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Iggy Pop › American Caesar
- 1993 • Virgin 1 CD
cd • 17 titres
- 1Character
- 2Wild America
- 3Mixin' The Colours
- 4Jealousy
- 5Hate
- 6It's Our Love
- 7Plastic & Concrete
- 8Fuckin' Alone
- 9Highway Song
- 10Beside You
- 11Sickness
- 12Boogie Boy
- 13Perforation Problems
- 14Social Life
- 15Louie Louie
- 16Caesar
- 17Girls of NY
informations
Produit par Malcolm Burn. Enregistré à la Nouvelle-Orléans.
chronique
Après une introduction pouacre et vicelarde, c’est parti pour le fun, la crasse, l’envergure Iggy Pop, dans toute sa sauvagerie débridée et son charisme imparable, dans toute sa nuance sans nuance, dans toute sa gouaille, dans toute sa rage, sa bonne humeur pessimiste, ses contradictions, ses longs moments d’« apaisement », ses courts moments de fureur, et, surtout, sa classe naturelle. Y’a une flopée de titres éternels sur ce American Caesar, disque enregistré dans une urgence bienfaitrice et aussi cru et vibrant que l'artiste. Si vous voulez savoir, cet album est pour moi l’un des tous meilleurs de son maître. Ce disque respire, vit, pleinement, et me fout la pêche à chaque fois que je l'écoute. C'est aussi simple que ça. « Wild America » est irrésistible, j’ai rien d’autre à dire sur cette chanson, tout est dans ce riff jongleur, dans ce refrain appuyé, dans cette ambiance jouissive, perverse et cool en même temps. Du p’tit lait. « Mixin’ The Colors » est sensationnelle, sans doute la chanson la plus groovy du lot, que du bonheur comme dirait l'autre, ça t’accroche et ça te lâche jamais… Le reste de l’album est selon le goût et l’humeur, mais je serai bien en peine de vous trouver un seul mauvais titre dans ce pur concentré de joie et d’allégresse zébrées de noir. « Jealousy » ressemble à du R.E.M. avec des couilles. Sublime ballade vicieuse et prenante, à s’envoyer dans son rocking chair en pensant à la dernière fille de mauvaise vie qui t’as brisé le cœur, saoûl de préférence, pour en ressentir pleinement les vibrations positives. Positif, voilà le mot que je cherchais ! Cet album est positif, terriblement addictif et bienfaiteur, il embellit ta journée sans pour autant te la rendre plus ensoleillée, voilà le secret de ce disque. C’est du rock comme seul Iggy Pop sait le faire en vieillissant dans ces années 90 qui ne sont pas les siennes : un rock teinté de blues et de folk, amer et ridé, volontiers pervers, mais avec le sourire s’il vous plaît. Il te dit où aller, te réconforte, te raconte sa vie qui ressemble à la tienne. Sur « Hate », Iggy prend son chant « complètement à la ramasse », quand il se force un peu et que sa voix claire ressemble à celle d’un type qui va lâcher la rampe d’un moment à l’autre. Sur « It’s our Love » il joue à la ballade aérienne et intense, façon Echo & The Bunnymen versus Midnight Oil en version éthylique, et c’est un morceau de la Nouvelle-Orléans qui nous parvient aux oreilles… la petite mélodie tristouille se tortille derrière, on se laisse bercer. Ah, qu’est-ce que c’est beau ! Sur « Plastic & Concrete » et « Boogie Boy », Iggy ressuscite le cadavre des Stooges le temps de slows débridés, et s’amuse avec comme un pantin. Sur « Fuckin’ Alone », ballade cramée et nonchalante, pantelante, belle tout simplement, Iggy se laisse traîner comme une loque par la mélodie, par moments il accélère pour suivre le rythme, mais il va toujours trop vite, ou trop lentement (« iiiiiiiii’m so fuuuuuckin’ alone »). Titre touchant, desséché, aux antipodes de la ballade (oui, encore une, y’en a pas mal sur ce disque) « Beside You », un concentré de pop parfum années 80 versus façon Iguane : chœurs féminins à la Primitives (j’adore les Primitives), un bon gros poil de FM, un refrain téléphoné, mais les couplets ne trompent pas… ce titre-là est bien le seul moment sage de l’album, et même là, Iggy ne se plante pas, alors qu’on sait qu’il a donné dans la daube radiophonique par le passé (se rappeler de la période ‘Real Wild Child’). « Social Life » est une ballade anémique qui annonce, à sa façon, Avenue B. Dépouillée et chantée façon crooner, elle te touche directement au cœur, où te laisse froid, pas de demi-mesure. L’Iguane se marre quand même, et carbure toujours au viandox. Le meilleur exemple est peut être sa reprise de « Louie Louie », le classique rock garage repris par tous les groupes, sur laquelle il s’amuse à mettre du piquant dans les paroles, sans finesse mais avec classe, et à inverser les toniques du refrain (soit « Louaïe Louie » au lieu de « Louie Louaïe »)… délicieux. La sublime « Highway Song » ressemble aux Smiths et à Lou Reed. Enjouée, et un peu arrogante, aussi. Quand à « Caesar », il s’agit tout simplement du titre le plus ambitieux pondu par Iggy dans les années 90 : long de 7 minutes (une éternité pour l’Iguane), c’est une espèce de litanie de guitare obsédante, lobotomisante et répétitive (abrutissante pour faire plus simple) sur laquelle Iggy, dans le rôle d’un ‘César américain’ ou de ses fidèles sujets, pose un phrasé plein de morgue, se fend la gueule par moments, marmonne des trucs, prends plusieurs rôles (on l’entend faire une voix efféminée) balance des « throw them to the lions » à tout va, fait son petit théâtre de subversion délirante quoi… Dans ce disque, Iggy donne tout ce qu’il sait donner. A l’époque où le grunge, à son apogée commerciale, s’apprête à exploser, à l'époque où le monde n'est plus vraiment focalisé sur lui alors qu'il n'a paradoxalement jamais été autant reconnu, Iggy, lui, fait tout ce qu’il sait faire, rien de plus. Du punk cru, de la ballade crasse, de la ballade propre, de la ballade qui part pas au lavage, de la chanson de crooner, du vieux rock faisandé, du blues parfum Nouvelle-Orléans. Et c’est terriblement bon.
note Publiée le dimanche 25 novembre 2007
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- nowyouknow › Envoyez un message privé ànowyouknow
La génération d'après a eu Iggy Pop au p'tit dej tous les matins pendant le générique des zinzins de l'espace, et c'était bien cool.
- Note donnée au disque :
- (N°6) › Envoyez un message privé à(N°6)
L'affiche JL Aubert/Iggy Pop, putain ! En même temps, si Hendrix a fait la première partie de Johnny, hein. La France môsieur ! Bien vu pour Bowie, d'ailleurs c'était un peu pareil, au début des années 90, Bowie c'est le type de Let's Dance (au mieux de Ashes to Ashes) et il est rincé de chez rincé. Faudra que Trent Reznor le ressorte de son formol pour qu'il puisse redevenir plus ou moins d'actualité en courant après les dernières modes (wow, la jungle, je veux en faire ! Wow, je veux être un avatar dans un jeu vidéo !) et qu'il puisse faire des pubs pour Vittel en bonne icône pop muséifiée qu'il sera devenu. Et puis si Bowie peut vendre de la flotte (et on ne parle pas de certains de ses albums ah ah ah que je suis amusant), Iggy pourra bien vendre des abonnements SFR. Mais pourquoi on disait ça au fait ? Ah oui, le retour en grâce (Jones, d'ailleurs j'ai longtemps cru que Nightclubbing était une chanson de Grace Jones, que j'ai longtemps cru uniquement actrice à cause de son rôle de James Bond Girl la plus badass dans Dangereusement vôtre).
Message édité le 17-05-2022 à 16:09 par (N°6)
- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
In the Death Car oui, ça a été la euh, "présentation" à une génération, malentendu inclus, je dirais ! Perso j'avais déjà ouï les Stooges avant parce que déjà j'étais dans les trucs noise, rock indé/brutal/tordus/expé-ou-une-espèce-de... Mais les trucs solo d'Iggy sans doute pas ou à peine. Et à côté de ça je me rappelle d'une "collègue" de BTS qui nous disait qu'elle allait aller voir en concert - je ne sais plus si c'était ou non à la même affiche genre première partie mais il me semble bien (et à la Halle Tony Garnier ou un truc comme ça) - Iggy et... Jean-Louis Aubert. Avec ce commentaire qui m'avait fait bugger : "Non mais Iggy Pop ça a l'air sympa mais Aubert j'adore C'EST QUAND-MÊME VACHEMENT PLUS ROCK"... Vrai que pour pas mal de ma génération et sans doute encore plus pour ceux qui ont juste quelques rares années de moins, Iggy Pop ça a D'ABORD été la chanson du film de Kustu, voire c'est resté UNIQUEMENT ça. (Idem - et je dis ça vraiment sans mépris, c'est juste une question "d'angle par lequel ça nous arrive" selon les époques : plusieurs personnes d'une dizaine ou un peu moins d'années plus jeunes que moi m'avaient dit n'avoir pas pensé une seconde avant qu'on en cause que The Man Who Sold the World était une chanson de Bowie et non un truc écrit par Cobain... Pour eux, cette chanson ça avait toujours été le MTV Unplugged de Nirvana - avec ce "biais" de plus qu'ils n'avaient connu Nirvana qu'après le suicide de Cobain, en passant, l'espèce de culte monté après, un deuxième, quoi, après celui du groupe "de son vivant").
- (N°6) › Envoyez un message privé à(N°6)
"In the deathcar", c'est l'introduction de Iggy Pop a une nouvelle génération. J'ai l'impression qu'il était devenu une sorte de vieille relique ringardos dont plus personne ne parlait. C'est à partir de ce titre qu'il redevient cool, non ? C'est sans aucun doute la première fois où j'entends sa voix, dans la voiture pour aller au lycée, avec la musique de Bregovic (c'est le début aussi de la grosse hype Kusturica). Ensuite je dois le voir en live à NPA, torse nu, devant les yeux plein d'amour de De Caunes, chanter des trucs énervés dont je n'ai pas idée que c'est le summum du culte.
Message édité le 17-05-2022 à 14:53 par (N°6)
- Raven › Envoyez un message privé àRaven
Alors "Mixing the Colours", c'est l'même tarif : un boogie-w'Iggy qui m'botte toujours autant. "Jealousy", bordel, ça te fait rien un morceau pareil Nicko ???! (!!!) Y a déjà l'Iggy quinqua déprimé-seul d'Avenue... et ces restes de la grande, de l'unique In The Death Car (merci Kustucaca). Alt-Iggy ou pas, je ne sens ici aucune volonté de racoler les troués de Seattle (même si ça sonne terne de chez terne), ni même plus généralement la jeunesse ; ça sent plus la jaunisse, ça sent pas la drogue ça sent le vieux mec rance, l'amertume, le dégoût de jouer aussi mais en y allant quand même au charbon ("Hate", d'où le côté bancal, poussif ?), jusqu'au slow de chiotte lugubre, imparfait mais sinistre ("It's our Love"), et l'intro façon "Sympathy for" de "Fuckin' alone" qui débouche sur une folk de clodo. La pochette sale et blafarde de L'Iguane bronzant à la Lune, avec ce nombril dégoûtant et sa tronche disent ce qu'il faut sur la teinte de la zique. Vieille chair morne. Mais avec le panache et le déhanché akimbo, s'il faut.
Maaais il est vrai qu'il y a trois-quatre morceaux qui servent à rien ("Plastic and Concrete"?) et que la longueur de l'album ne joue pas en sa faveur, comme l'Iggy Vega / Iggy Reed du final récitatif clichémétrique "Salade Caesar" si on est pas d'humeur, pour se rendre compte qu'il contient des morceaux si pas trouants, touchants. Quand je l'ai chroniqué j'étais jeune et fougueux, j'avais 20 ans... Maintenant je vois les défauts, au banc d'essai... "That god-daaam social life". Même lui il bâille non ? Mais il se passe quelque chose même dans une pov'toune folktiguée comme ça, mal ficelée Iggy Paupiette. Ouais, il est ringard et poussif cet album. Et il te met la gueule dans la bassine.