Luasa Raelon › The Poison City

Le projet Luasa Raelon a pris en maturité, tant dans l’exploitation des sons industriels que dans le déploiement des effets. Une des grandes forces de ce ‘Poison City’ est justement d’échapper aux constructions linéaires pour réellement poser un cadre, toujours très évocateur de lieux forts avenants tels que des entrepôts abandonnés, des vieux quartiers industriels en friche et des usines pétrochimiques en décrépitude, dont les odeurs de plastique et de rouille se mélangent à celle du tarmac craquelé. Mais l’album évoque sans raconter, et le reste de l’histoire ne dépend que de notre imagination. Les titres s’enchaînent lentement, tels des Léviathans de fer et d’acier qui avanceraient lentement sans se soucier de notre présence. Attention à ne pas se laisser aller non plus à la rêverie, car ‘Poison City’ possède une progression globale, comme une longue pente escarpée, souvent huilée, et risque bien de vous piéger dans ses rouages sans âme sans que vos cris ne dérangent les mécanismes le moindre du monde. La tension claustrophobique est omniprésente, s’insinue lentement en vous, et multiplie la désagréable sensation de chaud et froid que provoque cet isolement inadéquat. ‘The Poison City’ n’est pas agressif, il est juste immersif, dangereux, et noir. N’oubliez pas vos lampes de poches, et vérifiez votre vaccination contre le tétanos.