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The Thing feat. Otomo Yoshihide + Loup au Sonic, Lyon, le 12 Octobre 2010

par Dariev Stands › lundi 25 octobre 2010


Style(s) : jazz / noise / free jazz / jazzcore

Allez, essayons de la jouer courte si vous le voulez bien. Parler d’une expérience aussi vivace, aussi brutale, aussi éphémère par essence (il s’agit de musique improvisée) ne peut être que difficile. Mais je me devais de m’y coller car il s’agit, avec paname, de la seule date française de cette association finalement assez méconnue : le trio de free saignant suédois The Thing accompagné d’Otomo Yoshihide, le tout formant un quartette que le flyer désigne comme le « meilleur groupe de free jazz au monde !! ». Un seul album à leur actif, l’improvisé « Shinjuku Crawl ». Pas écouté par votre serviteur… Il est assez intéressant de comparer la conception de la musique improvisée d’un groupe comme Panopticon (dont j’ai touché mot à Ingebrigt Håker Flaten après le concert) avec celle proposée par The Thing ce soir-là. Là où les premiers installent patiamment une ambiance, déposent la plupart du temps les coups de pinceaux par touches éparses, et veillent à un groove ou du moins un swing la plupart du temps, The Thing se lance à corps perdu dans un free jazz corrosif et profondément sombre, voire malsain. On sait déjà, en voyant les musiciens s’échauffer, tous vêtus de noir, qu’on peut s’attendre à du violent. Seul Yoshihide se démarque, déambulant presque hagard dans le public, puis commençant à suivre le morceau diffusé par la sono de sa guitare, assis sur sa chaise dont il ne bougera pas du concert. Les suédois, beaucoup plus tendus, esquissent un sourire. C’est étrange, mais Yoshihide ressemble à un Hendrix quadra et bedonnant, un peu débraillé et tout aussi déphasé que l’original, mais visiblement royalement décomplexé dans son approche de l’instrument. Fidèle à son habitude, il se fait d’abord discret, alors que The Thing se lance dans une intro à la tension inquiétante… C’est la section rythmique qui s’emballe en premier, heurtée par des cahots irréguliers, alors que Gustafsson commence à martyriser son sax. Il n’y aura que 3 morceaux en tout, si je me souviens bien, mais tous sont emprunts d’une tension lourde et incoercible. Yoshihide finit par se lancer dans un solo bruitiste dont il a le secret, joué au poing, quand il n’utilise pas une sorte de vibreur électronique, voire un archet, vite délaissé. Les sons qu’il extirpe n’ont rien de connu. Parfois, des moments de silence sont ménagés, mais ce n’est que pour mieux laisser enfler l’atmosphère… Pas vraiment de virtuosité ici, plutôt une brutalité presque rock au service d’une ambiance invariablement infernale. C’est la guerre totale, celle qui passe par la sueur et les clous rouillés. J’en oublie de mentionner le set honorable de Loup, duo lyonnais classé en « free jazz/drone » (fort heureusement, ce dernier mot n’était qu’un ajout destiné à piéger les hiptsers, visiblement), et dans lequel opère un certain Franck de Gaffer records, très actif sur la scène lyonnaise… Ils ne se sont pas pris la honte face à The Thing, et c’est déjà énorme. Je reste pour ma part scié par la productivité la scène free/noise, comme en attestait l’énorme stand de cd’s (tout le monde collabore avec tout le monde, et beaucoup de noms connus dans les crédits, dont un certain James Plotkin, récurrent)… Et par la nonchalance de Yoshihide, quand même une légende vivante, qui m’a frôlé à plusieurs reprises sans que je l’aie reconnu… J’ai tout simplement réalisé que je n’avais quasiment jamais vu sa couenne en photo. Bah, en tout cas, les applaudissements furent nourris, et c’était bien légitime.

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Dernière mise à jour du document : jeudi 6 janvier 2011

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