    Aplecraf Envoyez un message privé àAplecraf

    Je me passe en boucle le titre "now then" ces derniers jours. En écoutant les albums chronologiquement c'est le premier qui me fait autant d'effets. Je le trouve plus immédiat et efficace que les autres. Je suppose qu'en filigrane c'est ce que ses détracteurs lui reprochent !?

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    nicliot Envoyez un message privé ànicliot

    More Beautiful Than Barbie me hante depuis belle lurette

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    Giboulou Envoyez un message privé àGiboulou

    Mailman : meilleur morceau de Jesus Lizard? (bon, j'avoue, j'ai plusieurs meilleurs morceaux de JL)

    Cera Envoyez un message privé àCera

    ça fait un moment que je ne me suis pas envoyé du JL. Je commence la re-plongée par celui ci, dans l'ombre de ces prédécesseurs. ça bute. Est il moins bon ? finalement, je n'en suis pas si sur.

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    SEN Envoyez un message privé àSEN  SEN est en ligne !

    J'avais oublié que cet album et ce groupe était aussi bandant !

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