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The Residents - Coopérative de mai, Clermont-Ferrand, 25/11/2017

par Rastignac › samedi 25 novembre 2017


Style(s) : ovni inclassable

The Residents. Je relis les chroniques de guts, je n’y comprends pas grand chose. J’ai écouté de ci de là, je ne situe pas vraiment, je suis perdu ! Il est vendredi, je suis crevé ! Mais en même temps je vis au milieu de rien du tout, y a dégun, on se fait chier, donc pourquoi ne pas se finir la cervelle devant l’imprévu à une heure de bagnole, un soir, à l’agonie ?


Je vous rassure de suite : grand bien m’a pris, très grand bien. J’avais acheté cette place bien en avance : mais en fait pas besoin, en entrant dans le hall, en ne se foulant pas pour trouver une place pour se garer, on se dit que ça ne va pas être overcroudéd. Je me commande une binouze, je bavarde, et je rampe vers la salle toute violette - je suis déjà on va dire à moitié dans un trip à la frontière du sommeil, ce qui va s’avérer une stratégie (hum) payante, dès le début du set. La fumée violette règne. Je lève les yeux, je vois un oeil. La musique d’ambiance pré concert va crescendo puis trois mecs déguisés en toubibs de pesteux médiévaux et vêtus comme des arlequins version racing club de France déboulent d’un pas confortable et dextre, tels des hérons. Puis une vache. Enfin, un gars habillé en vache, qui va passer une bonne partie du concert à remettre son museau en place. Il a les cornes, il a la combinaison moulante vache. Il a les lunettes de soleil à la Megadeth. Et il est INQUIETANT. Le concert va être présenté par lui, via cinq rêves, des courts métrages qui vont ponctuer d'images animées dérangeantes de la musique angoissante mais hypnotique aussi, ça tombe bien, je suis déjà en train de sombrer durant ces petits drones et branlettes de manche du guitariste qui s’avérera être un virtuose - dommage qu’ils se cachent. Je voudrais bien choper ce que tartine ailleurs ce mec, qui est une sorte de Marc Ribot vu de loin comme ça, capable de balancer des solos de hard rockeux comme des machins hyper stridents et dissonants, avec boucles et pleins d’effets mais tranquille comme s’il se grattait les burnes devant Thalassa, à l’aise, le Blaise. Un claviériste très statique et concentré, un batteur qui bat sur une batterie électronique : ces deux gars paraissent plus humain parce que bougeant un peu plus humainement que les autres. Quant à la vache : son jeu de scène, entre pathétique et flip intégral va se montrer à nous d’une double façon. Parfois façon mec bourré déguisé donc en vache pour une fête costumée ; parfois comme un Baron de l’Enfer sorti d’une fin de niveau de Doom 2. Un spécialiste me dira après cette sauterie que les morceaux étaient méconnaissables, beaucoup plus gutturaux et brutaux - donc, apparement, ne vous attendez pas en concert à des copies de ce que vous écoutez sur les déjà très inquiétants albums des Residents, tout semble remis sur le plateau, retravaillé - en tout cas, niveau scénographie c’est au poil, au carré, et l'interprétation est d’un nickel frôlant la perfection. Et surtout : cette musique est flippante à souhait. Grâce à cette vache qui va passer la quasi totalité de son concert à chanter d’une voix qui serait celle d'un Tom Waits se pinçant pour le punk hardcore, une sort de Lee Dorrian version je gueule, avec un coffre phénoménal et une agressivité dans la voix que j’ai rarement entendue dans un concert, même dans ce qui pourrait être la norme du death metal. Là on voit un gars, apparemment ancien vu comme ça nous foutre la misère pendant des temps assez longs, avec derrière de la musique oscillant entre blues, jazz de grande classe, bruit démoniaques, comptines d'enfants crevés. Les invectives, les reprises de leurs reprises notamment un dantesque « It's a Man's Man's Man's World » de J. Brown nous ouvre les grandes portes de la tourmente - et ces bourrasques de flammes se mettront seulement en pause quand s’ouvriront ces vésicules dégueulant des ouragans psychédéliques, connectant à nouveau un demi million de synapses lors des moments les plus forts, les plus aériens.

J’arrive maintenant au bout de mes moyens pour décrire cette expérience : le mieux est d’aller voir ce que ça donne, je vous le conseille fortement. Chez moi, ça fonctionne à très fort pourcentage. Ensuite, après le concert, pendant le concert, j’écoutais autour de moi la surprise, l’ennui, mais aussi l’extase intégrale… à vous de choisir.

Par ailleurs, vous pouvez participer au financement du prochain album en achetant leurs t-shirts ici :

https://www.pledgemusic.com/projects/theresidents

Dernières dates en Europe à Bourgoin-Jallieu ce soir, aux Abattoirs, et à Ludwgshafen (Allemagne) demain soir. Le moment, ou jamais.

Mots clés : residents, vache, mort, angoisse, trip, badtrip, hyperslap et rêves

Dernière mise à jour du document : samedi 25 novembre 2017