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Public Image Limited › First Issue
informations
Enregistré entre Juillet et Novembre 78 au Manor, Oxfordshire, aux Gooseberry Studios, London West End, et au Townhouse 1 et 2, London. - Ingé-son : Mick Glossop - Produit par Public Image Ltd.
La pochette originelle ne comporte que 5 chansons, bien que le vinyle en comporte 8 ; car l’album a été terminé dans l’urgence avec 2 mois de retard. La pochette avait été imprimée pour le 1er Octobre, date de sortie originelle, et seules 5 chansons étaient enregistrées à ce moment-là. Credits : "Public Image would like to thank absolutely nobody".
line up
Keith Levene (guitare), John Lydon (chant), Jim Walker (batterie), Jah Wobble (basse)
chronique
Tournée américaine des Sex Pistols...Johnny Rotten en a marre, marre de ce cirque, marre du punk, marre de son escroc de manager, marre de son junkie de pote, marre de son image...Il finit par tout plaquer pour revenir là où personne ne l'attendait, avec un nouveau groupe. Alors que McLaren tente de faire de Sid Vicious une star pour exploiter les cendres des Sex Pistols, il lui faudra batailler ferme pour faire comprendre au public et aux médias que Rotten est mort mais que Lydon est bien vivant. Voilà pourquoi ce premier opus est si noir, c'est un disque de cassure, de rejet, de colère, d'affirmation. Tout démarre avec le glauquissime 'Theme', un titre lent et long soit l'antithèse de ce que prêchait la philosophie musicale punk. Rythmique pesante et lourde, guitares torturée, limite cacophoniques typiquement gothiques et un Johnny Lydon qui hurle plus qu'il ne chante. 'Religion I et II' sont un crachat à la face de l'Eglise Catholique (notre homme a des racines irlandaises), tout d'abord de manière a capella comme une prédication froide, puis de manière musicale dans un style sans pitié mêlant cold wave et post punk avec des touches de piano dissonantes vers la fin, tandis que, immuable, la basse égrène en boucles ses quelques mêmes notes. Plus rapide et moins hypnotique, 'Annalisa' semble renouer avec le punk rock, sauf que là aussi la chanson dure près de six minutes et que les constructions sont bien différentes, chaque instrument semblant jouer indépendamment des autres. Du punk rock, c'est sur l'excellent 'Public image' (le titre le plus accessible) qu'on en retrouve; rien d'étonnant, Lydon y règle ses comptes avec son ancien manager ainsi qu'avec son public. 'Low life' et 'Attack' sont plus ambigus, les racines punkoïdes semblent évidentes pourtant un feeling un brin différent s'en dégage. D'ailleurs quand vient l'ultime pièce, 'Fodderstompf', on comprend vite qu'ils étaient surtout là pour nous endormir sur nos lauriers. Assurément le plus expérimental et inattendu du disque, il se présente comme une parodie de disco et des extended mixes de l'époque. Le beat est ultra binaire, la ligne de basse totalement funk/dub tourne en rond de manière hypnotique tandis qu'en arrière-fond des vocaux débiles semblent se perdre dans les échos, tout ça pendant plus de huit minutes ! Cela dit, même si John Lydon prétendait prendre le contre-pied du rock, ce n'est pas sur cet album qu'il ira le plus loin dans la démarche. Malgré une cassure évidente, 'Public Image' reste fortement rock et même imprégné des stigmates du punk. Cela ne l'empêche pas de témoigner de la forte personnalité de Lydon et de sa créativité; véritable affirmation d'une liberté retrouvée, le disque pousse l'ironie jusqu'à présenter une couverture arrangée comme un magazine de mode...Quand, comme moi, on a découvert P.I.L. par le 'Live in Tokyo', cet opus-ci ne pouvait qu'être une belle baffe !
chronique
Quand on casse la figure de l’ingé-son, il ne faut pas s’étonner si on se fait virer du studio, et qu’on se retrouve obligé d’enregistrer en catimini dans des studios laissés vacants vers 3h du matin.
C’est donc dans un de ces sous-sols de studios pour maquettes que la formation guerrière de feu Johnny Rotten parviendra à usiner – non sans peine puisqu’ils n’ont pas l’ombre d’un kopeck – en quelques séances nocturnes, les 3 démos qui terminent cet album. Car en réalité, les mastodontes que sont Theme, Religion et Annalisa en sont les seules pièces abouties ! La face B – et c’est ce qui enlève la fatidique 6eme boule – n’est que remplissage ! Low Life et Attack sont des esquisses, balancées comme ça en répète, sans enregistrement digne de ce nom, et quant à Fodderstompf… Il n’y a qu’à écouter Wobble et Lydon glapir pendant 8 minutes, pour arriver à un album de 40, tout est dit dans les paroles… Mais parlons donc de ces 3 brûlots. Theme, derrière un vacarme assourdissant, fait de turbines métalliques à faire pleurer Tom Morello, est la mise au point de Lydon avec le music business et les médias, plus encore que le premier single-manifeste, dont le texte se rapproche plus d’une interview (encore que Low Life s’adresse directement à McLaren). Theme, c’est la bande-son de la désillusion. On y entend un homme ivre de rage pleurer puis devenir fou : « Maintenant j’ai compris, et je préfèrerai mourir ». C’est une chute libre… Le beat cogne comme un martèlement d’aciérie, la basse dub tricote son motif mélodique sans s’inquiéter de la voix qui s’égosille, bascule de la colère au désespoir… La guitare, elle, est d’entrée bonne pour la camisole : le ferrailleur Keith Levene utilise entre autres une guitare Veleno entièrement en aluminium... On n’est pas chez Glenn Branca et pourtant ça grince dans tous les coins… Ce premier traité de l’esthétique PiL a de quoi rebuter, chaque instrument y faisant sa vie, semblant vaquer à ses occupations, jusqu’au moment ou l’on réalise que la basse et la batterie font corps, et que la voix et la guitare s’entredéchirent dans un concours de dissonances assez similaires… On sort du vocabulaire strictement rock, la section rythmique, affranchie, n’est plus l’esclave du chanteur et du gratteux, ces m’as-tu-vu, le divorce est commencé, l’émancipation est consommée, et elle passe par le dub. Après une sorte de cloche funèbre tintant vers 8 :40 et les mots « Terminal Boredom » lachés par Lydon comme un mantra, vient un poème récité a cappella qui semble dire « vous n’allez pas échapper à ce que j’ai à dire ». Le réservoir de fiel est encore plein, on est loin du message farce des Pistols. La mise en musique de cette diatribe a le mérité d’être un pain dans la gueule franc et massif. « Religion », c’est du magma en fusion qui se déverse sur les églises, un massacre en règle des bigots, qui permet de relativiser un tant soi peu le cirque des groupes prétendument « anti-religieux » à suivre. Le riff coupe dans le lard, formant ainsi une spirale de haine qui n’a rien de cathartique. Vous voulez oubliez vos collègues de travail en mettant un disque ? Vous envisagez maintenant leur éviscération à l’économe. Vous étiez déjà agacé par les fanatiques religieux ? Vous avez maintenant envie de les saigner à blanc. La basse, elle, vrombit tranquillement, écrase les très bande-mou années 70 tel un rouleau compresseur, avec tout leur cortège de groupes aux moyens démesurés. On a beaucoup ricané des Pistols, mais essayez un peu de ricaner de « First Issue ». Après ce Religion bien dévastateur, qui, pour autant que j’en sache, donne des joyeuses envies de coups de barre à mine dans la tête de Michael Bublé, on ne peut que redescendre. Et c’est ce qui arrive avec Annalisa, qui reste un missile punk bien plombé, contant une histoire atroce comme il faut : celle d’une jeune allemande épileptique dont les parents, inquiétés par ses crises, ont décidé de faire exorciser. Au programme : jeun purificateur pendant 10 mois jusqu’à ce que mort s’ensuive. Ni les parents ni les prêtres n’iront en prison. (Tiens ça ne vous rappelle pas « Polly » d’un certain groupe de Seattle ?) Ça se passe en 76 et ça ne plait trop à Johnny, ni à nous d’ailleurs… Son grand marathon contre le monde entier est lancé, et il trouvera son apogée avec la suite… Oubliez le cliché des Pistols préfabriqués par les médias et du punk anglais vide de tout contenu : c’est ici que ça se passe.
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