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Thurnin / Nathanael Larochette / Bear, the Storyteller - Fotomat', Clermont-Ferrand, 08/09/2024
par Rastignac › mardi 10 septembre 2024
Style(s) : folk / indus / dark folk
"Dis-moi, c'est quoi la dark folk ?" ALORS. Pour faire simple, c'est de la musique sombre, hein, on va pas couper les cheveux en quatorze et demi. C'est sombre, et c'est beau, ça peut être perturbant, et c'est surtout très hétérogène quand on regarde les têtes de pont du genre chroniqués au fil de l'eau depuis quasiment vingt-cinq ans, fouillez un peu, vous verrez ! Prenez le temps de remonter cette généalogie de curieux corbeaux de mauvais augure ayant voulu faire comme un autre revival, lorgnant vers une sorte de classicisme, mais aussi triturant les codes pour finir par étourdir l'auditeur qui ne sait plus vraiment comment classer ses petits.
Ceci étant dit : je me trouvai fort dépourvu de Grande Énergie en ce dimanche soir mais je me suis pris en main et décidai en âme et conscience de me bouger le fion pour un peu me cultiver, ça change ! Et ceci dans une salle que je ne connaissais pas encore, alias le Fotomat', un des derniers lieux culturels associatifs ayant émergé de la brume toute caoutchouteuse de l'atmosphère clermontoise que l'on aime tellement détester. Enfin, moi en tout cas.
Perdu dans une zone grise sous le viaduc Saint-Jacques comme seule Blaise Pascal City a le secret (partagé peut-être par Saint-Etienne ?), le Fotomat' consiste en un bar designé avec un style plutôt métal industriel (cf. bidons d'huile), avec de multiples affiches militantes et musicales postées un peu partout, dont une me rappelant que je vis près d'une imminente et gigantesque mine de lithium, y avait une grosse tête de mort sur le sticker, je devrais peut-être m'inquiéter ? La salle de concert ou d'expo, danse, conférences et causeries en lisant le programme est très cosy, très fraiche, bien aérée, avec une sorte d'éclairage rose / orange sur des murs blancs qui font que le lieu malgré ce béton et ce métal est très chaleureux.
La programmation ? Trois guitaristes, sous la bannière donc de la dark folk, venus de trois endroits différents, et qui se regrouperont pour jouer ensemble de très belle manière : Nathanael Larochette du Canada, Bear, the Storyteller des Asturies espagnoles, et Thurnin des Pays-Bas. Ils joueront chacun leur propre approche de cette musique très onirique, parfois inquiétante et vous plongeant franchement dans un jeu vidéo où des cascades de pixels viennent vous noyer au milieu d'une clairière, au fond de votre rêve de trois heures du matin, celui que vous oublierez. Pour résumer, au risque d'effacer les différences de style et d'approche des trois artistes, je dirais que j'aurais eu quand même droit à une avalanche de notes jouées doucement, on n'est pas chez Yngwie Malmsteen, on est plutôt du côté de Michael Cashmore ou certains Sol Invictus, à savoir un travail sur les harmoniques, sur les silences et les atmosphères qui laisse le temps au cerveau de digérer toute cette beauté étrange émanant de vibrations de l'air provoquées par le grattage de cordes par des ongles qui doivent résister à des tensions et pressions titanesques. Quelques fois les guitares seront accompagnées de musique enregistrée, parfois des boucles seront utilisées, mais les moments les plus forts resteront ceux où la seule guitare s'exprime, délivrant une musique d'une sobriété qui me ravira à jamais, le tout dénuée d'accompagnement vocal, à l'ancienne, enfin pour ce que j'ai vu, ayant raté un bout de la fin pour cause de blue screen of death interne.
Une très belle soirée en somme, qui m'a doublement ravi, à savoir : déjà, de la très bonne musique, la découverte de très bons musiciens que je ne connaissais pas, et la satisfaction de voir un paquet de gens se déplacer un dimanche soir pour un style qui est quand même bien, comme on dit, "de niche". Ça m'a poussé à donner 300 points de charisme de plus à cette ville avec laquelle mes relations sont difficiles depuis longtemps, vous savez, plus on se connait, plus on s'agace l'un l'autre... et puis, quelque chose encore qui m'a marqué, c'est qu'un style qui pourrait paraitre ne plaire qu'aux initiés folkeux du fond des bois fasse rappliquer un public aussi bigarré, de tous les âges, de toutes les chapelles - spéciale dédicace ceci dit en passant à la bande de black métalleux et leur sac à dos tintinnabulant !
Comme quoi, il suffit parfois de s'épuiser pour atteindre la satisfaction, au lieu de rester planté dans son fauteuil à regarder de loin les cendres du monde fumer. Ah !
La suite de la tournée, et quelques liens sur la salle et les artistes :
https://nathanaellarochette.bandcamp.com
https://bearthestoryteller.com/
Mots clés : dark folk, neo folk, fotomat et clermont
Dernière mise à jour du document : mardi 10 septembre 2024
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