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Cyclic Law - interview avec Frédéric Arbour, gérant du label
par Marco et Nicko › dimanche 24 avril 2005
Fondé en 2002, ce nouveau label québécois a su faire bouger les fondations rigides des musiques ambient et industrielles en recentrant son objectif sur une intégrité sans faille dans le choix de ses productions. Le soin apporté à la sélection des artistes, au hasard des rencontres ou collaborations, se répercute sur la création graphique et l’habillement des productions Cyclic Law. Car ce qui caractérise ce label unique (comme Cold Meat Industry il y a quelques années) est sans nul doute une osmose parfaite entre visuels et sons pour chaque réalisation. Plus qu’une marque de fabrique, il s’agit du cœur même du label qui bat en harmonie avec chaque pulsation des œuvres de Sophia, Kammarheit ou encore Nordvargr/Drakh. Entretien avec Frédéric Arbour, fondateur de Cyclic Law.
1/ Quelles sont les circonstances de la création de Cyclic Law ? Ta vision actuelle du projet correspond-elle à ce que tu en attendais ?
Frédéric : L'idée de fonder ma propre ‘étiquette’ m'est venue lorsque j'ai finalisé le premier album d'un de mes projets musicaux nommé Instincts. J'habitais à l'époque (2001/2002) avec un vieil ami (Yvan Arsenault/Bustum) qui lui oeuvre dans l'art visuel et nous avions décidé de joindre nos deux formes d'expressions en un projet commun, à la fois musical et visuel, qui se réalisa par le split Instincts/Bustum et qui paru en Janvier 2002. Ainsi Cyclic Law fut fondé. La réponse à ce projet fut très positive et de nombreux contacts furent par la suite établis avec divers projets musicaux et autres labels/distributeurs de la scène Dark ambient/Industriel. Ce qui a finalement conduit à la sortie de la compilation ‘Nord Ambient Alliance’ avec Northaunt, Predominance, Instincts, Kammarheit et Svartsinn. C'est à ce moment que pour moi Cyclic Law a vraiment pris sa forme et sa direction artistique. Quand je regarde les 3 dernières années, l'état actuel des choses est largement au-delà de mes aspirations : le label a évolué de façon continue grâce aux merveilleux artistes qui ont eu confiance en moi et en ma vision, ainsi qu’à la réponse du public qui est des plus favorables. Je me considère déjà comme un homme comblé !
2/ Justement, les oeuvres des ces artistes font l'objet d'une attention toute particulière, notamment en ce qui concerne les visuels et les packagings. J'imagine que c'est un élément fondateur du 'concept' ?
Frédéric : Oui, à la base l'idée de présenter les albums en formats moins conventionnels était là, je déteste l'uniformité des "Jewel Cases" en plastique. J'ai voulu redonner au format CD le côté cartonné, texturé avec ses ‘gatefolds’ (pochettes ouvrantes ndlr), inserts, posters, odeurs etc. du format vinyle que j'apprécie beaucoup. Ainsi chaque sortie à son identité propre, plus personnelle à l'artiste. Je m'occupe de la conception des pochettes et la mise en page mais ce sont les artistes qui me proposent leurs images/visuels etc...
3/ Aujourd’hui, chacun des artistes sur Cyclic Law est à sa place sur le label, les packaging/visuels des albums sont tous d’un format différent tout en conservant une cohérence, une continuité que l’on peut retrouver dans toute œuvre artistique, notamment la peinture. Peut-on dire que c’est là ce qui rend Cyclic Law unique ?
Frédéric : Je crois que oui, vu que c'est moi qui conçoit les packagings et ce toujours en accord avec la vision de l'artiste. Il y a forcément une approche similaire et à la fois nouvelle d'album en album. Je tiens absolument à garder ainsi le plus longtemps possible les choses car c'est le fondement même de Cyclic Law, une approche visuelle qui rehausse le plus possible les sonorités proposés par l'artiste.
4/ A l’exception de l’américain Invercauld et de tes propres projets (Instincts, Visions), tu n’as édité que des artistes européens, et surtout scandinaves. N’y a-t-il pas de ‘scène’ digne d’intérêt au Québec ?
Frédéric : Il n'y a malheureusement aucun artiste qui a su piquer mon intérêt ici, il y en a plusieurs qui font dans l'expérimental mais cette forme, pour moi, manque de direction, de vision ou "message" concret de la part de l'artiste. Mon optique n'a jamais été locale non plus, j'aimerais bien qu'une scène se développe ici un jour mais je ne vois pas cette réalisation pour bientôt.
5/ Il faut donc espérer que la notoriété de Cyclic Law suscitera des vocations locales ! Depuis bientôt trois ans, l’intérêt que porte l’Europe au label ne fait que grandir, et beaucoup ne tarissent pas d’éloges notamment des structures comme Divine Comedy Records, pour ne citer qu’elle. Te sens-tu proche de ces labels, y trouves-tu une certaine communauté d’esprit dans leur vision de la musique ?
Frédéric : Hé bien le support que j'ai reçu depuis le début est simplement génial, une très grande amitié s'est développée avec de nombreux labels, distributeurs, mailorders, magazines, artistes et clients européens et à travers le monde. Le sentiment de communauté est très présent, chacun à sa façon de faire et donc chacun a sa place et je me sens privilégié de faire partie de cette merveilleuse communauté. La musique a un très grand pouvoir de rassemblement et c'est notre amour de celle-ci qui nous unit tous.
6/ Comment Sophia/Arcana se sont retrouvés sur Cyclic Law ? Il n’est pas toujours évident qu’un groupe confirmé fasse confiance à des structures plus modestes que celles auxquelles ils sont habitués…
Frédéric : Hé bien j'ai rencontré Peter en 1999 à Athènes en Grèce, lors d'un festival Cold Meat Industry. Nous sommes devenus de très bons amis depuis ce temps et lorsque Cyclic Law fut fondé et voyant la qualité des productions et artistes, Peter m'a demandé si je voulais sortir un album de Sophia, ce que j'ai bien sûr accepté avec plaisir. Par la suite Peter a quitté Cold Meat pour se consacrer à son label Erebus Odora et éventuellement se produire lui-même ; alors pour aider Erebus Odora à se remettre sur pied nous avons financé conjointement l'album "The New Light" d'Arcana. Mais Arcana demeurera désormais sur Erebus Odora, pour Sophia, le futur nous dictera. Une chose est sûre, c'est qu'il y aura d'autres collaborations entre nous.
7/ Que doit avoir de particulier un groupe/artiste pour se retrouver sur le catalogue ? Indépendamment des designs, penses-tu qu’il y ait un ‘son’ Cyclic Law ?
Frédéric : Hé bien la particularité première est que je dois bien sûr aimer sa musique et sa vision artistique. Cette musique doit avoir une grande qualité et doit permettre une certaine introspection ou un état d'abandon chez l'auditeur. Mes préférences sont pour une musique dite Dark Ambient ainsi que l'approche Neoclassique/Orchestrale. Je ne crois pas qu'il y ait un son typiquement Cyclic Law car chacun des artistes ont leur propre approche envers ces types de sonorités mais il y a par contre une ligne de conduite distincte, les fans peuvent toujours s'attendre à une certaine continuité dans les styles musicaux proposés. Cyclic Law se veut un label de musique spécialisé.
8/ Parallèlement à Cyclic Law tu viens de créer Twilight Foundation exclusivement pour promouvoir ton projet doom-metal Longing For Dawn. On te retrouve dans un registre plutôt surprenant : envisages-tu cependant un étoffement du label avec d’autres signatures ?
Frédéric : Je ne suis pas sûr de savoir où cette aventure Twilight Foundation va me mener : pour l'instant je concentre mes efforts sur la promotion de Longing For Dawn et je m'en tiens à l'idée de base de l'exclusivité. Par contre le destin décidera jusqu'où ira ce side-label mais ma priorité restera toujours Cyclic Law.
9/ A ce propos, comment as-tu choisi le nom du label ? Je trouve personnellement qu’il est on ne peut plus explicite, comme une sorte de vision paradoxalement immuable et changeante à la fois.
Frédéric : L'idée du nom m'est venue de ma fascination pour les "lois" cycliques qui gouvernent notre monde immédiat comme la naissance, la croissance, la dégénérescence et la mort, les phases du Soleil, les phases de la lune ainsi que les 4 saisons qui sont très marquées ici au Québec et ne cessent de m'inspirer. Ce sont tous des phénomènes à la fois en perpétuel mouvement mais qui semblent suivre un tracé strict et continu et du même fait gouvernent nos vies. C'est la loi cyclique de l'éternel retour. La rune Jera qui fait partie du logo de Cyclic Law est le parfait symbole pour résumer cette observation.
10/ J’ai eu vent d’un second volet de la compilation Nord Ambient Alliance : peut-on savoir qui sera à l’honneur cette fois ?
Frédéric : Oui, le second volet devrait sortir début 2006, je vais garder le même concept de 5 artistes, 2 morceaux chacun. Il y aura I.Corax, Gustaf Hildebrand, Land:Fire, Visions (mon projet solo) ainsi qu’un autre artiste qui reste à confirmer.
11/ Quels sont les albums qui t’ont marqué, ceux qui t’ont fait basculer dans les musiques industrielles et ambient ?
Frédéric : Ce qui a vraiment changé ma vie c'est lorsque j'ai découvert Cold Meat Industry il y a plus de 10 ans, des artistes comme Raison d'être, In Slaughter Natives, Arcana, Ordo Equilibrio etc. : j’avais enfin trouvé les sonorités que je cherchais. Mais ma toute première incursion dans le monde de l'ambient fut une cassette 8 pistes (format de cassette spécial de la taille d’un livre de poche.ndlr) de Jean-Michel Jarre que mon père avait lorsque j'étais tout petit ainsi que du vieux Pink Floyd que j'aimais beaucoup et qui ont contribuer à mon intérêt pour l'ambient.
12/ Tes futurs projets, et le mot de la fin ?
Frédéric : Pour ce qui est de mes projets personnels, dans le futur immédiat il y a la sortie de l'album "Lapse" de mon projet ambient, Visions, qui devrait paraître cet été ainsi que 2 concerts au Danemark et en Finlande en Juin, enfin travailler sur le second album de mon groupe doom, Longing For Dawn. Bien sûr il y a aussi plusieurs sorties de prévue sur Cyclic Law comme le nouvel album de Kammarheit, le nouvel album de Svartsinn, un nouveau de Gustaf Hildebrand ainsi que Northaunt et plusieurs autres. Pour terminer, j'aimerais te remercier Marco pour tout le support et l'intérêt que tu portes à Cyclic Law et ses artistes et pour cette agéable entrevue. Pour ceux qui désirent en savoir plus sur le label venez visiter www.cycliclaw.com
Mots clés : Cyclic Law, interview, label, Frédéric Arbour, Marco, Québec, Canada, ambient et indus
Dernière mise à jour du document : dimanche 4 septembre 2005
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