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L’Enfance Rouge + Joe Lally (Ex-Fugazi) au Marché Gare, Lyon, 21 Mars 2011

par Dariev Stands › dimanche 27 mars 2011


Style(s) : rock / noise rock

Je les avait ratés lors de leur précédente tournée, cette fois-ci, je tenais bien à y être. Leur précédent album, Trapaani-Haq-Al Waadi m'avait fortement surpris par son audace, et le petit nouveau, Bar-Bari, sort ces jours-ci. Un groupe qui nomme ses disques non pas d'après des lieux, mais d'après des trajets, ne pouvait que retenir toute mon attention, après la claque de ma découverte de Kampec Dolores...

L’enfance rouge est un groupe à part. Un trio franco-italien qui fait son petit bonhomme de chemin dans l’underground depuis plus de 15 ans, sans éveiller l’attention… Un underground qui prend ici tout son sens, puisque le groupe se sert des réseaux culturels « alternatifs » comme de galeries souterraines qui traverseraient toute notre planète, afin de faire des concerts un peu partout en Europe, mais aussi en Afrique et en Asie. Et pourtant, leur notoriété semble n’avoir jamais particulièrement décollé… Un paradoxe de plus pour un trio qui n’en a cure. Alors que leurs interviews et photos promos donnent l’impression d’un groupe en guerre contre le système de valeurs américain aujourd’hui irrémédiablement ( ?) dominant, il suffit d’aller leur parler pour rencontrer les musiciens les plus accessibles, communicatifs, simples et souriant qui soient. Même après une heure et demie de live pied au plancher. D’ailleurs, ils tournent avec Joe Lally, représentant justement cette « autre » Amérique, celle de Fugazi (dont il fut le bassiste) et des Minutemen, politisée et radicale, intelligente et curieuse. Aucune contradiction ici : l’attitude scénique des deux formations est similaire. A savoir, zéro esbroufe et effets scéniques minimums, la moindre parcelle d’énergie étant redirigée vers le public… Le marché gare, qui avait accueilli Cheveu trois jours plus tôt (autre concert mémorable, dans un tout autre style), était bien peu rempli pour deux groupes de cette qualité. Cela ne changera en rien la ferveur des participants. Joe Lally et son trio proposent une pop nerveuse, illuminée de sursauts qui rappellent forcément Fugazi, portés par un batteur très sec et un guitariste assez libre, comme Larry Lalonde dans Primus mais d’une façon plus ascétique. Lally joue du contraste entre cette énergie incroyable (on sent la filiation Fugazienne et ça fait du bien) et son petit filet de voix mélodieux, aussi posé et apaisant que ceux de McKaye et Piccioto étaient un électrochoc.

L’enfance rouge prend alors place dans sa disposition habituelle, si particulière : le batteur est sur le côté et regarde les deux autres, afin de mieux interagir avec leurs soubresauts. Le démarrage est un couteau planté dans le vif du sujet… Et ça ne s’arrêtera pas jusqu’au rappel. Pendant près d’une heure, le groupe enchaîne de nombreuses nouvelles compos, à priori plus nerveuses et rock’n’roll que les précédentes, à l’équilibre tendu entre riffs tailladés à la serpe et relâchements bruitistes. Jacopo, le batteur, parvient à accomplir le prodige de rester redoutablement groovy tout du long, quasiment sans pause. Même les passages déconstruits, ou ceux ou semble poindre une part d’improvisation (et il y en a beaucoup) gardent ce swing formidable. C’est comme si le venin du groupe, palpable sur disque, et créant une certaine distance avec l’auditeur, était ici transcendé pour ne devenir que pure électricité, violemment expulsée. Seul reste l’idéal du groupe, celui qui les pousse encore et toujours vers l’exigence et la liberté.

Mots clés : enfance rouge joe lally fugazy marché gare lyon

Dernière mise à jour du document : dimanche 27 mars 2011

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