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Necroblaspheme - interview pour la sortie de leur album XXVI - the deeper, the better - mars 2012

par Stéphane › mardi 27 mars 2012


Style(s) : metal extrême / death metal

A l'occasion de la sortie de leur nouvel album "XXVI : the deeper, the better", nous n'avons pas pu résister à l'envie de retourner interroger les p'tits gars de Necroblaspheme qui nous ont répondu collégialement. Au programme, un bilan du chemin parcouru depuis leur première interview sur guts of darkness, les difficultés pré natales du nouveau né et des explications sur l'ensemble de leurs choix artistiques qui en auront dérouté plus d'un.

Et pour rappel :







1. La dernière interview du groupe sur guts remonte à plus de 6 ans maintenant. On va passer les présentations classiques pour nos lecteurs qui vous connaissent déjà, et rentrer directement dans le vif du sujet de votre évolution depuis cette dernière interview. Le premier point que je voudrais aborder, c'est "Destination : nulle part", qui est selon moi le premier gros tournant pour le groupe. Comment le voyez-vous avec du recul aujourd'hui, notamment par rapport à "Introducing pure violence", et mesurez-vous l'écart entre les deux ?

Tu peux voir « Destination : nulle part » comme le premier vrai tournant pour le groupe. Pour nous le véritable tournant c’est ce nouvel album. Avec le recul « Destination : nulle part » c’était une entrée en matière, un amuse bouche. Un moyen de se présenter au public, de montrer qu’on était capable d’oublier les influences qui étaient si présentes sur « Introducing pure violence » pour aller vers des horizons nouveaux tout en restant fidèle à tout ce que le style imposait. « Destination : nulle part » c’est l’entrebâillement d’une porte qu’on a voulu faire voler en éclat sur « XXVI : The Deeper, The Better ».

2. Je pense qu'avant même l'écoute de l'album, "Destination : nulle part" a marqué plus d'un death metalleux par l'artwork que vous avez retenu. Quel était votre objectif en choississant cet artwork et quels sont les retours (nombreux j'imagine) que vous avez eu ?

L’objectif de cet artwork tu l’as dit, c’était de toucher d’abord visuellement et de poser le préambule à l’écoute. Le message était clair, on voulait une pochette que chacun puisse interpréter à sa façon et qui avait un sens pour chacun de nous. Il fallait qu’elle véhicule une image de Necroblaspheme qui soit hors des sentiers battus et nouvelle. On a eu pas mal de retours dans des chroniques, chacun a donné son interprétation (comme toi dans la question suivante visiblement ^^ !!) et ça a en général bien eu l’effet escompté.

3. Ce monolith noir sur un paysage d'apparence paisible (qui en est l'auteur d'ailleurs ?) évoque pour moi la négation de la vie et du beau. Est-ce que vous diriez que la musique de Necroblaspheme s'inscrit dans ce schéma là, négatif et destructeur ?

Ca s’en rapproche beaucoup oui. On voulait retranscrire la musique en une violence abstraite, inconnue et un clivage, voilà les mots clefs en gros. Sinon, la pochette est une subtile création graphique de Lychar, le gratteux de Necro.

4. On note que votre nouvel EP "XXVI : the deeper, the better" est également marqué par une artwork peu conventionnel pour du death. Est-ce qu'il faut s'attendre à retrouver ce décalage à chaque nouvel opus, et surtout, est-ce que cette manière de se démarquer est la traduction d'un malaise par rapport aux approches plus... classiques ?

Qu’on soit clair, aucun de nous n’est mal à l'aise quand il sort de sa discothèque un CD de Morbid, Deicide ... à la pochette "classique", gavée de sang, de corps décomposés ou encore de têtes de mort et je sais pas quoi d'autre, épées, dragons etc... Ce n’est pas la question en fait. Le fait est que pour Necro on ne peut pas faire une pochette dans ce ton là, ce n’est pas possible parce que ce serait complètement inapproprié. On fait du death avec une approche contemporaine, on n’est pas dans le fantasme morbide, religieux ou le fantastique illusoire/hallucinatoire. On est dans le concret. Nos textes parlent de nous, de nos vies, de nos quotidiens et plus largement de la société et de notre place dans celle-ci. Ces pochettes, c’est notre vision illustrée de tout ça. Cela n'aurait vraiment eu aucun rapport de choisir une pochette avec des dragons ou des cadavres moisis. Tu vois j'veux dire ? ^^

5. Pour revenir sur le groupe en lui-même, vous avez connu un départ assez récemment. Que s'est-il passé ? Incompatibilité, ras-le-bol de l'intéressé ? Je crois que vous gardez toujours un contact très étroit avec lui, intervient-il encore de près ou de loin dans les activités du groupe ?

Le départ de Christophe, qui était guitariste dans le groupe, nous a réveillé. Il est parti pour des raisons personnelles. Avec un membre en moins les rôles dans le groupe se sont repositionnés et chacun a trouvé une nouvelle place qui lui a permis de créer. On a fait table rase des compos qu’on avait mis sur le feu et on s'est très vite remis à travailler sur du neuf. Le fait d'être à 4 a beaucoup accéléré le processus de composition. On a avec Christophe le même contact qu'avant, à la base on est tous un groupe de très vieux potes, donc rien n'a changé, mis à part qu’on ne fait plus de death avec lui :-( Il n'intervient plus dans les activités du groupe mais son avis compte évidemment beaucoup pour nous.

6. En tout cas, pour ce qui est du nouvel EP, le premier sans Christophe, je trouve que Necroblaspheme a franchit une étape supplémentaire en s'affranchissant d'un certain nombre de codes du death metal traditionnel et en s'aventurant sur des terres nouvelles. Penses-tu que le départ de Christophe aura été un mal pour un bien, voire même comme vous ayant permis de développer de nouvelles choses ?

Comme évoqué plus haut, le départ de Christophe nous a remotivé. On n’était pas freinés avec Christophe, loin de là, c'était vraiment un moteur pendant toutes ces années. Mais c'est sûr qu'à 4, on se retrouve sur des points communs différents. Après son départ on a encaissé le coup, on a traversé une période très floue, mais on s'est recentré sur l'essentiel, la musique. On avait encore énormément d'envie, c'était impossible de s'arrêter parce qu'il partait. Il fallait qu'on explore d'autres voies musicales et qu'on propose, qu’on se confronte. On s'y est mis d'arrache pied pendant une année. On a changé beaucoup de choses dans notre façon de travailler, on s'est vraiment imposé une dynamique très stricte, beaucoup de travail, beaucoup de sessions, une remise en question permanente à en devenir débile, et une volonté de faire quelque chose qui à chaque seconde nous corresponde, nous satisfasse, plus que jamais auparavant. Alors oui, on est allé loin dans la Fonce, on est allé chercher en nous des trucs nouveaux, on a exploré d'autres horizons et au bout du compte on a en fait la synthèse à travers notre prisme musical.

7. "XXVI : the deeper, the better", quelle signification donnez-vous à ce titre, et quel lien avec cette pochette une nouvelle fois bien étrange pour un groupe de death metal ?

L’album est dédié à un très ancien pote du bassiste et de zoupa (notre ancien batteur), décédé à 26 ans (XXVI) alors qu’on composait l’album, été 2010. Ils avaient commencé la musique ensemble, premiers concerts, premiers groupes quand ils étaient teen, pour ne pas les citer, Altaïr, Deny Life, GoreToxDisease … C’est un hommage à quelqu’un qui a compté énormément tout au long de ce parcours musical et dans nos vies. Cet évènement a influencé tout l’album. La pochette le résume, c’est le voyage d’un esprit vers ailleurs, sur une route inconnue, perdue, l’âme qui devient on ne sait quoi, quelque chose de non identifiable. C’est forcément abstrait. Il fallait figer cet hommage, tout ce passé pour toujours, par la musique. C’est chose faite.

8. Au delà de ma chronique et de nos quelques entrevues privées, je tenais encore à vous féliciter pour cet EP. Avez-vous eu d'autres retours des envois promotionnels réalisés, sont-ils positifs ?

Merci ! Oui les retours et les chroniques commencent à arriver en France et aux US. L’accueil est pour le moment super satisfaisant. On en parlait avec Francis « Germain » Caste l’autre soir. Quand on enregistrait on n’arrêtait pas de se dire, putain mais on fait n’importe quoi, on va passer pour des extrémistes personne ne va rien comprendre. En fait, ce n’est pas le cas ! Tout est en fait très lisible pour ceux qui l’écoutent, c’est très encourageant, on a l’impression d’être compris dans notre délire, ça fait bizarre.

9. Vous étiez sur Agonia records pour le précédent album, que s'est-il passé pour que vous soyez aujourd'hui à sortir "XXVI : the deeper, the better" par vos propres moyens ? Aura-t-on la chance de le voir dans un format classique (c'est à dire non promotionnel) prochainement ? Plus généralement, où en sont vos démarches avec d'éventuels labels ?

Pour l’expliquer à tes lecteurs, tu nous avais envoyé cette interview au moment de ta chronique sur Guts et on a choisis de la temporiser pour le faire au moment de la sortie de l’album. Et il y 6 mois, on avait déjà écrit la réponse à cette question. A l’époque on écrivait ceci : « prendre l’option de l’autoproduction ça serait s'enfermer dans quelque chose de très extrême, mais qui est en fait plus proche de ce que nous sommes ». On est 6 mois après. On a choisi de partir dans cette aventure de l’autoproduction et de tout faire de A à Z avec cette sortie prévue pour le 2 Avril en format digipack et avec une distribution en France par le label Season Of Mist. On a eu des contacts avec des labels, des propositions, mais ça ne convenait pas. On le savait depuis longtemps en fait, on avait envie de cette indépendance totale, de cette implication totale pour Necro, que ça soit plus encore. Donc voilà, maintenant on y est, l’album sera en téléchargement gratuit sur notre site internet : http://www.thedeeper-thebetter.com, pour tout le monde, pour que sa diffusion soit la plus massive possible. En parallèle, on le sort en digipack sur notre propre structure Deeper & Sons, créée à cette occasion. On verra bien, mais pour le moment le plaisir est immense.

10. Au sujet de cette structure, peux-tu nous en dire un peu plus ? Qui la gère plus particulièrement, ses objectifs (sortir uniquement du necro ?)...

Nous avons monté cette structure pour effectivement remplacer le rôle administratif que pouvait jouer le label. Cela nous est très utile pour “professionnaliser” le groupe : les orgas de concert ou les distributeurs nous demandent souvent de pouvoir émettre des factures, et il était donc indispensable d’être indépendant de ce côté la. Nous en sommes donc les exclusifs gérants. Ensuite, nous n’avons pour le moment que la volonté de sortir du Necro dessus, mais qui sait ? Il n’est pas du tout impossible qu’elle se développe un peu plus dans le temps et qu’elle nous permette de réaliser des sorties pour nos projets parallèles, ou d’autres groupes complètement externes. Ca serait un super kiff!! Cela reste cependant une activité qui demande beaucoup d’investissements (dans tous les sens du terme), et avec la sortie de notre nouvel album, ce n’est pas vraiment à l’ordre du jour...

11. J'ai comme l'impression qu'il y a eu beaucoup de frilosité de la part des labels à votre égard ? Est-ce dû selon vous à une santé plutôt précaire pour ceux-ci, avec les difficultés à faire vivre ce genre de structure ? Ou bien votre décallage artistique par rapport aux clichés habituels qui les rends timides et les déstabilise ?

On ne sait pas si les labels sont frileux à notre égard et ce serait vraiment fou qu'ils soient timides ou déstabilisés par nos pochettes. Mais cependant à titre d’exemple je vais te citer la réponse qu’on a eu, à l’époque où on croyait encore trouver un bon deal avec un label, elle vient d’Osmose Production qui nous a répondu « J'ai pas du tout aimé, j'ai d'ailleurs pas fini l'écoute entière tellement ça m'a dérouté, je peux pas bosser là dessus ». J’en dirais pas plus si ce n’est qu’on rigole encore énormément de cette phrase entre nous ! Quant à leur santé précaire, on n'en sait pas beaucoup plus. Ce qu’on sait de notre côté c’est que les deals proposés par les labels ne riment plus à rien. Donc on ne rentre même plus dans ces débats là, ils font ce qu’ils veulent, nous on s’autonomise et nike sa mère ! On donne notre album en téléchargement libre et on le presse nous même pour les gens qui sont encore intéressés par des CD physiques et qui veulent nous supporter dans notre démarche. On revient aux choses traditionnelles.

12. Sur votre EP, on note un son vraiment énorme qui apporte une ambiance très pesante et définitivement sombre. On note aussi du grain sur les parties de guitare, j'ai parfois eu l'impression d'écouter un bon vieux vynil. Comment s'est passé l'enregistrement de l'album, et comment êtes-vous parvenus à obtenir ce son ?

C'était mortel de bosser avec Francis « Germain » Caste. On avait enregistré notre premier album avec lui alors qu'il montait son studio en 2002, c'est également un très bon pote, donc la sauce était déjà prise avant qu’on arrive. Il a très rapidement compris ce qu'on voulait faire, le son qu'on voulait avoir. Il a su comprendre les morceaux et le style. Dès le début on a fait le choix de prendre un énorme parti pris sur le son des guitares, le son de la basse, le chant et l'ambiance générale. On s’est cherché pendant plusieurs jours. Y'a eu beaucoup de magie pendant cet enregistrement quand on a trouvé le son de guitare, celui de la basse, quand on a composé certains interludes avec Francis en studio. Un tout qui fait que l'album a une texture particulière. Pour la petite histoire les grattes ont été enregistrées sur un Marshall à transistor des années 70 complètement défoncé, volume poussé à mort, un son lourd, gros comme après avoir bouffé hyper vite quinze Quick à Belleville.

13. Il y a la pochette qui surprendra, mais aussi une reprise "the sound of silence" de Simon and Garfunkel. Pouvez-vous nous expliquer ce choix et qui en a eu l'idée ?

C’est une idée de Lychar, qui a eu au début, beaucoup eu de mal à l’imposer… En effet, il nous parlait de cette chanson tout le temps, il en était devenu obsédé ! Mais quand il est revenu avec ses maquettes, nous a fait écouter et nous pencher sur les lyrics, on a tout de suite compris où il voulait en venir. On voulait donc absolument conserver le sens et le thème de la chanson originale, qui allait vraiment dans le sens de l’album. On a donc axé le travail sur l’interprétation et le son, en s’efforçant de garder l’originale reconnaissable. On ne sait pas encore vraiment comment cela va être perçu, mais de notre côté, nous sommes vraiment satisfaits du résultat.

14. Seriez-vous des auditeurs passionnés de la musique des années 60/70 ? Avez-vous d'autres références dans le genre de Simon and Garfunkel ? D'ailleurs globalement, qu'est-ce que vous écoutez au quotidien ?

On a eu une phase de retour en arrière, et on a à peu près tous réécouté de la musique de cette période au moment où on composait ou enregistrait l'album. Les interludes entre les morceaux de l'album ont pour source d'inspiration quelques références de ces époques, Bowie, Floyd,... Globalement au quotidien nos goûts sont vastes, de Nostorious b.i.g à Lady Gaga en passant pas G.G Allin, Satyricon, One Life Crew, Bowie, Wu Tang, Arkangel, MPO, Aosoth, Casey etc etc ...

15. Que peut-on attendre et espérer pour vous dans les mois qui viennent ? Une tournée aux USA, une signature sur Universal et une participation aux MTV music awards ?

Espérons que cet album soit apprécié par le public ! Que dans un premier temps il soit très massivement téléchargé sur notre site à sa sortie (le 02 Avril 2012) et que dans un second temps, notre démarche soit soutenue par le public, que les gens achètent le digipack qu’on a pressé pour qu’on puisse continuer à fonctionner comme on le fait là. Des concerts, oui beaucoup espérons-le, on se bouge le cul à mort pour ça en ce moment, tous les contacts sont les bienvenus : necroblaspheme@hotmail.com.

16. Quoique l'avenir vous réserve, je vous souhaite bon courage, et je vous remercie d'avoir passé du temps pour répondre à mes questions. Je crois que les lecteurs de guts ont pas mal apprécié les titres du EP présents sur la toile, peut-être un dernier mot pour eux ?

Aux lecteurs de Guts, merci de votre soutien, continuez, on a besoin de vous : le digipack sera disponible le 2 Avril sur http://www.thedeeper-thebetter.com, l’album sera en téléchargement gratuit pour vous tous les amis ! Alors allez-y, servez-vous ! que ça tourne dans les platines et rendez-vous pour les concerts, c’est le plus important, c’est ce qui nous permettra de continuer ce qu’on fait, ce qui nous permettra de continuer de pouvoir proposer ce genre de contenus ! XXVI , but the next step to nowhere ! War. Mention spéciale, on vous remercie Guts de nous donner l’occasion de nous exprimer plus à travers cette interview et plus largement de votre soutien depuis toutes ces années !

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Dernière mise à jour du document : jeudi 29 mars 2012