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INNOCENT X - interview avec P. Fruchard, E. Bonhomme, C. Leboeuf

par Progmonster › mardi 13 septembre 2005

Innocent X

1/ Pouvez vous brièvement résumer votre parcours ?

Pierre Fruchard: Après divers projets qui resteront dans l’ombre, je rencontre Nicolas Repac en 1997 avec qui je réalise deux albums. J’intègre un peu plus tard le collectif Les Estrangers où je croise Cédric Leboeuf. Rencontre décisive puisque je m’invite au sein de son propre projet "à moi" et le convierai deux ans plus tard pour créer Innocent X. Entre temps, je vais croiser Etienne Bonhomme (2000) avec qui nous réaliserons le premier album de Natalia M.King. J’ai participé aussi à d’autres projets comme Duoud, Tanger, DJ Shalom ou plus récemment Nano.

Cédric Leboeuf: J'ai passé 5 ans à faire de la chanson rock façon Albert Marcoeur, avec le groupe La Boucle (Christophe Perruchi, Éric Thomas, Olivier Bickart). J'ai joué également avec Delaney sur une tournée en 1998. Puis sont venus Les Estrangers. Je crée en 98 "à moi", chansons et rock instrumental. Fusion immédiate avec Pierre qui nous rejoint. En 2000, Innocent X voit le jour.

Etienne Bonhomme: Je commence la batterie à l’age de treize ans et me plonge dans l’apprentissage du jazz. Dix ans plus tard je bois la tasse, je bifurque vers le rock et rencontre Pierre Fruchard. Très vite Innocent X voit le jour. Aujourd’hui, à la batterie ou à l’électronique. Concerts, performances, duo, groupes, projets etc.…

2/ La genèse : qu'est ce qui vous a poussé à faire de la musique ? quelle est le point de départ d'Innocent X ? quelle a été votre motivation ?

Pierre Fruchard: Il nous faudrait des pages et des pages pour répondre correctement à ce qui nous a poussé à faire de la musique…mais je pense que la raison principale, et je parle pour nous trois, est probablement la volonté de s’échapper, s’échapper du moule imposé (école, parents, comportements sociaux, etc…) avec la certitude qu’il y avait là un territoire où personne ne nous dirait ce que l’on doit faire… Le point de départ d’Innocent X est un concert improvisé particulièrement euphorisant qui nous a immédiatement donné envie d’aller plus loin et d’approfondir les possibilités du trio. Chacun a eu le sentiment de faire sa musique, de dire à trois ce qu'il ne pourrait dire seul. Inestimable sensation.

3/ Pensez vous avoir atteint (ne fût ce qu'en partie) vos objectifs ?

Pierre Fruchard: Nous en sommes très très loin !!…l’objectif principal est de sortir de France et d’aller respirer ailleurs afin d’abord de rendre ce projet viable parce que pour l’instant, il ne l’est pas du tout, ensuite de faire des rencontres qui nous amèneront vers d’autres horizons. Nous aimerions aussi nous frotter à d’autres arts comme la danse ou l’image…ce qui nous permettrait de travailler d’autres facettes d’Innocent X .

4/ L'accueil, plutôt positif, depuis la publication de "haut/bas" vous a-t-il apporté son lot de bonnes (ou de mauvaises) surprises ? une anecdote en particulier ?

Pierre Fruchard: Nous avons été très content de l’accueil fait à Haut/Bas mais un peu déçu par la frilosité ambiante…Pour faire vivre un projet en France tel qu’Innocent X, il faut se lever de bonne heure !!!… une heureuse surprise : la rencontre de Gaylor Olivier du fanzine/webzine aujourd’hui défunt merry.go.round. Entente immédiate autour d’un apéro/interview de… 2h30 chez lui à l’époque de Haut/Bas. Depuis il est devenu le manager du groupe.

5/ Où en est Innocent X aujourd'hui ? quelles sont vos priorités du moment ?

Pierre Fruchard: Innocent X s’épaissit lentement mais sûrement…de toute manière, lorsque l’on fait ce type de projet, il faut avoir beaucoup de patience…sinon, les priorités à court terme sont d’arriver à sortir Fugues à l’étranger et aussi de réaliser assez rapidement un troisième album où l’on développerait de manière radicale une de nos facettes que j’appellerais l’ambiant noise…

6/ Comment s'organise le travail au sein d'Innocent X ? partez vous sur des improvisations ou s'agit il essentiellement d'un travail d'écriture ?

Pierre Fruchard: Les deux méthodes sont chez nous souvent liées. La première étape peut partir soit d’une improvisation collective, soit d’un canevas proposé par un des musiciens puis, très vite arrive un travail d’écriture qui est la définition de la structure horizontale. Une fois que le canevas est satisfaisant, nous n’irons pas plus loin. En dehors de sa structure, sont souvent aussi définis les timbres utilisés…la palette sonore du morceau en quelque sorte. Je reviens sur la notion d’improvisation juste pour spécifier qu’il s’agit plus pour nous de composition instantanée que de réelle improvisation au sens où on l’entend habituellement.

7/ Innocent X : jazz, rock ou de la musique tout simplement ?

Pierre Fruchard: Rock

8/ Comment pourriez vous vous définir et est-ce que cela a une quelconque importance pour vous ?

Pierre Fruchard: Quelques grandes lignes peut-être : une approche assez mystique de la musique en ce sens qu’elle doit nous transporter…un rejet de la technique et du bavardage donc une musique assez pauvre…mais émotionnellement qui se doit d’être riche…un éloge de la lenteur…

9/ Sentez vous une possible filiation avec les travaux d'autres artistes français tels que Renz, Franck Vigroux, ou pour les plus connus Sylvain Chauveau (et son projet Arca) ?

Pierre Fruchard: Avec Sylvain Chauveau, par certains aspects probablement…un même souci de l’émotion et de la simplicité…il y a le matériau qui diffère et le fait que notre musique soit moins écrite, plus fragile ou sauvage, plus libre…je ne connais malheureusement pas les autres projets dont vous parlez.

10/ Vos critères esthétiques peuvent très bien s'adresser aux amateurs de musique post rock. est-ce une démarche délibérée ou une heureuse coïncidence ?

Pierre Fruchard: Une heureuse coïncidence…ou plutôt un constat partagé par d’autres musiciens sur une façon de faire du rock aujourd’hui.

11/ L'apport de chanteurs, et par conséquent de textes, traduisait il l'envie de faire passer un message en particulier ? si oui, lequel ?

Pierre Fruchard: Non, bien que nous ayons tous trois une conscience politique assez aiguisée…notre volonté première était surtout de se frotter au verbe et la présence de la voix humaine qui du coup allait nous permettre de changer d’angle de vue à l’intérieur de notre propre musique et réduire encore plus le matériau utilisé. Le risque lorsque vous voulez faire passer concrètement un message est souvent de nuire à la qualité artistique de ce que vous faites…la double casquette est un exercice périlleux dans un projet du type d’Innocent X. Nous l’avons tenté dans le titre « Comédie » qui offre un exemple d’aliénation de notre société et nous le ferons chaque fois que nous le pourrons…Ne négligeons pas non plus la forme qui lorsqu’elle invente représente aussi et d’une manière au combien importante une manière de résister…

12/ Innocent X : plutôt fataliste, réaliste ou plus simplement cynique ?

Pierre Fruchard: Lucide et aux aguets

Mots clés : Interview, Innocent X, Label Bleu, Haut/Bas et Fugues

Dernière mise à jour du document : mardi 13 septembre 2005

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