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50 ans de Serge Modular au SMEM avec Thomas Ankersmit & Francisco Meirino

par Cinabre › lundi 17 avril 2023


Style(s) : musique électronique / musique électro-acoustique / musique électronique contemporaine

50 ans. 50 ans que Serge Modular produit ses machines étranges dont « le design intemporel », nous rappelle Thomas Ankersmit, marquera de son empreinte sonore les deux concerts de cette soirée anniversaire très spéciale au musée du SMEM.

On commencera par l’artiste Lausannois Francisco Meirino. Et quel début! Des basses vrombissantes qui émanent d’un piezo parti en boucle de feedback… à en faire trembler les murs et le socle des enceintes! Je reste tétanisé. On se sent petit face à un tel minimalisme, une telle vibration cosmique au relent d’absolu. Le drone s’assouplit, se tourne et rêve. L’artiste lui, les jambes croisées, ne détache pas les yeux de son système son. Farouchement déterminé à nous en mettre plein les oreilles, il respire doucement, et manoeuvre sa matrice, le système nerveux de son set-up, avec beaucoup de soin. Le son est déjà en mouvement, oscillant autour de fréquences résonnantes de l’espace de la performance, guidé ça et là par ses mains agiles à l’aide d’un égalisateur à bande. Le temps fait des bonds puis s’arrête. On est enveloppé dans un univers, quasi-claustrophobique. Un espace immense qui nous sert et nous compresse de toutes parts. Puis l’étau se desserre… de longues traînées analogiques apparaissent et disparaissent lentement comme des filaments et des parasites impromptus viennent briser la monophonie du synthétiseur. Le volume, sans protection, est à peine supportable. La tension est toujours là et rien ne lui échappe. Soudain sa machine semble pousser un cri et les basses fréquences reprennent leur place centrale pour finalement se retirer définitivement de la scène. Francisco Meirino, le sourire aux lèvres, enlève ses lunettes l’air de dire: « vous n’avez encore rien vu ».

Une brève pause et Thomas Ankersmit prend le relais. Son charisme est indéniable. Chaque geste, chaque mot semble calculé, savamment pensé avant son exécution et dénote une fausse légèreté qui n’enlève rien ni à son aplomb, ni à son assurance. Aidé d’un ordinateur portable avec lequel il a préparé des séquences avec des échantillons de son instrument, il lance la première. Quelques notes réverbérées nous assaillent avec une beauté saisissante. Une mélodie abstraite se dessine lentement mais ses contours disparaissent rapidement pour laisser place à des drones brillamment exécutés. Des bruits purement analogiques, contrairement aux incursions de l’artiste précédent, viennent texturer son travail de montage avec beaucoup de subtilité et de mesure. Le ton est plus libre. Plus serein aussi. L’amplitude, plus douce. Et l’artiste nous emmène de mouvement en mouvement sans jamais détourner son regard de ce qui semble être l’intérieur de son âme. Un voyage hypnagogique avec les étoiles d’une richesse remarquable dont votre serviteur peine à retranscrire la mesure. Au bout d’une petite heure, l’artiste, satisfait, relâche son attention et brise enfin le silence, indiquant la fin de la performance et entraînant les applaudissements du public abasourdi.

Une soirée mémorable pour une occasion qui l’est tout autant. Bravo le SMEM! Chapeau les artistes!

Mots clés : SMEM, electro, electro-acoustique, Serge, Modular, anniversaire et 50,

Dernière mise à jour du document : dimanche 28 janvier 2024

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