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AUTECHRE, lundi 17 mars 2008, Lyon
par Wotzenknecht et Dariev Stands › jeudi 22 mai 2008
Première partie : Rob Hall + SND
"Par un concours de circonstances, ce qui devait s’avérer être un concert de réconciliation entre deux amants séparés s’est retrouvé être l’occasion de sortir en groupe, avec la venue tardive d’un certain Dariev Stands ainsi qu’un mystérieux personnage qui, souhaitons-le, fera parler de lui sur ce site d’ici quelques temps. Pour l’heure, il s’agissait de surtout réconcilier le pauvre Wotzenknecht avec son groupe fétiche, qui l’avait bien roulé avec sa dernière sortie. Autechre allait-il me faire ravaler la pilule Quaristice par le live ? Là était tout le mystère. Une fois les lieux dûment visités et commentés (comprendre : « wah c’est plus grand qu’au Sonic ») nous pûmes apprécier le premier set de Rob Hall (à la tête du label Skam), oeuvrant dans la pub pour ses copains avec un DJ set électro-intello-trancey agréable pour chauffer la soirée et apprécier la qualité du son et des réverbérations à travers la salle. Rien d’extraordinaire non plus, et voilà qu’arrive le duo SND et son IDM minimaliste malheureusement un peu indigent (des boucles à qui on enlève et rajoute les sons les uns après les autres… une séquence ultra-minimale à la Pan Sonic… une banque de trois ou quatre sons à tout casser) et à part quelques moments forts tels ces interminables roulements ou les quelques assauts de murs ultra-graves, toujours rien pour redonner une érection à mon petit cerveau qui trépigne. Une demi-heure de roulement nous permet à Dariev et moi de sortir disserter sur le sens de la vie, et voilà qu’un son étrangement complexe nous ramène à l’intérieur – Sean et Rob étaient « dans la place ». Pas de pitié, pas de compromis – tout le monde devant, tout le monde dans le noir. Toumtougoudougoudougoudoum. Toumtougou-doudoudoudoum. Dougoum. Toudoum. Les rythmiques ce soir sont étrangement rentre-dedans, machinales, presque industrielles, mais rien qui n’empêche aux saveurs organiques de se déployer dans la salle – du moins pas pour moi, après de longues séances de power noise. Autechre live, c’est le compromis entre le son évolutif complexe et l’immédiateté de l’expérience : c’est une écoute à usage unique. Depuis les tweeters, les grésillements scintillants s’acharnent à rendre les nappes mélodiques plus perceptibles tandis que les roulements continuent à marteler le sol, pour le bonheur de ceux qui étaient venus suer un peu et au grand dam de ceux qui espéraient un set plus délicat. Malgré tout, rien n’empêchait l’envoûtement total et c’est les yeux fermés que j’ai pu profiter des 45 dernières minutes, perdu dans le tourbillon protéiforme dont la tension ne cessait d’augmenter jusqu’au final franchement agressif et imparable. Retour à la normale – la sensation d’avoir écouté un Autechre ‘hard’, malgré ce que Quaristice pouvait laisser croire. Réconciliation ? Pas encore. Mais les voilà pardonnés. "
En ce qui me concerne, et ne connaissant que peu de choses de la carrière studio d’Autechre (qui m’a toujours un brin ennuyé sur disque), je ne partage pas tout à fait l’avis de notre Wotzenknecht national. Oh certes, ce fut bien. Mais un ami m’avait décrit un set d’Autechre (un gros fan du duo lui aussi), et à une certaine époque, ça tenait à priori plus de l’expérience psychédélico-digitale que de la démonstration de nerditude de coutume dans les concerts d’IDM (enfin, un peu comme les premières parties, là…). En fait, y’a quelques années, Autechre en live c’était noir complet, polyphonie assurée par des enceintes multiples placées tout autour de la pièce, et désorientation de l’auditeur, perdu dans la pénombre au milieu de sons qui venaient de partout. A priori, un concert qui change la vie. Je ne vous cache donc pas ma déception lorsque, à peine arrivé sur les lieux (au milieu d’un petit village tranquille de la périphérie lyonnaise, aux antipodes d’un lieu ou imagine une salle pour ce genre de concerts), je tâtai du regard les murs de la salle pour ne remarquer qu’une pauvre enceinte isolée au fond de la salle, qui ne servira même pas. Dans sa quête du renouveau perpétuel, le groupe était passé à autre chose. Bon, le son était quand même épastrouillant, ce qu’on est en droit d’attendre d’une affiche comme ça, vous me direz. L’ambiance était fort sympa, avec force teufeurs (ex-teufeurs je dirais plutot, à vue de nez), et moult bobos trentenaires qui ont fini par tous allumer des chichons durant le moment fatidique. Aucun « fait péter du son » recensé à l’horizon, étonnant. Comme Wotzy, je ne fus pas marqué outre mesure par les premières parties. Rob Hall : un DJ-set tranquille et varié, sans plus. SND : rrrrrrrrrrrroooooooooooonnnnnnffffffl. Interlude discutaille, et nous voilà enfin, fébriles, face à l’entité tant attendue. Tant de tension nous faisait tendre les esgourdes, tandis que tonnaient les beats tonitruants déversés par tonnes typiques du groupe. On a pu remarquer que leur musique se faisait moins déstructurée en live, plus directe, et plus jacquante aussi. Ça balançait bien, oscillant d’un passage drill à donner le tournis à une nappe planante à son tour ciselée de glitchs parasites, le tout avec un sens du développement qui n’est plus à prouver. Sans être la messe futuriste que – en bon grand gosse – j’attendais, ce concert était quand même une démonstration de la puissance et du savoir-faire du groupe, un voyage dans le son, avec certaines fulgurances qui m’auront donné mal au cœur, et d’autres bombardements encore plus violents, mais moins imprévisibles, qui en devenaient jouissifs, eux. Mention spéciale au final, redoutable crescendo qui achevait de prouver que la musique électronique peut, non pas en se réduisant à un battement tribal, mais en se complexifiant à l’extrême, revêtir un aspect organique.
Mots clés : autechre lyon
Dernière mise à jour du document : jeudi 22 mai 2008
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