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Ensemble Aramis + Sharron Kraus + Rusalnaia

par Wotzenknecht › dimanche 14 septembre 2008


Style(s) : musique classique / folk / baroque

Ensemble Aramis + Sharron Kraus + Rusalnaia (Sonic, Lyon, 13/09/2008)

J’aurai vu et entendu de très belles choses au Sonic ce soir là, des choses que l’on ne voit et entend habituellement que le soir à 20h30 au Conservatoire, lorsque les ensembles ou les solistes viennent illuminer mes oreilles en quête éternelle de convalescence émotive. J’ai un faible pour la viole, cet instrument parent du violon qui a ce timbre si particulier, ‘entier’ pourrait-on dire ; il fournit des ondes chaudes et pleines, des drones perçants et lisses et une souplesse presque caoutchouteuse au son. Mais lorsqu’il est joué comme ce fut le cas hier, alors on peut se dire que la beauté convulsive survivra toujours. Il y avait tout d’abord son visage impassible, concentré à l’extrême, contrôlé jusque dans le moindre muscle et passant d’un état quasi-sculptural à une détente humaine avec une aisance déconcertante. Un mouvement de lèvre et le rythme reprenait; elle devenait Mouvement. Son bras à la tenue retenue, aux mouvements d’une rigueur aride dont la précision sans égale faisait dire à la viole qu’il était temps de se soumettre au meilleur d’elle-même. Et lorsque le morceau se terminait, elle retirait l’archet de l’instrument comme on enlève la flèche de son gibier, ne laissant sur le sol qu’un filet de sang reliant son extrémité à mon système nerveux foudroyé. Les autres musiciens avaient beau jouer, jouer si bien - ils n’avaient pas ce profil inhumain qui faisait barrage ; elle était seule sur scène et je n’étais pas le seul dans la salle. Peut-être n’aurai-je jamais le droit de la voir autrement que de profil, telle une image hors du temps que je viendrai dérober de temps à autre au détour d’une représentation. Donc la beauté convulsive existe encore, sachez-le ; et j’ai honte de traîner encore les pieds dans une parodie d’école d’art tout en sachant que les muses nous narguent sur le quai d’en face.
PS : Sharron Kraus c’était bien aussi.

Mots clés : dark folk et baroque

Dernière mise à jour du document : dimanche 14 septembre 2008

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