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DERNIERE VOLONTE

par Iormungand Thrazar › samedi 2 septembre 2006

Discussion avec Geoffroy, fondateur du projet dont le nouvel album intitulé « Devant le miroir » paraît à la fin du mois de Septembre 2006 sur le label Hau Ruck !

1.La rituelle question biographique. Présente-nous la genèse du projet Dernière Volonté, du tout début jusqu’à la première sortie, à savoir “ Obéir et mourir ” en double cassette chez La Nouvelle Alliance il y a maintenant huit ans ?

Pour être plus précis, Dernière Volonté existe depuis 12 ans, mes débuts officieux remontent donc à 1994. C’est donc durant cette année et avec peu de moyens que j’ai enregistré une cassette (‘Résistance’ que je n’ai jamais publié) assez bruitiste sur laquelle j’avais mixé des rythmes militaires, des ‘cut-up’ et des basses synthétiques. Pendant plusieurs mois, j’ai expérimenté différents procédés d’enregistrement (ralenti, inversion, distorsion et cut-up) et comme je n’avais pas le moindre sou pour m’acheter un sampler, je faisais mes propres ‘loop’ via des bandes magnétiques coupées et collées. C’était vraiment complexe mais il y avait une vraie ‘dynamique’ dans le son, et un résultat tout à fait surprenant. Evidement les bandes s’abîmaient et se détendaient et ça transformait vraiment la tonalité de ce qui était enregistré (c’est un procédé que j’ai gardé par la suite notamment pour Obéir et Mourir). Une fois que j’avais une base sonore satisfaisante, tous ces sons étaient ensuite traités via un rack d’effet pour guitare et réenregistrés. J’aimais vraiment ce qui sortait de ces bobines et de ces machines, c’était nouveau pour moi et très stimulant. C’est après cette période expérimentale que j’ai enregistré les premières maquettes de Obéir et Mourir.

2.Quel était ton but en créant ce projet, à la fois au niveau musical et au niveau conceptuel ?

Il n’y avait pas de but précis. Je voulais simplement faire par moi-même quelque chose que j’avais envie d’entendre.

3.Première sortie donc en 1998 avec “ Obéir et mourir ”. Avec le recul de ces huit années écoulées, quels souvenirs gardes-tu de l’enregistrement qui marquait la naissance de Dernière Volonté pour les auditeurs ?

Je n’ai pas vraiment de bons souvenirs sur ces enregistrements, je crois qu’il y avait trop de choses négatives dans ma vie et cela en a profondément affecté le contenu sonore. A l’origine O&M devait être une réflexion de fond sur les sentiments d’un homme jugé pour crime contre l’humanité et l’idée m’en était venue après la lecture du livre autobiographique de Speer. Mais voilà, après deux ans de travail je me suis rendu compte que je m’étais très nettement éloigné du concept de départ. Que la thématique initiale avait laissé place à un gigantesque patchwork d’ambiance sur la période 33/45 et peu d’enregistrements sur la source même du thème. D’un côté, j’avais des heures de bobines et pas mal de titres qui attendaient de voir le jour et de l’autre, j’étais rongé par le doute de n’avoir pas suffisamment étoffé le concept, d’avoir cédé à une ‘vulgarisation’ de la thématique initiale en éparpillant ma première idée. En Juillet 1997, j’étais tellement démotivé (pour d’autres raisons également) que j’ai enterré Dernière Volonté et tout le matériel associé. C’est seulement au début de l’année 98 que j’ai eu l’énergie nécessaire de continuer et ainsi finir les derniers titres de ce qui allait devenir la double cassette Obéir et Mourir. A ce moment là, La Nouvelle Alliance (label que j’ai quitté en 2004) venait de se créer et il était temps de se rapprocher de la ‘lumière’.

4.Qu’en penses-tu à ce jour ? Es-tu fier qu’un label (Nuit et Brouillard en l’occurrence) ait décidé de le rééditer sept ans après sa sortie ?

Aujourd’hui, j’ai suffisamment de recul pour ne pas renier cette période mais pour admettre qu’elle n’a pas été la plus révélatrice ni la plus novatrice. Je m’étais beaucoup intéressé à l’expérimentation du son mais j’avais refoulé mes vraies racines, ma vraie nature et je crois que c’est cette phase très sombre de mes débuts tant au niveau de l’ambiance que du thème qui a plu à Sylvie et Stéphane. Nuit et Brouillard a, visuellement, parfaitement bien restauré l’ambiance générale de cette réalisation car c’est un travail qui a demandé des mois de réflexions et d’essais graphiques. Stéphane et Sylvie ont une approche très précieuse des conditionnements et cela a pour effet de sublimer les disques qu’ils produisent. Il y a eu de leur part un réel investissement personnel et une vraie recherche d’originalité pour le packaging de ce Double CD. En fait, il fallait tout repenser car nous ne voulions pas reproduire en toute simplicité le conditionnement original de la double cassette (que nous n’aimions pas). Le ‘remastering’ du son a , quant à lui, demandé plusieurs mois de travail car il fallait dépoussiérer et ‘digitaliser’ chaque titre. Une bobine analogique vieillit très mal, elle se gonfle de souffle et surtout avec le temps elle peut se détendre. Grâce au ciel, la quasi-totalité de mes archives a toujours été très bien conservée. C’est en reprenant chaque bande que je me suis rendu compte que j’avais enregistré pas mal de morceaux et versions alternatives et qu’une partie d’entre elles étaient finalement exploitables sous leur forme d’origine. Je suis très satisfait de ce résultat sachant que toute la musique a été, à la base, enregistrée avec un magnétophone 4 pistes...

5. “Obéir et mourir ” fut donc une sortie remarquée puisque le label autrichien Hau Ruck décida de t’enrôler dans son équipe. Raconte-nous comment cela s’est passé ?

Je ne sais pas si l’on peut parler d’une sortie remarquée avec à peine 90 copies du tirage d’origine (il n’y a jamais eu 120 copies)? Mais oui, Albin avait apprécié certains titres de ces cassettes et m’en avait fait part via une invitation à rejoindre son label qui hébergeait seulement Novy Svet et Co Caspar. Après 4 mois de travail je lui ai envoyé un DAT de plusieurs titres et il a retenu les 4 meilleurs pour en faire un single, la référence HR !5 (ndlr : single intitulé “ En avant ! ”). J’imagine qu’il devait être satisfait car il m’a re-contacté peu de temps après pour me proposer un CD sous HR !/World Serpent puis finalement HR !/Tesco. Le Feu Sacré était alors prêt à voir le jour.

6.Es-tu satisfait du travail de ce label à l’égard de ton projet ?

Je suis satisfait du travail de Hau Ruck ! Albin me laisse une très grande liberté sur mes choix artistiques et sur mes projets et ça pour moi c’est capital. HR ! est devenu avec le temps un label important pour moi au point que je n’envisage aucune sortie d’un disque de Dernière Volonté sans son soutien. Tant que HR ! existera, Dernière Volonté ne saurait se dissocier de ce dernier. Je dois préciser également que Hau Ruck est un des rares labels (avec Nuit et Brouillard) qui paye les artistes dans la plus grande transparence, ce qui est aujourd’hui rare et appréciable.

7.En 2000 paraissait “ Le feu sacré ”. On ressent une nette évolution vers quelque chose de plus mélodique et accrocheur. A l’écoute de cet album et de son successeur, c’est encore plus flagrant, j’ai l’impression que “ Le feu sacré ” est un véritable passage de témoin entre les racines de Dernière Volonté, symbolisées par “ Obéir et Mourir ” et l’évolution de “ Les blessures de l’ombre ”. C’est à dire que l’on retrouve des morceaux dans la mouvance d’ “ Obéir et mourir ” et d’autres qui annoncent la teneur musical de l’opus suivant. Suis-je un tant soit peu dans le vrai quand tu jettes un regard sur cet album (même si à l’époque de sa sortie, tu ne te rendais probablement pas compte, “ les Blessures de l’ombre ” n’étant pas encore composé) ? Te rendais-tu compte de la mutation de ta création musicale à ce moment ?

Tu es parfaitement dans le vrai, Le Feu Sacré a été une transition importante pour Dernière Volonté. Bien sûr, je ne voulais pas d’un autre Obéir et Mourir et je sentais déjà qu’il était temps de passer à autre chose, d’apporter une identité plus forte à ma musique. Son enregistrement a commencé juste après la double cassette, avant même l’enregistrement du premier single sur HR ! A l’origine, Le Feu Sacré était censé apparaître sur un autre label (Dictature) mais je me suis rendu compte au dernier moment que cela n’était pas un bon compromis pour moi comme pour eux. HR ! est arrivé et a raflé le projet ! C’est durant les premières sessions d’enregistrement de cet album que j’ai choisi tout naturellement d’utiliser ma voix et de structurer ma musique pour qu’elle soit moins austère et plus personnelle. Ce n’était pas vraiment facile car je n’avais aucune expérience de l’écriture et encore moins du chant. Même si la production laisse à désirer, Le Feu Sacré reste un témoignage de mes premières errances vocales.

8.“ Les blessures de l’ombre ” parait en 2003. Trois ans de gestation pour ce que je considère comme un chef-d’oeuvre (avec la sortie de 2 eps entre temps). Le processus de composition de cet album a-t-il été long ? Penses-tu qu’avec cet opus, Dernière Volonté a réellement imposé son identité dans le sens où l’on ressent des compositions très homogènes, là où les productions précédentes l’étaient peut-être moins sur la totalité d’un album ?

Merci pour ton agréable compliment. Le processus de composition pour ‘Les Blessures de l’Ombre’ n’a pas été si long que cela, il faut croire qu’à ce moment là je n’étais pas aussi difficile que maintenant. J’ai surtout travaillé pendant plusieurs mois pour définir un ‘son’ plus ‘personnel’ et intimiste à Dernière Volonté. A l’origine, cet album devait sortir en Juin 2002 et puis au dernier moment, je l’ai retardé car il ne me convenait pas. Il me semblait trop facile, trop prévisible. J’ai alors tout repris et je me suis donné une année de plus pour le finir. 2 ans et non pas trois, c’est finalement très court pour donner naissance à un projet aussi radicalement différent. Malgré un soin évident apporté à ce disque, certaines erreurs sont malheureusement perceptibles et il m’est bien difficile de le réécouter sans lui trouver tous les défauts du monde. Effectivement ‘Les Blessures de l’Ombre’ est une étape capitale dans l’existence de Dernière Volonté et j’ai compris par cet album que j’avais au fond de moi plus de ressources que je ne l’avais imaginé. Pour la première fois, il m’était enfin possible d’écrire de vrais textes sur une musique beaucoup plus intimiste. Je pouvais enfin faire ressortir mes influences les plus profondes et livrer un disque qui me ressemblait vraiment.

9.Une question qui mène donc à l’avenir de Dernière Volonté. Depuis trois ans, j’imagine que tu travailles à un nouvel album. Souhaites-tu nous en dire plus là-dessus ?

Un nouvel opus est en préparation et devrait sortir chez HR ! pour la rentrée prochaine. (ndlr : ce disque s’intitulera “ Devant le miroir ”, à noter qu’un split ep spécial regroupant Dernière Volonté et Der Blutharsch est également paru peu avant). Je viens juste d’en finir le mixage et le mastering avec Pierre. C’est un album qui est en gestation depuis 2003 alors il m’a fallu beaucoup de temps pour retraiter le matériel écrit durant tout ce temps et lui apporter une vraie structure. La thématique générale s’est articulée autour d’une œuvre littéraire et cinématographique très importante pour moi.

10. Vas-tu continuer dans cette pop militariste, appellation que je trouve bancale (comme toutes les étiquettes finalement, souvent réductrices) mais qui sied plutôt bien aux “ Blessures de l’ombre ” ?

Dernière Volonté continue dans une voie ‘dynamique’, que ce soit pop ou n’importe quelle autre appellation ! Je ne veux pas appartenir à ce registre ‘neofolk’, ‘indus’ ‘orchestral’ ou je ne sais quoi... Ma musique doit être une recherche permanente et ne pas se limiter à un style prédéfini, c’est capital ! Military pop… je ne sais plus quoi en penser… Je ne sais pas si je peux qualifier ma musique comme ça aujourd’hui ? Peut être est ce devenu un genre à part entière ?

11. D’autres projets en vue peut-être, concernant DV ou pas ?

Les futurs projets se mettent en place et doucement l’avenir se dessine. Outre le prochain album, un autre projet avec Pierre se dessine naturellement. C’est dans une veine plus minimaliste, plus ‘discomutant’, et donc nettement plus rythmée. Les textes sont différents de ceux de Dernière Volonté, plus ludiques et teintés d’une certaine forme d’humour. Hau Ruck a naturellement été choisi pour héberger ce projet qui devrait voir le jour en fin d’année.

12.J’ai vu une video (bootleg) d’une demi-heure apparemment filmée lors de ton concert à Bruxelles en 2002. Est-elle arrivée jusqu’à toi ?

J’ai vu une partie de cette vidéo et j’ai surtout gardé un souvenir très chaotique de cette soirée. Pierre et moi étions au plus mal dans nos vies respectives, chacun avait à ce moment là de bien sombres pensées. Sur scène, le son du retour était horriblement fort, c’était un tourbillon de bombes et de tremblements. Il y avait alors entre nous une sorte d’énergie du désespoir, un aller simple pour nulle part : ‘rien à prouver, juste à éprouver’... Il faut dire que Leuven était seulement notre deuxième concert ...

13. J’ai vu un Dernière Volonté très intimiste comme je m’y attendais, dans une ambiance calme voire méditative par moment. DV se produit rarement sur scène, manque de propositions ou choix de ta part ? Apprécies-tu de donner des concerts ?

Il y a surtout un manque de volonté de ma part de faire plus de concerts. Nous ressentons les choses à l’instinct et si la proposition ne nous convient pas, ou si nous ne sentons pas certaines destinations géographiques, nous ne le faisons pas. J’apprécie les concerts lorsqu’ils ne sont pas trop fréquents et nous offre la possibilité de donner le meilleur de nous même. Rien de prévu pour les prochains mois à part une date en Allemagne vers mi-Août, et au Pays bas vers Octobre.

14. Quelque chose en préparation à ce niveau-là ? Qui est le monsieur qui t’accompagne sur scène ?

Je souhaite modifier notre approche à ce niveau là et proposer quelque chose de neuf lors de nos apparitions. Ce n’est pas radical mais après 4 ans, il est temps d’apporter un peu de sang neuf et une image moins commune. Le jeune homme qui m’accompagne sur scène n’est autre que Pierre, mon fidèle et valeureux percussionniste. Sa place au sein de DV a commencé scéniquement par son rôle important aux percussions. Depuis il intervient sur la partie ‘son’ des bandes que nous jouons et gagne à devenir ainsi ma deuxième moitié lors de nos représentations. Pierre participe activement au mixage et au mastering du prochain album de Dernière Volonté et au-delà de sa place au sein de la formation, il est un ami proche.

15.J’ai trouvé un lien sur un site d’enchères bien connu : une vente d’un double cd bootleg de DV, supposé limité à 200 copies comprenant un concert à Louvain et un cd de raretés et singles à un prix fixe exorbitant de 77 €. Que penses-tu de ça ? Plus généralement, que penses-tu des objets bootleg qui ne sont pas autorisés par leurs auteurs ? Certains fans adorent, mais l’auteur n’a aucun moyen de contrôler la qualité souvent pauvre des enregistrements, voire de l’objet en lui-même…

C’est tellement nul et tellement mal fait que ça me consterne ! Je suis furieux de ces sorties qui se sont faites sans aucune autorisation. C’est purement et simplement du vol ! Ma réponse à ce genre d’initiative est en générale de contrecarrer le faux par un vrai, comme Commémoration (Haus Arafna a également usé du même stratège). Pour le live à Leuven, il est possible qu’une édition autorisée voie le jour l’année prochaine avec des compléments visuels et un son nettement plus adapté. Je ne sais pas ce qu’il faut penser des éditions pirates ‘live’. Quand elles sont bien faites, elles sont parfois un témoignage d’ambiance intéressant. Mais le souci reste toujours le cadre ‘juridique’ et artistique de leur sortie. Le plus insupportable dans tout cela, c’est les contrefaçons et autres clones qu’un certain label Russe a mis sur le marché il y a quelques années. Là je ne comprends pas, il faut être franchement limité et éprouver du mépris pour acheter de tels produits ! En agissant ainsi les gens ne font qu’encourager le détournement de la propriété intellectuelle la plus fondamentale ! Si les auditeurs veulent écouter des enregistrements rares, qu’ils se fassent leurs propres copies sur CDR!!! Ce n’est pas compliqué, ce n’est pas cher et cela évite d’engraisser les gros porcs de ce business illégal! Quel intérêt y a-t-il à acheter une contrefaçon? Désolé mais ça me dépasse complètement !!!! Le problème du MP3 et du téléchargement illégal est déjà un énorme souci alors si en plus des petits opportunistes produisent ce genre d’immondices dans l’indifférence générale, je ne vois pas l’intérêt de continuer plus longtemps... Autant laisser ces mêmes salopards faire la musique par eux même non ? (ndlr : d’accord sur tous les points).

16.Sur “ Le feu sacré ” et “ Les blessures de l’ombre ”, tu cites deux grands auteurs français, Georges Bataille et Céline. Quels auteurs aimes-tu particulièrement parcourir ? Personnellement, j’ai toujours eu une attirance envers la littérature russe, avec des chefs d’oeuvres tels que “ Crime et châtiment ” ou “ Souvenirs de la maison des morts ” (récit fort où l’auteur relate son passage au bagne) de Dostoïevski, “ Les âmes mortes ” de Gogol ou encore “ Guerre et paix ” de Tolstoï, des romans empreints d’une beauté et d’une froideur toutes slaves. Apprécies-tu cette littérature ?

Pour Bataille, c’est sa théorie sur l’acéphale de 39 que je trouvais fantastique. ‘Je suis la joie devant la mort...je suis moi même la guerre’ : voilà une synthèse parfaite de mon travail depuis si longtemps. Céline, je le considère comme beaucoup comme l’un des meilleurs auteurs du 20ème siècle et ‘Voyage au bout de la nuit’ ou ‘Semelweiss’ m’ont profondément marqué. Cette année, je me suis re-plongé inlassablement dans Le Feu Follet de Drieu la Rochelle, c’est mon livre de chevet et je m’en suis beaucoup imprégné pour le nouvel album de Dernière Volonté. Naturellement, je me suis également penché sur les (maigres) écrits de Jacques Rigaud. J’ai en parallèle traversé une très intéressante biographie de Jacques Callot et j’ai adoré le ‘Englands Dreaming’ de John Savage. Pour répondre à ta question, je ne connais pas vraiment les auteurs slaves dont tu parles à l’exception de Dostoïevski et son touchant carnet ‘Souvenirs de la Maison des Morts’.

17.Et que penses-tu de la littérature française contemporaine, notamment d’auteurs assez provocateurs dans leurs écrits comme Houellebecq, Dantec ou Costes ?

Je n’en pense rien... Houellebecq c’est une barre d’ennui pour les jeunes cadres dynamiques biberonnés à Libération et Dantec était bien mieux dans Artefact. Costes, parfois il me fait rire mais seulement au naturel, quand il n’est plus Costes justement.

18.Peux-tu nous décortiquer les thèmes que tu aimes mettre en avant dans les textes de tes chansons ? Je pense notamment à l’amitié, la guerre ou le rêve.

J’ai fini par comprendre pourquoi je me suis senti si près du thème de la guerre ces dernières années, mais je crois aussi avoir dit tout ce que j’avais à dire sur la question. La guerre a toujours été un prétexte à peine déguisé pour partager mes émotions sur la tragédie humaine dans ce qu’elle a de plus pathétique et détestable. J’avais entendu tellement de récits sur le sujet dans mon enfance qu’à un moment j’ai eu envie d’expulser ces histoires, de les verbaliser au travers de ces drames intemporels. J’ai dit un jour que je ne savais pas évoquer ‘l’amour’ et que, pour le camoufler, j’usais de la thématique ‘guerrière’. C’est par le biais de cette métaphore qu’il faut percevoir les textes de Dernière Volonté, pas autrement. Pour finir et être le plus claire possible, je ne fantasme pas sur l’héroïsme et son folklore victorieux politisé qui plait tant à la scène ‘neofolk’, c’est une attitude grotesque et sans intérêt. Le futur de Dernière Volonté est déjà dans mes mains et rien ne me fera revenir sur les terrains minés des champs de batailles ! Pour ce qui est de l’amitié, j’ai très vite ressenti le besoin d’évoquer certaines blessures du passé, de livrer un peu de ma biographie. Avec le temps, j’ai compris que l’on peut regretter certains choix mais que le pire était de perdre ce rapport si particulier avec les autres. Mes amis sont comme une ‘armée de l’ombre’, ils sont peu nombreux mais toujours prêt à m’épauler. Le rêve est une projection du paradis/enfer dans ce qu’il a de plus personnel et de plus naïf. J’ai beaucoup cru dans mes rêves sans pour autant leur chercher une interprétation ‘Freudienne’. En les écrivant comme ‘Songe d’un Matin d’Eté’, j’ai alors compris qu’ils pouvaient avoir un sens presque prémonitoire, projetant dans ma mémoire de troublants ‘Souvenirs de Demain’.

19.J’imagine que tu es une personne assez éclectique au niveau musical. Quels projets apprécies-tu particulièrement ?

Il y a beaucoup de choses que j’aime et il serait ennuyeux d’en faire la liste. En ce moment je me passe le dernier Dominique A, Muse et Tiga. Sinon je ne me lasse pas d’écouter des groupes fort comme Suicide, Kraftwerk, Taxi Girl, Soft Cell/Marc Almond, Erasure et tous les projets signés Vince Clark. Mais il y en a tellement à mentionner...

20.As-tu écouté l’album récent du groupe français Storm of Capricorn, "Retour des tranchées", si oui, qu’en penses-tu ?

Je ne connais pas....

21.Je me doute que tu dois également écouter pas mal de musique classique. Est-ce qu’il t’arrive d’écouter du metal ?

C’est un genre un peu à part pour moi. Je connaissais quelques personnes très proches de la scène Black Metal mais je ne partageais pas trop leurs goûts. J’aime bien certains groupes qui ont une étiquette ‘neo’ du type Motorhead (très rock’n roll finalement), Killing Joke ou NIN.

22.La conclusion de l’interview est tienne…

Eh bien cela pourrait paraphraser ma dernière réponse : LAY DOWN YOUR SOUL TO THE GOD ROCK’N’ROLL !!!

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Dernière mise à jour du document : lundi 12 février 2007

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