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Trilogie Rifters, de Peter Watts

par Saïmone › mercredi 10 avril 2013


Style(s) : ambient / metal extrême / doom metal

Alors comme ça tu pensais que la SF c'était pour les geeks ? Raté, la SF c'est aussi du sombre et de l’expérimental. Peter Watts est arrivé en France avec son dernier ouvrage, Vision Aveugle, qui a fissuré la gueule du fandom les deux pieds joints en plein sur le côté de la mâchoire. Fleuve Noir s'occupe du reste.

Vision Aveugle avait étonné pas mal de monde. De la hard-science (pour hardcore) avec des aliens et des psychopathes. Un truc qui avait l'air fun sur le papier, et qui s'est avéré bien plus que ça. Un traité de psychopathologie, de science physique, de science anatomique, de physique quantique. Ouch.

Fleuve Noir donc, fort de ce succès, a réédité aujourd'hui l'intégralité de la trilogie Rifters (et traduit par Mr Goullet, excusez du peu), disponible gratuitement sur l'internet par l'auteur lui-même. Un type sympa, ce Watts.

Je ne vais pas vous la faire exhaustive, ça n'aurait pas d'intérêt. Mais ici, seul Starfish mérite la pleine dénomination de "branlée". Les deux autres sont des lecture sympathiques, certes. Mais Starfish est d'un niveau totalement autre.

L'histoire ? Ça pourrait se résumer rapidement : dans les abysses (aux alentours de 10 000 mètres), une poignée de travailleurs (presque des ouvriers) s'amusent à entretenir l'énergie géothermique des installations sous-marines. Travailleurs bien entendu modifié jusqu'à cou, pour nager tranquillement dans les eaux noires et opaques des fonds marins.
Pour supporter la vie dans ce milieu extrême, l'Organisation a sélectionné avec amour une belle brochette de psychopathes, d'autistes, de traumatisés, de pédophiles, etc... histoire de garder un peu d'émulation, là, au fond. Et parce qu'ils sont les seuls à pouvoir supporter l'isolement total de leur mission.

Dire que l'ambiance est claustrophobique serait mentir. C'est bien pire que cela. Car ce qui commence comme un hui-clos dérape peu à peu vers un "hors-clos" encore plus insupportable : le noir absolu, le silence absolu des abysses, où rodent des monstres qu'on croyait impossible.
Tout y est : cheminée hydrothermale, souffre, pression. Menace perpétuelle de ses petits camarades sous marins. Il n'y a rien à quoi se raccrocher. Grand moment d'inquiétante étrangeté, quand les rifteurs commencent à vivre dehors. Qu'ils s'éloignent. Que leurs corps se liquéfient petit à petit, qu'ils deviennent des animaux, des poissons.

Je ne vous dévoile pas la suite des évènements, disons simplement que Watts clos son histoire (avec les deux autres tomes) en prenant trop son temps, malgré une tentative de sens of wonder qu'on pourrait qualifier de raté, mais l'essai n'était pas loin d'être concluant. Le truc de l'apocalypse, du virus mortel venu des profondeurs, de l'IA advenu comme singularité, ouais, ok. Cahier des charges, remplis. Mais on s'éloigne du sombrexissime Starfish, qui n'oeuvre pas dans la série B alors qu'il a tout les atouts pour. Starfish c'est du doom sous-marin, de l'ambiant au goutte à goutte.

Petite touche d'humour, l'index de fin, les références bibliographiques. Watts est un biologiste sous-marin avant d'être un écrivain. Alors il essaye de nous instruire. On rigolera jaune quand il nous dira "vous seriez étonné de savoir que je n'ai quasiment rien inventé concernant les monstres abyssaux". Gloups.

Depuis ce livre, j'ai peur de l'eau.

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Dernière mise à jour du document : jeudi 15 mai 2014

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