Create › Space Time Continuum

Comme 5ième opus, Create nous convie à un entre deux. Un habile mélange entre les vapeurs cosmiques de Biospherical Imagery et l’agressivité de Kindred Spirits. Pas que Space Time Continuum ait un tempérament violent. Il navigue entre l’aléatoire et le minimalisme aux effluves mélancoliques. La pièce titre dévoile une intro cosmique très spatial où une voix annonce qu’à regret, il ne peut faire cela. Le ton est à ce que les images valsantes d’Odyssey 2001 provoquaient; un genre de fusion cosmico-dramatique sur vents éthérés calmes, mais aride. Les lents mouvements orchestraux naviguent sur une mer mélancolique. S’ensuit une belle ligne aux reflets ascendants qui cascade avec douceur, maintenant cette chimérique vision d’un drame spatial. Le rythme est doux et spiralé, comme un voyage abstrait dans une sinuosité synthétisée. Un peu comme Phaedra, une belle flûte fantomatique inonde le néant. Elle ouvre le passage à des percussions lourdes, aux battements pressés, qui se moulent finement à un carrousel minimalisme qui filtre sa mélodie au travers des synthés aux solos pénétrants et ciselants.
Ghost in the Machine offre une ouverture atonique et spatiale, avec des effets sonores aux souffles vocaux tordus et éclectiques, comme un froissement d’émotions. Le mouvement s’installe avec lenteur, comme si nous assistions à un ballet interstellaire où les mouvements gravitationnels sont d’une tangibilité poétique. De légères percussions installent une marche rythmique sobre qui s’habille de beaux solos langoureux et de courtes mélodies égarées, aux teintes blafardes.
Les flûtes cristallines de Cryogenics amorcent une structure parallèle à Ghost in the Machine. Une savoureuse intro qui permute en une séquence nerveuse et hoquetante vers la 5ième minute. Le monde de Create devient plus agité et offre une coloration musicale dense et animée. Les mellotrons dansent sur des séquences aléatoires, mais structurées sur un rythme soutenu, offrant les meilleurs ingrédients d’un Create mordant et coloration.
Footprints in the Sand démarre tranquillement; mellotron ambré et flûté qui navigue entre les mondes de TD, style Phaedra, et Air Sculpture avant d’offrir un mouvement séquentiel intense et insistant. L’impulsion sonore est lente, mais appuyée sur un séquenceur spiralé lourd qui progresse sur des tangentes aux couches cylindriques de plus en plus denses et rythmiques. Un voyage musical impressionnant qui circule aux travers de superbes couloirs aux synthés fantomatiques et orchestraux. Le rapprochement entre les ondes nébuleuses de TD, à l’époque de Phaedra et Force Majeur, est incontournable. De loin, la meilleure pièce sur STC. C’est tout en douceur que Fading Lights grow Brighter termine ce 5ième opus de Create. Fortement atmosphérique, les mouvances des nébulosités sont lourdes et bien senties sur une marche spatiale aux temps incertains.
Après chaque album de Create, on s’étonne à mentionner qu’il s’agit de son meilleur. Comme si Stephen Humphries maîtrisait l’art de se démarquer et d’innover. En fait, le synthésiste Anglais ignore les règles d’appartenance, pour mieux se modeler à sa passion progressive qui lui dicte une approche, une écriture plus contemporaine où ses émotions sont ciselées avec ardeur. Space Time Continuum est un sublime voyage cosmique sur séquenceur nerveux et arrogant, un élément qui suit Create à chaque création.