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Septembre 1990
Dernier album sous la bannière du label 4AD, le sixième Cocteau Twins a la réputation d’être en deçà des premiers albums du groupe. Avis que je partage un peu je dois l’avouer, tant il est évident que l’aspect le plus innocemment onirique de la formation tend à s’effacer tout doucement au profit d’une fragilité de plus en plus factice, les vapeurs d’éther se raréfiant au profit d’une pop beaucoup plus simpliste que ce qu’on a pu entendre sur Head Over Heels ou Treasure. Plus innocente aussi, les influences gothiques se délayant petit à petit. Sur ce disque sage et doucereux, qui rappelle à la fois le New Order des débuts et les Cure d’avant Seventeen Seconds, vous pourrez quand même dégotter quelques perles pas piquées des hannetons. « Iceblink Luck », la valse parfum cerise « Road River and Rail » ou encore « Frou-Frou Foxes » (ma préférée), absolument sublimes, se détachent du lot et nous plongent dans des ambiances à la fois vaporeuses, sibyllines et enchanteresses, et laissent un goût étrange dans la bouche, le goût du sirop de rose, le goût des amours printaniers et la saveur étrange des désillusions automnales, j’en sais fichtre rien en fait, un petit goût de cyprine juvénile, ça c’est sûr, et puis ce quelque chose de profondément sensuel et coquin dont on préférera ne pas abuser au risque de se transformer en jonquille (ça y’est je commence à raconter n’importe quoi). La voix de Liz Frazer, toujours aussi cristalline et douce, donne le tournis, ou agace, au choix. Par instants on croira entendre notre Siouxsie, par d’autres on jurera que c’est notre Kate Bush qui vient poser sa voix. Mais l’ombre légère au tableau c’est que Liz dévoile aussi un côté plus salope que par le passé, se plongeant par instants dans les relents de pop féministissimement niaise, sur « Cherry-Coloured Funk » par exemple, et là, j’ai plutôt envie de lui dire stop… maaaais… en même temps c’est si mignon, c’est si suave, si romantique. C’est moins onirique qu’avant sans doute, mais ça laisse rêveur, c’est toujours aussi fragile et éphémère, et trouble, un peu comme la buée sur le miroir de la salle de bain... Heaven Or Las Vegas, c’est l’épure post-new wave et la sensibilité à fleur de peau qui s’étiole peu à peu, le côté cold wave onirique qui se teinte de gimmicks popisants, la parure dorée qui s’effrite petit à petit, laissant l’âme s’en aller… soft comme une pluie de coton et de pétales, mélancolique et un peu agaçant aussi, comme ces petites boîte à musique qui jouent le thème de la lettre à Elise et que l’on hésite à fracasser sur le champ, c’est aussi la main douce d’une jeune femme qui caresse ton dos et te murmure des poèmes féeriques… Un album à l’innocence évidente, à la beauté en demi-teinte, insaisissable, floue.
note Publiée le mardi 27 novembre 2007
Note moyenne 22 votes
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Le coffret "Fontana" remasterisé est en effet de toute beauté . A l'époque j'étais dubitatif , voir consterné par "four calendar café" mais désormais il passe très bien avec le reste . Liz uber alles !
Hop là ! C'est commandé ! Merci pour le tuyau :)
Pour celles et ceux qui n'avaient pas abandonné le navire Cocteau après la sortie de " Heaven or Las Vegas ", sortira à la fin du mois d'octobre prochain " Treasure Hiding: The Fontana Years ", quadruple disque qui proposera " Four-Calendar Café ", " Milk & Kisses ",EPs, B-sides et autres raretés de l'époque.
Le dernier grand Cocteau, un chef d'oeuvre enchanteur qui a enchanté ma jeunesse ! Impossible de se lasser de leurs albums !
J'aime beaucoup le côté "pop facile" de cet album. Il mérite d'être redécouvert.