Vous êtes ici › Forums de discussions › Musiques non-gutsiennes › Les nouvelles merdes à la mode
Les nouvelles merdes à la mode
- Message
- saïmone › vendredi 15 décembre 2017 - 11:51
"beaucoup de mélomanes sont à peine capables de discerner un gribouillis de neuneu d'une toile de maître" gimme five bro
- Message
- nicola › vendredi 15 décembre 2017 - 12:37
Et réciproquement, les gens qui écoutent Jul (et j'en fréquente plein vu mon boulot, hein Dariev ?) pensent qu'ici, nous écoutons de la merde (que ce soit du metal, du jazz ou des trucs expérimentaux).
La même question se pose pour le bidule de 500€ donné aux djeunz par Macron. Que va bien pouvoir financer ce bidule ? De la culture institutionnelle ? De la culture de classe dominante ? De la culture populaire ?
Perso, je ne hiérarchise pas en soi, cela ne m'empêche pas de détester les trucs qui passent sur NRJ et compagnie.
- Message
- (N°6) › vendredi 15 décembre 2017 - 13:47
Je suis contre le relativisme culturel. Les gens qui pensent que Jul c'est super et que "le jazz" c'est de la merde, on leur a simplement jamais donné l'occasion de s'ouvrir à autre chose qui pourrait leur plaire (à défaut de le faire sois-même, mais tout le monde n'en a pas l'envie à la base ni même l'idée). Mais les gens sont des moutons. Comme disait Coluche : "Vous écoutez des conneries des conneries des conneries toute la journée, vous finissez par les achetez. Vous n'êtes pas raisonnables non plus."
- Message
- nicola › vendredi 15 décembre 2017 - 14:13
Je suis qui pour dire que ci ou ça c'est objectivement de la merde ?
Au nom de quoi Jul serait objectivement inférieur ou supérieur à qui que ce soit d'autre ? Le mot clé est objectivement.
Bien sûr que si, les gens qui écoutent Jul ont eu l'occasion d'écouter autre chose (à l'école en cours de musique par exemple). À partir de combien d'années après sa mort un artiste populaire a-t-il droit à l'extrême-onction de god ?
- Message
- dimegoat › vendredi 15 décembre 2017 - 14:24
Cela marche dans les deux sens: l'offre d'un artiste, plus ou moins inventif, doit rencontrer la curiosité plus ou moins sensible d'un quidam. C'est comme la politique. Mais dans les deux cas, le quidam s'en fout un peu, ce qui provoque un certain nivellement par le bas. Lequel nivellement pourrait être réduit par, ta-dam: l'instruction.
- Message
- (N°6) › vendredi 15 décembre 2017 - 14:31
Donc Jul et Miles Davis, même combat, tout n'est qu'une question de goût. Ok. Et encore, il n'est même pas question de parler de "mauvais goût" du coup, car ce serait encore une fois juger... bouh... pas bien ça. Donc tout discours critique est absurde de ce point de vue et Mozart ou David Guetta, même combat en fait, tout n'est qu'une question de petite opinion personnelle.
- Message
- merci pour le fusil... › vendredi 15 décembre 2017 - 14:48
Toutes les positions évoquées ici sont à la fois vraies et fausses, et s’annulent entre elles, puisque énoncées par des individualité perclus de biais mentaux, de bonne et de mauvaise foi.
Chacun s’est construit/approprié son beau et son laid, créant autant de niches et de marchés, et à moins qu’un régime autoritaire n’impose des mesures coercitives dans ce domaine (ce qui serait contre-production, puisque l’illégalité participe au désir), c’est toujours celui frappe le plus fort en premier (ou en dernier, si l'adversaire est coriace) qui l’emporte.

Tirer ton vinyle de noise-free-pop pro-vegan à 200 exemplaires passera inaperçu, et confortera seulement 200 personnes déjà converties. Etre Universal et foutre 20 millions dans la publicité te permettra de tout engloutir et de créer des paradigmes durables. L’idée n’est rien sans les moyens et les idéaux survivent quand ils sont défendus dans le sang.

 Donc, oui, on juge, qu’on le veuille ou non, c’est biologique, mais simplement pleurnicher que les gens sont des moutons ou que chacun fait ce qu’il veut n’y changera rien concrètement si tu n’es pas en mesure d’imposer réellement ce en quoi tu crois.«On leur a simplement jamais donné l'occasion de s'ouvrir à autre chose qui pourrait leur plaire» : Cela impliquerait que l’on soit tous égaux (mentalement, psychiquement...) et soumis aux mêmes déterminismes et aux mêmes aléas, ce qui est totalement utopique.
Et c’est un brin paternaliste, cette idée qu’il faille éduquer à tout va. Celui qui ne veut pas subir la vague s’échappe et va explorer ailleurs, expérimente, il n’attends pas qu’on lui indique le chemin ou qu’on le valide constamment. Un genre de déclic vitaliste, plus qu’un circuit de vie bourdieusien et fataliste.
- Message
- (N°6) › vendredi 15 décembre 2017 - 14:58
Je pleurniche pas, j'en ai rien à branler que "les gens" écoutent Jul.
Paternaliste ? Tiens, après "condescendance" l'autre jour, ça fait un peu doublon, tu te répètes un peu...
Et oui, je pense que n'importe qui (pas "tout le monde", nuance) peut-être touché par du free-jazz, un livre de philo, une oeuvre contemporaine (tiens, voilà bien un domaine où je connais quedalle), un grand film un peu abstrait, une danse, un tableau, que chacun peut y trouver son compte. J'en suis la preuve par trois d'ailleurs.
- Message
- dimegoat › vendredi 15 décembre 2017 - 15:04
Il ne s'agit pas d'être relativiste, il s'agit surtout de comparer ce qui est comparable et le "goût" est une contrainte sociale et non musicale. Du point de vue critique, comparer Guetta et Davis est tout simplement inopérant. En bon positiviste, je dirais qu'il faut comprendre les musiques dans leur contexte. Ecouter Miles Davis en 1950 ne relève pas de la même démarche sensible et intellectuelle que de l'écouter en 2017. En somme, il n'y a pas de bon goût ou de bonne musique par nature. Comme il n'y a pas d'égalité par nature. Il a y a la rencontre de cerveaux plus ou moins entraînés à recevoir des stimuli par la musique, l'art, la littérature, la conversation etc.
- Message
- (N°6) › vendredi 15 décembre 2017 - 15:10
Y a quand même un apauvrissement de la nature même de la musique populaire depuis en gros en trentaine d'années. Ca a été démontré scientifiquement, c'est pas des questions de goût ou de dégoût. Et on sait d'où vient cet apauvrissement et ce qu'il accompagne. Il faut tout niveler par le bas, toujours plus.
- Message
- merci pour le fusil... › vendredi 15 décembre 2017 - 15:19
N°6 : Tout se répète, tout n'est que cycle.
Si on ne résout pas cette question, je vais à nouveau tourner dans mon lit ce soir (et dans ma tête) et demain sera un autre jour, où il faudra encore porter le poids de ceux passés et de ceux à venir.
Revenons au fondement essentiel : L'art sublime la mort. Sinon, à quoi bon ?
- Message
- Rastignac › vendredi 15 décembre 2017 - 15:19
faut se méfier du décadentisme ; vu que j'ai un orteil dans le milieu enseignant c'est une rengaine que je connais bien ; ça peut occulter quand même pas mal de choses ; et je pense qu'on est aussi aveuglé par l'exposition trop forte via internet et le streaming ; je mets trop de point virgules ; et donc, ok, je dirais que si on remonte à un moment où la musique populaire n'était pas casse pieds et un peu pourrave... une de mes mère grand écoutait des tonnes d'opérettes des années 30 à 50 ; et un grand père ne pouvait supporter la musique désignant ceci comme du "bruit" ; je dis pas que la "Chance aux chansons" c'était mieux que tel clip de PNL, mais c'est ce que je voulais dire sur le post plus haut, je pense que c'est forcément consubstantiel à l'industrie culturelle ; quand y avait que des chansonniers dans la rue, et aucun moyen d'écouter de la musique autrement qu'en allant au café concert où je ne sais où, forcément y avait une moindre exposition à la musique de masse, puis ensuite à la musique bizarre et sombrexe. Pour ma part, j'ai été, et je persiste là dessus et non je ne chougne pas merci, et ça remonte à un peu plus de trente ans, dès mon plus jeune âge, capturé par l'industrie culturelle notamment musicale (mais aussi filmique, jusqu'à l'écoeurement, cf. star wars, partout, partout putain star wars), et je pense qu'on est tous dans le même bateau comme dirait un ancien combattant d'une association agonisante d'anciens combattants !
- Message
- (N°6) › vendredi 15 décembre 2017 - 15:27
Je suis pas particulièrement "pessimiste", l'industrie musicale a toujours produit de la daube, depuis le début. Mais c'est plutôt au niveau de ce qui peut être populaire, au sens noble du terme, qu'il semble y avoir une déperdition qualitative. Evidemment les moyens de distributions ont également changés. Cependant, c'est un peu comparable au cinéma, où le fameux "cinéma du milieu", c'est à dire ce ciné d'auteurs exigeant mais tout de même populaire et qui avait des moyens pour se produire (les films de Tavernier par exemple) a pratiquement disparu, ne laissant en gros que deux pôles extrêmes, le gros ciné industriel, qui n'a jamais été aussi mauvais qu'aujourd'hui (en France en tout cas) et le petit cinéma d'auteur globalement fauché. Ca fait quelques temps que je ne suis plus du tout dans le milieu (y ai-je seulement été ? Est-ce que les petits dej du syndicat des indépendants ça compte ?), mais la tendance ne fait que se confirmer.
Bon, de toute façon, c'est Woody Allen qui a raison, un jour la Terre sera détruite, bouffée par le Soleil, puis l'univers également. Et de Mozart, les Swans, Spinoza et Jul il ne restera plus une trace. Momus : "You're here one minute, the next you're dead"
Sur ce, joyeuses fêtes et ne faites pas trop d'excès de crottes.
- Message
- merci pour le fusil... › dimanche 17 décembre 2017 - 13:43
Bonnes Yule et Saturnales à toi n°6.
Je remarque que certains tiennent des positions que je défendais il y a quelques années (moi et d'autres, d'ailleurs), et qui me valait à l'époque d'être traité de "facho", "crypto-facho", "droitard" et autres joyeusetés pavloviennes.
Je dis ça sans ressentiment aucun car une analyse pertinente, une fois qu'on a dépassé le petit théâtre de la morale et des faux antagonismes politiques, reste pertinente, peu importe l'esprit et la bouche la diffusant.
- Message
- dariev stands › lundi 18 décembre 2017 - 14:40
"et j'en fréquente plein vu mon boulot, hein Dariev ?"
Oula, alors ça y'est, ma mémoire me joue à nouveau des tours ... On s'est croisé dans la vraie vie, c'est ça ? Prof de maths, si j'en crois les comms ;) ça me dit presque quelque chose, je suis à deux doigts de te remettre...
En tout cas je nuancerai un peu le relativisme de tes derniers posts. Premièrement, oui, Jul c'est plus pauvre que d'autres musiques, c'est même dans le tout bas du panier. je déteste avoir recours à cet argument mais devant le triomphe du relativisme culturel, j'y viens : scientifiquement, une analyse harmonique et rythmique peut montrer que ce type de rap à la con tape dans le simple et efficace. ça ne prouve rien, mais c'est déjà un argument en défaveur du "en quoi ça serait moins bien/différent". Bien entendu, personne n'a recours à ce type de raisonnement pour choisir sa musique, mais le concept de "formation du goût" étant fumeux aussi, je renonce à chercher à expliquer plus loin. Toujours est il que sans avoir la moindre connaissance musicale au sens solfège, ni la moindre pratique d'un instrument, on peut déjà dégager des différences "objectives" (ce mot à bannir) entre des musiques. ce qui ne prouve rien EN SOI une fois encore, mais quand même. ça contribue... (désolé, je ne peux pas aller au bout de mon raisonnement car tout est lié, c'est juste pr dire que les choses ne peuvent pas s'arrêter au relativisme)
Deuxièmement, non, tout le monde n'a pas nécessairement "l'occasion d'écouter autre chose" comme disait N°6. L'article relayé par klarinetthor à la page d'avant explique très bien en quoi. D'ailleurs je le re-poste ici : https://medium.com/cuepoint/the-devaluation-of-music-it-s-worse-than-you-think-f4cf5f26a888
Il y a une situation d'entonnoir au niveau de l'offre qui est entretenue par différents moyens, et c'est pire depuis internet dans l'ensemble. Bien sûr, il y a aussi un énorme déficit de curiosité chez les gens, et ça ça remonte à plus loin, mais là encore c'est un peu plus compliqué que "meuh si tout le monde a eu classe de musique + internet haut débit + taratata avec nagui et choisissez votre camp".
à part ça, je suis d'accord avec à peu près tout ce qui a été dit, haha ! Même MPLF. J'ai toujours été contre les notions de "bon" et de "mauvais goût", après elles sont utiles pour dialoguer et exliquer en peu de mots pourquoi telle musique nous rebute ou nous plaît (perso, dans ma bouche, "bon gout" est synonyme de fadeur et "mauvais gout" de caractère, et je sais que je ne suis pas le seul ici).
- Message
- dariev stands › lundi 18 décembre 2017 - 14:44
sinon, plutôt que de rajouter au concert d'opinions qui vont globalement dans le même sens (on est quand même tous d'accord ici pour dire que le mainstream craint,ou a minima qu'on en écouterait pas tous les jours), je préfère aborder le truc sous un angle positif : rappelons que dans le mainstream, à l'origine et avant la période de mort créative dans laquelle on est, il y a des créations qui arrivent des deux côtés - du côté "commerce" (musique calquée sur des succès passés, formule répétée, peu importe la qualité de base de ladite recette), et du côté art (ceux qui ont cherché à imposer des formes nouvelles dans les goûts populaires, et sans qui ce site n'existerait pas et par conséquent cet auguste topic, j'ose le rappeler). L'un est pragmatique, l'autre utopique (qu'on mettre une majuscule à "Art" ou non). Les deux sont un peu comme le yin et le yang, mais le discours omniprésent depuis au moins les 80's qui vise à ne rien distinguer est une plaie.
Pour prendre l'exemple du rap, parce que le coup des Beatles vs. Beyoncé je l'ai déjà fait ici et dans la vraie vie ok, certes le rap mainstream actuel creuse avec perversité (ce truc si à la mode) sa propre fosse à purin autotuné (une ... mousse en chocolat chimique ?)... Mais il suffit d'écouter du Ultramagnetic MC's (en haut de ma pile à chroniquer) pour se sentir d'instinct que le meilleur est à venir pour cette musique. C'est l'évidence même. D'ailleurs Kool Keith, qui était déclaré has been d'entre les has been par le rap mainstream dès 93, avec les flow plus linéaires et la vague thug, 2Pac & consorts, a fini par ressurgir dans le mainstream via Prodigy, et je ne serai pas étonné qu'il soit à nouveau au générique d'un tube dans les années à venir. Oui, tout est cyclique, et en même temps, en art comme dans le reste, les moments excitants sont ceux qui brisent, outrepassent ou ignorent les cycles. Kool Keith, lui, s'en branle. Pas Kanye West, qui finira, je pense, un peu comme 2pac : une figure historique majeure (ça m'a l'air hélas bien parti pour vu le consensus) mais dont personne n'écoute les disques parce qu'ils sont chiants. Moralité : faut que je t'offre mon ghettoblaster, Klari.
- Message
- nicola › lundi 18 décembre 2017 - 20:33
Dariev, il me semble que tu es prof, c’est pour ça (mais on n’est pas dans la même région).
- Message
- dariev stands › lundi 18 décembre 2017 - 21:13
ah ah, non... j'ai été prof, brièvement, c'est tout!
- Message
- Gouzi › lundi 18 décembre 2017 - 22:44
Ah ah ah, un débat sur "pourquoi les gens écoutent de la merde", c'est ça, en gros ? Alors, vos rappeurs la, c'est de la musique pour impressionner les gamins, non ? Le cas Jul qui a l'air de pas mal faire parler. Bon, alors les gars ( je fais dans la condescendance, mais je ne suis pas dupe , hein...) : indépendamment de la richesse musicale, ou verbale, de la complexité, de la recherche, de l'authenticité ( euh...) , la musique, c'est avant tout de l'émotion; et puis du spectacle , aussi. Le Jul, (alors je viens de le voir et de l'entendre ce soir pour la 1ere fois), déjà, avec sa tête commune de bon gars un peu pataud, ça facilite l'identification, non ? En plus les émotions ici, c'est ...ben....enfin en tous cas, elles parlent à pas mal, c'est assez jovial, bougif, peps pour ado et avec le petit zest éventuel de rébellion et de déprime pour ado d'aujourd'hui, non ? La bonne musique, les gens s'en foutent et ils n'y sont pas tous réceptifs (que ce soit dû à l'"éducation" ou (et) la sensibilité, l'intelligence) : ce qu'ils veulent, c'est des émotions relativement confortables qui ne les bousculent pas trop du quotidien, de la NORME, et pas des trucs qui ouvrent sur un autre regard ,des trucs parfois méchants, tourmentés, ou intello,complexes,hallucinés etc , comme ce qu'on écoute ici même . :) On est des monstres. C'est tout.
- Message
- merci pour le fusil... › mardi 19 décembre 2017 - 10:03
Au moins. Mais ça nous rend plus humain parait-il.