Michael Shrieve › Fascination

Michael Shrieve a fait du chemin depuis sa prestation légendaire au festival de Woodstock aux côtés de Santana. Ce surdoué de la batterie, après avoir collaboré avec un nombre conséquent de pointures en tant que musicien de studio, a concentré sa carrière, cela va de soi, sur tout ce qui implique de près ou de loin un travail rythmique ellaboré et sophistiqué. Pour "Fascination", il réunit autour de lui Bill Frisell et Wayne Horvitz, alors au sortir de la rupture de Naked City, pour (tenter de) constituer le Tony Williams' Lifetime des temps modernes. Si la technique y est, indubitablement, l'esprit en est absent, concédant presque tout à l'esthétique du label fusion CMP sur lequel ils sont signés. Bill Frisell est fidèle à lui-même, ne s'embarassant pas d'imitations plausibles, tant sa forte personnalité s'exprime au travers d'un jeu toujours à la fois fluide et aventureux, alors que Wayne Horvitz s'essaye, tant que faire ce peu, au pastiche croisé entre Jimmy Smith, Larry Young et John Medeski. Le disque recèle toutefois quelques grands moments où une certaine tension finit par circuler ("Circus!Circus!" et "The Grand Ambassador" notamment), mais cela reste trop formel et trop carré que pour y déceler la moindre passion.