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MIRRORTHRONE - interview avec Vladimir

par Nicko › vendredi 16 septembre 2005

1/ Salut ! Pour commencer, peux-tu nous présenter Mirrorthrone, son parcours ?

Vladimir : Hello Nicko, J’ai donné naissance à Mirrorthrone en Juin 2000 avec l’idée de créer une musique passablement symphonique et beaucoup plus calme que ce que je faisais à l’époque au sein de mon projet brutal black death Weeping Birth. J’ai composé beaucoup de titres, pour une heure de musique environ mais je n’enregistrai en février 2001 que quatre d’entre eux pour une démo CD-R. J’ai invité sur cette démo une amie du nom de Marthe à venir poser sa voix sur deux des titres, mais c’est la seule fois où nous avons travaillé ensemble. Après cet enregistrement, j’ai fait une minuscule promotion en envoyant quelques copies à des magazines mais ce fut tout. Un peu désorganisé, j’ai mis ce projet de côté pendant près de deux ans tout en continuant à composer dans l’ombre. En décembre 2002, j’ai procédé à une série d’envois contenant l’ancienne démo et deux nouveaux titres à des maisons de disques et Red Stream a répondu positivement à ces enregistrements. C’est ainsi que l’album "Of Wind and Weeping" a vu le jour.

2/ Tu viens de sortir le premier album de Mirrorthrone, "Of wind and weeping", qui est en fait la réédition d'une démo, agrémentée de 2 vieux morceaux ainsi que de 2 nouveaux titres. Pourquoi n'as-tu pas sorti pour ce premier album que des titres 100% nouveaux ?

Vladimir : Red Stream tenait absolument à sortir les démos. J’étais personnellement opposé à cette idée car je ne considérais pas ces vieux enregistrements comme représentatifs du potentiel de Mirrorthrone à l’heure d’aujourd’hui. Nous avons finalement trouvé entente en nous accordant sur le fait que ce premier album contiendrait les démos, mais également des titres plus récents. Il y a donc au final 4 titres démos, 2 titres plus ou moins récents en version maquette (c'est-à-dire composés et enregistrés en un jour chacun, sans grand soin de ma part) et deux titres plus finis (mais également composés et enregistré en une journée, sans maquette avant). Je devrais ré-enregistrer le second titre de l’album "Florilège Lunatique..." sur le prochain album de Mirrorthrone ; c’est un tire qui me tient extrêmement à cœur et je trouve qu’aussi bien le son que l’interprétation pourraient être meilleurs.

3/ Tu crées toute la musique du groupe tout seul, où puises-tu l'inspiration et comment procèdes-tu pour écrire un morceau ?

Vladimir : Tu n’es pas le premier à me poser la question et je me trouve à chaque fois aussi démuni devant. J’ai peur que ma réponse soit un peu décevante, car il n’y a rien de bien extraordinaire à tout cela. Mon inspiration ne vient pas d’un lieu magique mais coule toute seule, sans que j’y réfléchisse beaucoup. Je me mets simplement derrière mon ordinateur avec mon programme MIDI ouvert et ma guitare sur les genoux et je commence à composer très rapidement, les rythmes et les mélodies s’enchaînent un peu à la manière des mots lorsqu’on écrit une lettre. Une fois la musique composée et enregistrée, je me jette sur la création des textes qui ne dure en général pas plus d’une heure et j’enregistre ensuite ce dernier élément. C’est pour moi une chose tout à fait naturelle ne me demandant pas d’effort particulier, en dehors du fait qu’il en résulte une certaine fatigue à la fin puisque je passe généralement entre dix et quatorze heures d’affilées sans souffler une minute.

4/ Ta musique est quand même très complexe, avec beaucoup de styles différents et beaucoup d'enchaînements. Ne penses-tu pas que cela pourrait en rebuter plus d'un ?

Vladimir : C’est amusant puisque ça rejoint un commentaire que j’ai déjà pu émettre à quelqu’un qui m’affirmait que je me commercialisais avec Mirrorthrone. Je lui ai répondu que la musique de ce projet était en réalité destinée à une frange encore plus étroite que Weeping Birth puisqu’elle était trop tiraillée de tous les côtés, instable et touffue. Pour répondre à ta question maintenant, je ne sais pas si c’est vraiment ma préoccupation. J’ai tendance à être relativement égoïste et à travailler avant tout pour moi-même. Le plus important est que mes compositions me satisfassent. Je suis conscient que les structures parfois alambiquées de Mirrorthrone, ajoutée au fait que je travaille avec une boîte à rythme, peuvent rendre son écoute difficile à plus d’un, mais je pense qu’il doit y avoir assez de personne en mesure de comprendre et ressentir quelque chose à l’écoute de ma musique.

5/ Comment s'est passé le deal avec Red Stream ? Pourquoi avoir choisi ce label ?

Vladimir : La question serait plutôt "pourquoi eux m’ont-il choisi" ? Je fais un peu figure d’exception sur leur catalogue, mais Patrick de Red Stream tenait absolument à sortir un album de Mirrorthrone. J’ai décidé de collaborer avec eux puisque c’est le plus gros label à avoir répondu, avec la plus grande habitude.

6/ Quel est ton sentiment sur les scènes metal et extrême en Suisse ?

Vladimir : Je n’ai pas vraiment d’opinion à ce sujet. Je respecte abondamment ce que des formations plus anciennes ont pu faire mais je ne suis pas du tout la scène helvète actuelle. Je ne fréquente à vrai dire aucune personne du milieu...

7/ Pourra-t-on voir un jour Mirrorthrone sur scène avec un line-up complet ou cela restera toujours TON projet personnel ?

Vladimir : Je pense qu’il restera ma chose, mais il y a plusieurs raisons à cela : je préfère premièrement composer et assembler des morceaux que de les jouer inlassablement. Ensuite je dois avouer ne pas être vraiment séduit par l’attitude du live en général. Je ne suis pas intéressé par jouer une pièce de théâtre, adopter une attitude sur scène... Mais surtout, la musique en général est pour moi un transporteur d’intenses émotions et je ne trouve pas que la chose soit aussi puissante sur scène que sur CD. Voir Hate Eternal sur scène est une putain de tuerie avec un Rutan complètement en transe, on en ressort démoli et heureux de l’être mais cet état final n’a rien à voir avec ce que je ressens personnellement pendant une écoute de leur album dans mon élément ; la possibilité de saisir la profondeur des compositions est dans ce dernier cas incomparablement accrue...

8/ Quels sont tes derniers coups de coeur musicaux ?

Vladimir : Je pense que le dernier album que j’aie acheté et qui m’ait vraiment satisfait à 100% a été le dernier Tori Amos "Scarlet’s Walk", sorti il y a environ une année. Déjà accro de longue date au travail de Tori, cet album est une véritable perle tant au niveau de la composition, que celui de l’interprétation et de la production. Autrement dans un style plus extrême : le dernier Emperor, "The Sham Mirrors" d’Arcturus, le dernier Myrkskog...

9/ Tu es très impliqué dans ce nouveau média qu'est l'Internet, tu es d'ailleurs le concepteur d'un bon paquet de sites web. Quel regard portes-tu sur ce moyen de communication ? Et sur les mp3 et le piratage ?

Vladimir : Je ne sais pas si j’appellerais vraiment l’Internet un moyen de communication. Je pense que la dénotation de base d’information est plus adaptée. C’est un outil extrêmement peu coûteux qui est utile aussi bien à celui qui veut propager une information qu’à celui qui en recherche, en dehors du fait que ce dernier devra en principe faire un tri énorme dans tout ce qu’il rassemblera (la plupart des webmasters de sites à prétention éducative n’ayant pas vraiment saisi ce que les terme rigueur scientifique et pertinence de l’information signifient), le net est un outil à portée de tous dans nos contrées et qui tend à se rendre accessible à toujours plus de monde à travers le globe. A ce niveau là, le web me semble être d’une grande utilité. Seulement ses revers ne sont pas moindres ; le piratage est l’un d’eux, mais il y en a d’autres (spam, spy, hack, sans parler des problèmes sociaux qu’engendrent l’abus de l’anonymat du surfer névrosé qui finit par vivre une existence schizophréniquement divisée entre sa vie normale et son (ses) cyber-identité(s) ). Mais dans le cas du piratage, qui est vraiment à blâmer ? Le net ? Ou les usagers peu scrupuleux qui n’hésitent pas à télécharger des tas d’albums et en empêcher ainsi bon nombre d’artistes et labels de survivre. Je pense que ces personnes n’ont pas compris qu’il serait plus respectueux de payer le prix pas fondamentalement élevé de l’album qui leur procure autant de plaisir afin de remercier l’artiste qui égaie des moments de leur vie par son travail. C’est comme si tout leur était dû...

10/ Quels sont tes futurs projets concernant Mirrorthrone ?

Vladimir : Enregistrer un album pour dans six mois, le sortir en principe chez Red Stream et après, voir... J’ai déjà largement abordé le processus de composition du prochain album, je pense même avoir assez de matériel pour en sortir deux. Je verrai comment j’organiserai la prochaine tracklist, je ne suis pas entièrement au clair là-dessus. Je peux en revanche déjà indiquer que les morceaux seront passablement plus longs, entre dix et vingt minutes chacun. Il y aura moins de tempos catastrophiquement rapides, le tout sera plus modéré, plus progressif. Les structures des morceaux seront encore plus compliquées.

11/ Peux-tu nous parler un peu de l'actualité de tes autres groupes, Unholy Matrimony et Weeping Birth ?

Vladimir : Volontiers puisque ces deux groupes sont en ce moment même d’actualités. Je commence par Weeping Birth (brutal black death) qui vient de sortir son premier album auto-produit "A Painting of Raven and Rape". Pour une raison qui n’est pas tout à fait claire dans mon esprit, le disque ne sort que trois ans après son enregistrement ce qui est je crois une assez belle performance. Néanmoins, en dépit de l’âge déjà avancé de ces compositions, je pense qu’elles sont totalement authentiques et méritent une écoute approfondie. Cet album représente énormément pour moi. J’en profite pour glisser ici que je recherche des distributeurs autour du globe, donc si quelqu’un est intéressé, qu’il n’hésite pas à me contacter. Pour de plus amples informations au sujet de ce projet, des MP3 et d’autres bonnes choses, je vous invite à faire un saut sur http://www.weepingbirth.com, site que je viens de redesigner pour l’occasion. Unholy Matrimony au goût du jour également puisque après la première autoproduction "Love & Death", je peux annoncer solennellement la sortie du second album "Misologie" chez Melancholia Records. L’album sera servi dans un beau gros digipack ornementée de paysages champêtres et lacustres variés qui raviront probablement tous les amoureux de la nature. J’espère que la musique sera à leur goût également, puisqu’elle est selon moi incomparablement meilleure que la réalisation précédente. Composé en deux semaines et enregistré les deux semaines suivantes (ce qui jure avec la période de deux ans sur laquelle s’était déroulé le processus de composition de "Love & Death"), "Misologie" est cette fois un album uni, intense et puissant. Le concept tourne, comme son nom l’indique autour de la misologie et l’entier des textes sont rédigés en français. Plus d’info sur http://www.unholymatrimony.com dès que l’album sort.

12/ As-tu l'idée de créer un autre groupe à l'heure actuelle ?

Vladimir : Ah ! Enfin la question que personne ne me pose. Et bien oui, après avoir fondé cinq projets de metal extrême, je suis en train de plancher un sixième qui cette fois s’en ira naviguer en des eaux plus calmes et qui devra mélanger une sorte de metal easy listening avec de la pop rock sympathique. Rien à voir avec ce que j’ai pu faire maintenant. C’est un test que je fais, je n’aime pas particulièrement ce genre mais je m’y attelle par défi. J’ai pour l’instant deux compositions et demi, à quatre je fais une démo et nous verrons bien où le vent me mènera. Le projet n’a pas encore de nom et comme je ne m’y reconnais pas du tout, j’ai beaucoup de mal à en trouver un. Douce ironie du sort...

13/ Pour avoir tout fait chez toi, tu dois certainement vivre dans un bunker avec l'équipement équivalent de l'Abyss Studio et du Morrisound, non ???

Vladimir : En fait, pas du tout. Je passe les 95% de mon temps libre dans ma petite chambre, en effet bien remplie, mais par des tas de choses étranges : un lit, une bibliothèque, un bureau, des monstrueuses piles de cartons remplis de CD’s de moi, un ordinateur, des guitares, des câbles partout, des rack, un ampli... mais au final, je n’ai que très peu de matériel pour mon son. A peine deux petits rack et un ampli. Je me débrouille a minima en m’achetant un nouvel élément lorsque mes économies durement gagnées à la sueur de mes clics de souris me le permettent.

14/ Je te laisse le mot de la fin si tu as quelque chose à ajouter.

Vladimir : Merci à toi pour cette interview, merci à ceux qui me supportent dans ma passion et salutation à la confrérie. J’espère que Mirrorthrone, ainsi que mes autres projets, pourront vous séduire d’une façon ou d’une autre et vous communiquer quelque chose qui vous satisfera en votre fort intérieur.

Mots clés : Mirrorthrone, Vladimir, black metal symphonique, interview, Nicko et Suisse

Dernière mise à jour du document : vendredi 16 septembre 2005