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- au groupe / artiste Judas Priest
Rob Halford - Confess : The Autobiography (2020)
par dimegoat › mardi 9 juillet 2024
Style(s) : metal / heavy metal
Rob Halford live sa confession. De quoi s'attendre à du sang de moto et des larmes de metal mais que nenni car, avant toute chose, Rob Halford, Metal God, est un être humain terriblement normal.
Rob Halford est un mec normal, équilibré et modeste, ce qui est un net inconvénient au moment d’écrire ses mémoires de gloire du heavy metal. Comment rivaliser avec Ozzy dont l’autobiographie fourmille d’anecdotes que l’imagination la plus déviante ne saurait produire ? Rob, un type sympa, qui aime la pop et la famille royale. Heureusement, Rob a quelques défauts. Le premier, héritage de son milieu ouvrier fier et taiseux, est de combiner obstination et incapacité totale à gérer les conflits, aboutissant à quitter Judas Priest sur un simple malentendu. Rob aurait pu être auvergnat, cela ne fait aucun doute. Le deuxième est d’avoir abusé de drogue et surtout d’alcool jusqu’au milieu des années 80. Néanmoins, comme il n’est pas Miles Davis ou Ozzy, il ne chasse pas un démon par un autre. Non, Rob devient sobre et comme il est têtu, il tient bon depuis quarante ans. Ce n’est pas toujours facile mais il tient bon. Eh bien bravo, que dire ? Il fait plein de bons albums, des grosses tournées, passe sa vie entre Ibiza, Phœnix, Nassau et Walsall, devient très riche sans oublier d’où il vient et chérit ses parents. Oh, il y a bien un trou d’air lorsqu’il se lance dans une carrière solo assez médiocre avant de revenir dans le groupe comme si de rien n’était (oui, les autres membres de Priest sont comme lui, à part KK, un peu plus sanguin). Rien à voir avec Ozzy, vous dis-je. On se marre bien lorsqu’il évoque sa rencontre avec Elisabeth II ou celles avec Warhol, Madonna et Lady Gaga mais à part cela, on commence à se demander si la vie de ta voisine de palier n’est pas au moins aussi intéressante que celle de Rob.
En réalité, l’histoire du groupe n’est qu’une toile de fond qu’il tisse par principe mais sans passion ni détails car le véritable sujet du livre est son homosexualité. Il n’a aucun doute sur sa sexualité depuis la préadolescence, ce dont ont profité quelques prédateurs, et il n’a jamais essayé de s’hétéro-normer. Son entourage le sait mais n’en parle pas. Le groupe le sait sans doute mais s’en fiche royalement. Lui est terrifié par le fait qu’une sortie du placard anéantirait, non pas lui-même, mais le groupe. Cette peur irrationnelle est ancrée dans un tabou et une violence bien réels. Plus le groupe grossit, plus ce secret devient étouffant. Pendant que ses potes profitent de la vie de rock star puis de famille, lui écume les bars de routiers et te livre le mode d’emploi du gloryhole. Voilà à quoi est réduit Rob Halford, Metal God, dont la solitude extrême le pousse dans des chiottes glauques à la recherche d’un peu de compagnie. Son livre parle de solitude, de tristesse, de frustration sexuelle. Aux États-Unis, à San Francisco en particulier, il acquiert les codes de reconnaissance gays et commence à comprendre qu’il existe des lieux et des évènements un peu moins sordides pour vivre sa vie sentimentale et sexuelle. Il trouve même des compagnons qui, ironie du sort, sont généralement hétérosexuels. Il essaime des indices gros comme une maison dans ses paroles (Raw Deal, Grinder, Jawbreaker etc.) et s’étonne encore que les seules accusations envers les paroles du groupe furent des incitations au suicide ou à des pratiques sataniques, alors que Rob nous parle simplement de bites tellement grosses qu’elles pètent des mâchoires. Parental Advisory dans tes dents.
D’un livre sur les dingueries de mon groupe de heavy metal favori, je tombe sur une évocation sans tabou ni pathos de la vie d’un homosexuel qui doit, dans un premier temps, savoir ce qu’est l’homosexualité puis dans un second temps, savoir comment le vivre quand on est un personnage public incarnation du masculinisme. Le cuir et les clous, oui, c’était macho, comme avec Freddie Mercury. Avec une pointe d’humour british, Rob est fier de ce qu’il a accompli sans jamais oublier que le heavy metal est avant tout une grande fête pas très sérieuse. Il est le Metal God mais serait le premier à se mettre un chapeau à plumes sur la tête si jamais une statue venait à lui être érigée. Rob est un type normal qui a dû apprendre à vivre dans un monde qui l’est beaucoup moins et, rien que pour ça, je ne peux que conseiller ce livre à ceux qui aiment déjà Rob Halford et ont envie de l’aimer encore plus.
Mots clés : rob halford, judas priest et autobiographie
Dernière mise à jour du document : mercredi 10 juillet 2024
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