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Cosmos, de Witold Gombrowicz

par Saïmone › dimanche 14 octobre 2012


Style(s) : ovni inclassable / jazz / avant garde

Un jeune homme accompagné d'un autre jeune homme logent dans une pension de famille. Autour, dans un bosquet, à moins que ce ne soit un buisson ? Un moineau. Pendu. Un moineau pendu. Qui diable a-t-il bien pu pendre ce moineau ?

Récit du rien, récit du vide, récit des interprétations, Cosmos est tout cela, et rien du tout. Les choses sont, et ne sont pas. Pour quelle raison ? Et pourquoi pas ! Le moineau pendu offre une cible à une espèce d'enquête loufoque, une enquête, une cible. Une cible, une flèche dessiné au plafond ? Dessiné ? A moins que ce ne soit les fissures d'un mur. Un hasard ?

Dans Cosmos, les choses se cachent derrière les choses. La banalité devient effrayante, elle prend des proportions avec les changements de référence : une bouche devient horrible, puis horrible, puis horrible, avant de rencontre son analogie, une bouche belle, qu'il va falloir réunir. Réunir, voilà l'effort du narrateur, réunir le moineau pendu et les deux bouches – ça ne peut pas être un hasard – puis le petit bout de bois pendu, le poulet pendu, tout ça jusqu'où ?

Gombrowicz truffe son texte de pièges, de jeux de mots. Il arrive à dissimuler l'horreur derrière sa dénomination. Le rythme est décousu, haché, laborieux. Le narrateur bute, bégaie, crachote. Berg. Berg ! Le narrateur bergue.

Des scènes érotiquement non-érotiques parsèment des mains, des jupes, des bouches. Des bouches qui vomissent. Des doigts dans des bouches. Cosmos c'est l'exploration du monde par un enfant autiste venu d'ailleurs. Ou alors un monde autiste vu par un enfant. Ou alors un enfant vu par un autre monde autiste.

Avec Cosmos, l’interprétation est indépendante des faits. Un sourire devient un rictus, voir une grimace. Un fissure devient une flèche. Comment penser sans signes ? Comment penser avec uniquement des signes ? A ce titre, Cosmos n'est pas une réponse. Il en est une. Ou pas.

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Dernière mise à jour du document : samedi 27 octobre 2012

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