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Kindness, Wu Lyf, Memory Tapes , Samedi 24 Juillet 2010, Midi Festival, Hyères

par Dariev Stands › samedi 7 août 2010

Ça faisait bien longtemps que je n’avais pas assisté au Midi Festival, évènement annuel (et bientôt plus…) incontournable pour tout amateur de musiques indie dans le sud est de la France… Et pour cause : c’est quasiment le seul festival Indie du département. Un festival qui semble gagner en prestige chaque année, puisque désormais, il aura également lieu, sous une autre forme, en décembre, sans oublier les « midi concerts » tout au long de l’année, de plus en plus nombreux. Je vous avais parlé de celui de The XX dans ces pages il y a quelques mois. Pas de tête d’affiche aussi importante pour le midi festival de cette année (une affiche plus timide que d’accoutumée, d’ailleurs), mais l’ambiance si particulière toujours au rendez-vous.

C’est avec regret que je n’ai pu assister qu’à une seule soirée du festival cette année, ratant surtout les Vivian Girls le 23 Juillet, ainsi que Lee Ranaldo qui a de toutes façons sûrement fait dans la logorrhée de disto à la Glenn Blanca… Une soirée qui a en réalité commencé à 2h de l’après midi sur la plage de l’Almanarre, où une petite scène était installée pour accueillir 2 dj sets et 2 concerts (Memoryhouse et Toro y Moi), tous gratuits. Une bonne initiative à première vue, sauf que placée en plein milieu de la plage et surtout du mauvais côté des salins, la scène risquait fort d’être balayée par le vent dans cette zone assez venteuse (aucun arbre, juste des étendues de sable et la mer)… ça n’a pas loupé, le vent faisait joyeusement s’envoler le sable cet après midi là, et par conséquent les deux concerts furent annulés… Déception, surtout que Toro Y Moi était un peu le compagnon idéal de Memory Tapes qui jouait le soir même, les deux étant assimilés à la scène « chillwave » par la presse… D’autant plus que ces groupes sont probablement capables d’assurer un set entier avec leurs machines, sans craindre d’avaries dues au sable. Mais bon, dans un cadre pareil, rien n’est grave, alors personne n’a boudé son plaisir : se baigner en se faisant fouetter le corps par des vagues pendant que la sono diffuse du New Order ou de la dreampop à quelques mètres restant un privilège qu’on a pas tous les jours de l’année.

Je pensais donc en toute logique me rattraper sur les concerts du soir (et eut l’espoir fou un instant que Toro Y Moi y serait reporté aux côtés de Memory Tapes…), mais c’était sans compter sur LA mauvaise idée de la soirée (vous savez, ces mauvaises idées qui vous pourrissent toute une nuit) : Aller au midi festival en voiture. J’en confesse la paternité, un peu inquiété par la fermeture des préventes en fin d’après-midi, craignant un site complet si nous arrivions trop tard… Vous qui nous lisez, si vous compter vous rendre au festival lors d’une prochaine édition : de grâce, venez à pied. Après une petite heure à donc, tenter de nous garer à flanc de colline, nous arrivâmes pour la fin du concert de Kindness. Pile pour une suite de reprises exquises, allant de All Apologies de Nirvana à Music Sounds Better With You de Stardust (parlez moi de madeleine…), en passant par Teardrops de Womack & Womack – idée piquée à The XX ? Une voix soulful sur un dub bien sirupeux et électronique, rien de très ambitieux en somme, mais c’était vraiment pile poil ce qu’il fallait à cet endroit et ce moment-là. On savait que l’ambiance allait changer du tout au tout avec Wu Lyf, groupe-mystère qui n’avait jusqu’ici dévoilé qu’un Myspace vide, une allusion au Wu-tang clan et quelques rares morceaux. Seule photo disponible : une bande de hooligans cagoulés. De Manchester, c’est tout ce qu’on savait. Et finalement, c’est avec une grande spontanéité et simplicité qu’ils ont délivré leur set, sans cagoules. Une bande d’ados à peine pubères, en fait ! Ou du moins c’est à ça qu’ils ressemblaient vu du fond… L’identité cachée, c’était donc pour ne pas qu’on les juge à l’age ? Tous ont le sourire aux lèvres et énormément d’énergie à expulser, surtout le chanteur, assis à l’orgue mais hurlant à pleins poumons d’une voix de jeune louveteau éraillée… « ODB, rest in peace » finira-t-il par lancer à la cantonnade... Ce qui chez d’autres paraîtrait ridicule sonne d’une naïveté et d’une fougue qui fait plaisir à voir chez eux. Mention spéciale au guitariste, statique mais véritable orfèvre de ce boucan finalement inclassable, mariant chant hurlé juvénile et écho presque shoegaze… Ce fut finalement le concert de la soirée, et l’exact antagonisme de la performance de Memory Tapes tant attendue qui suivit. En effet, Memory Tapes, c’est un avant tout mec seul dans son home studio, chez lui, entre sa femme, son ordi et son chien. Et ça s’entend. Pas que le concert fut mauvais, loin de là, mais on attendait un signe qui laisserait penser qu’il était content d’être là. Aucune attitude scénique, donc, une certaine gène palpable même, mais à l’inverse de Wu Lyf, les compos sont vraiment solides derrière. A l’image de ce batteur énergique qui essaie tant bien que mal d’injecter un peu de sel à ce set, on peut parler d’assise confortable, que la voix un peu trop faible (une voix de home studio, quoi) n’a pas entaché… Swimming Fields, Bycicle et Green Fields sont de trop bonnes chansons pour ne pas faire mouche. Il faut cela dit attendre Plain Material pour avoir un peu l’impression d’assister à un concert et non une répète, avec les boucles gérées par le batteur sur un laptop tandis que le leader assure le maximum à la guitare. On apprécie la tentative de « rockiser » un peu le tout mais… Le contraste avec Wu Lyf est trop cruel. Cruelle aussi, finalement, cette époque où le seul revenu pour le musicien qui veut vivre de son art réside dans les tournées, même quand ce musicien préfère, de son aveu, rester avec sa femme dans sa verte campagne… Il n’en reste pas moins que ces chansons imbues de nature, justement, ont fait mouche dans la pinède du midi festival. Une certaine illustration de la différence, jadis palpable et incontestable, entre approche rock et approche pop. Rendez-vous pour les concerts d’hiver, espérons-le !

Mots clés : midi festival wu lyf memory tapes kindness hyères var indie

Dernière mise à jour du document : samedi 7 août 2010