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Kadavar, Paris, Trabendo, 17 nov. 2015

par Nicko › mercredi 18 novembre 2015


Style(s) : rock

Quoi de plus banal pour nous, fans de musique - surtout lorsqu'elle est jouée en live -, que d'aller à un concert ? Attendre les annonces de concert avec anxiété pour découvrir les noms synonymes de soirées musicales vibrantes, acheter sa place, le jour J se préparer en vue de la soirée, prendre le métro, arriver sur les lieux, passer une bonne soirée en communion avec tous les autres fans venus se réunir pour assister aux performances des différents artistes, boire des coups, chanter, danser, rigoler, acheter un T-shirt, et puis tranquillement rentrer chez soi la tête pleine de supers bons souvenirs. Il n'y a véritablement rien d'exceptionnel ici. Sauf que depuis, il y a eu un funeste vendredi 13 novembre 2015 où nombre de fans avaient commencé leur journée de concert comme celle que j'ai brièvement décrite plus haut, sauf que pour eux, il n'y a pas eu de retour tranquille à la maison. Tout s'est arrêté brutalement aux sons d'armes de guerre qui n'auraient jamais dû avoir leur place dans une salle de concert. Et quand on fait autant de concerts depuis une vingtaine d'années, on a forcément des proches, des potes mélomanes, qui étaient présent au Bataclan ce soir-là. On se sent d'autant plus concerné par ces événements. On pense à ces potes qui ont vécu l'horreur et, pour les plus chanceux qui s'en sont sortis, qui vont devoir vivre avec ce cauchemar.

Alors forcément, quand on évoque le prochain concert prévu, la banalité du rendez-vous n'existe plus. Que faut-il faire ? Sommes-nous en sécurité ? Est-ce que cela se reproduira ? Est-ce que cela en vaut vraiment la peine ? Et puis, et puis, et puis, merde ! La vie, il faut la vivre. Je veux dire, LA VIVRE ! Et pour la vivre, il faut qu'elle soit libre, qu'on soit libre de pouvoir s'amuser, rire, chanter, en communion avec tout le monde, profiter de ces moments qui rendent la vie si belle et qui lui donnent un sens. Alors non, il m'était impossible de rester chez moi ce mardi soir. Je ne voulais pas montrer qu'on puisse avoir peur d'aller simplement à un concert ! Et la meilleure manière de résister face à ce genre d'actes selon moi, c'est de continuer de vivre sa vie comme on l'a toujours fait et de surtout ne pas céder.

Et mardi soir, au Trabendo, les allemands de Kadavar ont eu l'autorisation de jouer. Les ayant déjà vu jouer deux fois par le passé, dont une performance exceptionnelle un an quasiment jour pour jour auparavant à Dunkerque, j'étais très impatient de les revoir. Mais il faut bien avouer que le jour J, en allant vers la salle de concert avec mon amie, ce n'était pas la même chose que pour les autres concerts. On se demandait un peu comment ça allait se passer, comment allait être l'ambiance générale. En approchant de la salle, on remarque les mesures de sécurité complémentaires avec une fouille en haut de la salle (l'entrée se faisant en contrebas). Et puis, on entre... Le premier groupe a déjà joué. Horisont débute son set. On remarque que la fosse n'est pas encore pleine, mais le public a tout de même répondu présent. Je dois vous avouer que j'ai dû prendre quelque peu mes marques. On ne voit pas de grands débordements de joie, l'ambiance est encore assez tendue, mais l'important déjà, c'est d'être là, présent. Je prends une bière, puis une deuxième, j'ai aussi pendant ce temps la possibilité de discuter rapidement avec le bassiste de Kadavar, Simon Bouteloup, qui est extrêmement content de pouvoir venir jouer ici après que leur concert de Tourcoing ait été annulé.

The Shrine monte ensuite sur scène et délivre du bon vieux rock 70's bien puissant. Le chanteur/guitariste est bien charismatique et balance quelques bons solos, n'hésite pas à slammer dans le public pendant qu'il joue. Le groupe se donne à fond. Pour la fin du show, on a droit à un invité en la personne de Beb du groupe Soggy, qui n'a plus chanté sur scène depuis 1982 ! J'ai eu un peu de mal à véritablement rentrer dans la soirée, mais doucement, ça monte et j'ai vraiment hâte de voir Kadavar débuter son show.

Je me place au plus près de la scène, le décor est progressivement installé avec les trois triangles du logo du groupe derrière chacun des postes des musiciens, aux couleurs bleu-blanc-rouge de notre drapeau. C'est alors que montent sur scène les membres des différents groupes de la soirée et de quelques techniciens. Le bassiste français de Kadavar prend alors le micro pour adresser un message à tout le public ainsi qu'un hommage aux victimes des attentats, salué comme il se doit par un public qui n'attend qu'une seule chose, que le groupe commence son set.

Enfin, ça commence ! Et là, quelle bonheur ! Du bon gros rock très teinté 70's, mais surtout avec une énorme pèche et un feeling démentiel. Ce qui surprend quand on assiste pour la première fois à une performance du groupe en live, c'est de voir cette batterie centrale quasiment au même niveau que les autres musiciens avec ce batteur géant qui tape sur ses fûts comme un damné. Et là, il n'y a plus de doute possible, dès les premières secondes de "Lord of the sky" du dernier album en date, "Berlin", le public se déchaîne. On n'avait parfois presque oublié qu'un concert c'était une telle fête. On voit dans le pit tout le monde littéralement se déchaîner avec pour tous, un énorme sourire sur la tronche ! Que du bonheur, et après ce week-end de merde, qu'est-ce que ça fait du bien ! Oui, qu'est-ce que ça fait du bien de se sentir vivre de la sorte ! Jamais je n'avais autant serré fort mon amie dans mes bras pendant un concert tellement j'étais heureux de partager ce moment avec elle. Qu'est-ce que c'était bon de voir tout le public se défouler, se prendre dans les bras sans se connaître, s'embrasser, rigoler, devenir fou et heureux ! Pendant toute la performance, je n'ai vu que du bonheur partout autour de moi. On sentait que tout le monde avait besoin de ça. Manière de dire à tous ces terroristes que "Non, vous ne pourrez pas nous priver de ce moment de bonheur tous ensemble" ! Et quel bonheur que ça se déroule pour ce concert de Kadavar avec des musiciens phénoménaux qui savent jouer du rock n' roll comme il devrait l'être, avec puissance et passion. J'ai pleins d'images dans ma tête de tout ce monde qui se jette partout, qui slamme, qui danse, qui crie de bonheur ! L'ambiance étant tellement chaude dans le pit que certains se retrouvent sur scène, comme ces deux filles en transe, qui se sont lachées totalement, allongées sur le dos, vibrant jusqu'au bout des ongles, aux pieds du bassiste. Certains même iront se prosterner devant le batteur. Ce concert, c'était un peu comme si nous tous n'attendions que cela pour extérioriser tout ce que nous avions gardé en nous pendant ce week-end, pour crier au monde que nous ne nous laisserons jamais soumettre et que nous continuerons à profiter de cette vie comme nous l'avons toujours fait, à rire, à boire, à crier, à chanter, à s'aimer et à communier tous ensemble dans une salle de concert, à vibrer, tellement, tellement vibrer ! Et ce soir, Kadavar a été impérial avec une attitude fabuleuse. Ils nous ont tout donné. Rien que d'écrire ces quelques phrases, j'en ai encore des frissons ! Après un rappel tout aussi géant, une partie du public n'a pu s'empêcher de monter sur scène pour remercier chacun des membres du groupe. Il y avait au moins une vingtaine de personnes sur scène ! Je suis ressorti de cette performance vidé, heureux. Durant ce concert, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à ces victimes de l'abomination, j'aurais pu en faire partie vu que j'aime aussi Eagles Of Death Metal, cela aurait pu aussi arriver à n'importe quel concert, je pensais à mes potes qui doivent maintenant rebondir après un tel traumatisme. Je ne peux qu'espérer qu'ils puissent à nouveau avoir le courage de revenir en concert et de vibrer comme j'ai pu le faire ce soir ! Et puis, jamais je n'oublierai les autres qui, hélas, ne sont plus là. Jamais nous ne céderons à la peur !

Mots clés : Nicko, Paris, rock, concert et Trabendo

Dernière mise à jour du document : mercredi 18 novembre 2015

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