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- aux groupes / artistes Wormrot, Mr. Bungle, Queens Of The Stone Age, Brujeria, Cradle Of Filth, Kerry King, Sodom, Suicidal Tendencies, Graveyard, Accept, Immolation, Emperor, Satyricon, Eternal Champion, Dimmu Borgir, Wiegedood, Acid King, The Offspring, Metallica, Megadeth, Imperial Crystalline Entombment, Blues Pills
Hellfest 2024 - par Nicko
par Nicko › mercredi 14 août 2024
Style(s) : blues / hardcore / metal / metal extrême / pop / progressif / punk / rock / rock alternatif / heavy metal / black metal / death metal / doom metal / grindcore / thrash metal / hard rock / stoner / noise rock
Le Hellfest continue son ascension et reprend son rythme de croisière. Après l'épisode covidien puis la monstrueuse double édition 2022 avec une affiche de folie, l'édition 2023 reprenait un format plus traditionnel avec la pérénisation du passage à 4 jours de la durée du festival. 2024 signe la continuité de ce format et son encrage dans le paysage des plus gros festivals musicaux mondiaux. Alors que l'édition précédente proposait une affiche, selon moi, moins intéressante (sans non plus être dénué d'intérêt), cette année, le niveau global est clairement revenu à la hausse avec comme têtes d'affiche un partage entre la génération 90/2000, représentée par Avenged Sevenfold, Machine Head et Foo Fighters, et l'héritage des années 80 avec le mastodonte Metallica qui revient deux ans après avoir été l'attraction principale de la double édition 2022. Bien évidemment, le festival garde son format sur 6 scènes principales qui n'a pas changé depuis une douzaine d'années, ce qui propose toujours aux festivaliers un large éventail de choix divers et varié. J'étais à nouveau impatient de retourner sur le site de Clisson et encore une fois, je n'ai pas été déçu !
Cette année, contrairement à l'édition précédente, je suis présent dès le jeudi pour assister à l'intégralité de ce festival. Niveau logistique, j'opte cette année pour l'option hébergement sur Nantes en comptant, pour revenir du site, utiliser les navettes entre le site et la gare de Clisson (3€ par voyage) puis le service ferroviaire de la SNCF qui a mis en place des trains Clisson-Nantes toutes les nuits de la durée de l'événement pour un tarif de 5€. Ce choix s'est avéré plutôt bon car même s'il y avait un peu d'attente pour prendre une navette vers la gare puis ensuite pour attendre le train, il faut avouer qu'il n'y a pas eu un seul accroc. Le service de navettes, Monamiligo, proposait quand même des rotations 24h/24 entre le site du festival et la gare à l'aide de 11 navettes de 8 personnes. Le temps d'attente moyen le soir en partant du festival était d'une vingtaine de minutes, ce qui est somme toute acceptable au vu de la quantité de festivaliers utilisant ce service. Le seul véritable désavantage des allers/retour à Nantes était qu'en tenant compte des horaires de train le matin et le besoin d'un minimum de sommeil chaque nuit, il m'était difficile d'arriver sur site avant midi j'ai donc dû louper quelques groupes intéressants qui jouaient à l'heure du petit déjeuner.
Premier jour : thrash metal dans ta gueule !
Tout commence donc le jeudi où j'arrive sur le site du festival en début d'après-midi. Je remarque déjà que le site est ouvert plusieurs heures avant le début des concerts et la première chose que je vois, ce sont les 4 immenses queues menant vers le fameux Sanctuary, l'espace gigantesque dédié au merchandising de produits dérivés du Hellfest ! Plus que jamais, on vient pour l'expérience Hellfest et ramener son souvenir. Jamais je n'avais vu une attente aussi grande, les queues allant même jusqu'à l'espace devant les scènes de la Temple et de l'Altar pour flirter avec l'espace face aux Mainstage ! De mon côté, je préfère déambuler sur le site du festival. Années après années, on reprend ses marques rapidement d'autant plus que les aménagements deviennent de plus en plus pérennes. Peu de changements visuels ont été faits cette année, même si cette édition permet de présenter aux festivaliers la fameuse "Gardienne des Ténèbres", créature articulée, réalisée par Les Machines de l'Île à Nantes, prenant la forme d'une sorte de déesse cornue avec une queue de scorpion ! Tout comme les nombreuses créatures des Machines de l'Île, elle est articulée et capable de se mouvoir. Elle pourra transportée à terme 25 personnes sur son dos. Elle fera partie à l'avenir d'un complexe plus imposant sur le site du festival. Attendons de voir ce que l'avenir nous réserve à ce niveau...
En arrivant au niveau de la Valley, je remarque que la scène n'a pas bougé par rapport à l'année précédente. J'aurais espéré la voir en face à face avec la Warzone afin d'éviter un effet goulot d'étranglement à l'entrée de cet espace. C'est vraiment le point à améliorer en priorité à l'avenir car par moment, il était assez compliqué de pouvoir s'insérer dans la foule pour voir quelque chose sur cette scène alors que le fond de l'espace était moins occupé.
Mais 16h30 approche et c'est l'heure du coup d'envoi de cette nouvelle édition du Hellfest. Et si j'ai voulu arriver si tôt sur site, c'est parce que dès le début, je ne voulais pas louper le premier groupe à fouler la scène de l'Altar. Il n'y a en effet pas de round d'observation cette année et on attaque directement dans le vif du sujet avec les Singapouriens de Wormrot et leur grindcore ultra-énergique. Et franchement, s'il y avait bien un set à ne surtout pas louper, c'était véritablement celui-là ! Les 40 minutes de ce concert nous ont transportés dans une autre dimension. J'avais beaucoup entendu parlé d'eux et j'attendais cette performance pour découvrir leur musique. Il faut savoir qu'il s'agit à la base d'un duo guitare/batterie auquel se sont ajoutés au chant deux guests de choix, leur compatriote Weish (artiste particulièrement barrée à l'univers très hétéroclite) ainsi que l'Argentin Gabriel Dubko. Et pour le coup, ce fut un set tout simplement époustouflant. Weish est totalement habitée par la musique alternant chant clair et parties gutturales avec la même intensité. Gabriel, de son côté, complète parfaitement les parties de Weish avec des growls ultra puissants et énergiques. Niveau structures, les morceaux sont forcément très courts et le batteur distille des patterns super originaux et énergiques qui modèlent directement l'intensité de la musique. Cela donnait presque l'impression que la guitare n'était là que pour accompagner la batterie qui, elle, était au centre du propos. L'explosivité de l'ensemble était communicative et donnait une impression de contrôle dans un univers chaotique et syncopé. Wormrot fut bien évidemment ma première baffe du festival et déjà, je me demandais comment un autre groupe pourrait surpasser ces 40 minutes hallucinantes. Inutile de préciser que j'allais dorénavant m'intéresser de très près à leur carrière !
Difficile d'enchaîner directement après cela, je me retrouve cependant devant la Temple pour la performance de Morne, groupe que je découvrais. Le groupe américain propose du doom metal de bonne facture, classique, bien exécuté, mais je n'ai jamais réussi à véritablement rentrer dans leur univers. Peut-être est-ce dû à leur positionnement juste après la déflagration de Wormrot ? Le fait est que j'ai suivi poliment ce set solide mais manquant, selon moi, d'une personnalité qui aurait permis à l'ensemble de me toucher. Bref, Morne a proposé un concert de bonne facture mais sans génie.
Je reste au niveau des scènes extrême pour assister à la performance des vétérans du death metal américain, à savoir Immolation. Même si je ne suis pas fan de death metal, j'ai énormément vu Immolation en concert et sans être fan du combo, je ne peux que reconnaître leur professionnalisme. Ross et ses sbires sont des monstres sur scène avec une puissance et une aisance qui ne peuvent qu'être communicatives. Cela faisait une dizaine d'années que je ne les avais pas vus et j'ai retrouvé le groupe comme à l'époque, ultra solide, avec un death metal fait de noirceur, de technique et d'esprit démoniaque. Je suis persuadé que les fans ont dû être aux anges tellement les New-Yorkais sont imposants et solides. A nouveau, le combo n'a pas déçu, même pour un non fan de death metal comme moi !
Après une petite pause salutaire, je me dirige pour la première fois vers les Mainstage pour voir l'incarnation solo de Kerry King de Slayer. Et même si je connais de longue date le professionnalisme du guitariste, je ne m'attendais pas à un tel set puissant et convaincant. Franchement, son groupe solo, c'est un all-star band avec notamment son compère de Slayer, Paul Bostaph aux fûts, et surtout Mark Osegueda, de Death Angel, au chant. Et là, ça fait toute la différence. Je retrouve cette hargne qui avait manqué dans les dernières années de Slayer (sauf pour la tournée d'adieu !) et même les morceaux de l'album solo de Kerry, "From hell I rise", passent super bien sur scène. Je n'ai pas eu l'impression d'avoir un groupe copycat de Slayer, mais plutôt un nouveau combo qui présente son album sur scène avec conviction, incluant quelques reprises choisies de Slayer (ce qui fait toujours son p'tit effet !). Franchement, on ne va pas faire la fine bouche, c'est toujours un plaisir de voir et d'entendre Kerry King nous faire ses solos unique avec une puissance de feu et un chanteur qui possède une hargne bienvenue. Finalement, il ne manquait que le light show impressionnant de Slayer pour apporter cet aspect sulfureux du thrash metal des Californiens. En tout cas, je valide complètement ce nouveau projet solo !
Je me dépêche pour retourner sous l'Altar pour assister à la fin de la prestation des masqués de Brujeria ! Sans être fan, il faut reconnaître que c'est toujours fun en festival de voir ce groupe de mercenaires avec leur thrash metal décalé et exotique. Le groupe évolue avec des bandanas, troués au niveau de la bouche pour pouvoir chanter, positionnés juste sous les yeux et masquant tout le visage ! L'accent mexicain ajoute à l'intérêt de leur performance qui se termine bien évidemment par leur reprise délirante de la "Macarena", intitulée ici bien évidemment "Marijuana" ! Un quart d'heure fun dans une très bonne ambiance ! A noter hélas, que moins de trois semaines après cette performance, leur chanteur non masqué, Pinche Peach, décédera suite à un malaise cardiaque à l'âge de 57 ans.
Je reviens vers les Mainstage pour me placer avant Megadeth. J'assiste donc au dernier tiers de la performance des Japonaises de Babymetal. Il s'agit de la première fois que je les vois (après les avoir entendu de loin au Download il y a une petite dizaine d'années). En fait, j'ai l'impression de voir des gamines sur scène faire des chorégraphies de mangas tout en chantant et en jouant avec une attitude naïve candide, le tout sur fond de speed metal à la Dragonforce. L'ambiance est bon enfant même si je trouve cela assez niais. Le résultat est visuellement réussi avec des chorégraphies soignées et un trio de chanteuses particulièrement charmantes et contentes d'être là. Après, cela ne m'a pas spécialement touché. J'attendais surtout patiemment de voir Dave Mustaine qui devait enchaîner.
Et donc, c'est maintenant au tour de Megadeth d'investir la scène. Je les avais déjà vu défendre leur nouvel album un an plus tôt à l'Olympia, et déjà à l'époque, j'avais trouvé que le groupe retrouvait des couleurs. J'étais donc impatient de les revoir. En plus, depuis l'été dernier, Kiko Loureiro est parti et j'étais curieux de découvrir son remplaçant, le Finlandais Teemu Mäntysaari. Et je n'ai pas été déçu. Teemu possède un excellent feeling à la guitare et il complète à merveille le jeu toujours aussi précis de Dave. Il n'y a pas à dire mais Megadeth possède quand même un line-up de dingue avec en plus des guitaristes, James LoMenzo à la basse et Dirk Verbeuren à la batterie. Le Belge est toujours aussi impressionnant et relax. Et franchement, dans ces conditions, ce ne peut qu'être un plaisir de voir se succéder tous ces hits qui ont bercés nos années 90. Dave Mustaine manque un peu de puissance au chant mais il module bien et propose une bonne performance.
A peine fini, je me dirige vers la Valley pour suivre la fin de la performance des Suédois de Graveyard avec leur blues/rock chaud et bourré de feeling. On est directement transporté dans les années 70 avec un super groove et quelques bons solos bien brumeux. Le style reste toujours pépère, plus orienté vers une ambiance feutrée que de l'énergie brute du rock. Je n'ai pu voir qu'une vingtaine de minutes de leur show mais le groupe ne m'a pas déçu avec notamment un excellent "Ain't fit to live here" issu de leur album "Hisingen blues" que j'apprécie tout particulièrement.
Alors que cette première journée est plus courte que les autres, elle propose déjà ses grands moments et ses surprises. Et ce n'est pas fini ! Arrive maintenant minuit et j'ai devant moi le premier dilemme du festival, le rock brumeux et psychédélique d'All Them Witches sur la Valley ou le thrash metal teuton de Sodom sous l'Altar. Je choisis de me diriger vers l'Altar, le quatuor mené par Tom Angelripper étant assez rare dans l'hexagone. Et je ne suis pas déçu de mon choix. Il s'agit de la première fois que je les vois avec le nouveau line-up en mode quatuor et franchement, quelle puissance déployée ! Le groupe est en forme et le résultat fut bien brutal ! Il s'agit de la meilleure fois où je les ai vus. On a eu affaire à un mode best of activé, avec brio et conviction. Sodom représente pour moi le groupe à la lisière entre thrash metal speed et féroce et le black metal à l'ancienne, cru et direct. Les Allemands ne s'embêtent pas d'arrangements superflus ou de morceaux particulièrement recherchés, mais ils gardent une vraie efficacité et des riffs particulièrement tranchants et inspirés. Ils vont droit à l'essentiel et possèdent une grosse énergie, toujours avec une base rythmique grasse et rocailleuse. Et là, on a eu droit à une leçon de gros metal qui tâche. On est d'ailleurs chanceux d'avoir pu les voir car à la suite de cette prestation, ils ont dû annuler quelques concerts de la suite de leur tournée estivale, Tom Angelripper devant faire soigner ses cordes vocales en urgence !
Je termine ma première journée avec les Anglais de Cradle Of Filth que je n'avais pas vus depuis une bonne dizaine d'années. Et en fait, à part Dani, je remarque que j'ai affaire à un tout autre groupe que celui que j'avais vu au début du siècle et dans les années 90. Je n'arrive pas à retrouver cette alchimie qui faisait de ce groupe un maître du black metal symphonique avec ce raffinement typiquement britannique. J'ai trouvé le son particulièrement brouillon, c'est tout juste si j'ai reconnu "Saffron's cruse" de Midian en début de set. La suite fut du même acabit, comme si j'avais affaire à un groupe de reprise avec Dani dont la voix n'est plus aussi incisive qu'à l'époque. Je n'ai pas non plus accroché aux morceaux plus récents de leur répertoire. Je préfère rentrer peu après le milieu de leur set pour être en forme pour la deuxième journée.
Deuxième journée impériale
J'arrive en fin de matinée, prêt pour la première curiosité de la journée (et du festival !), les Américains d'Imperial Crystalline Entombment. Ce groupe est arrivé au milieu de nulle part il y a 20 ans avec un premier album "Apocalyptic end in white" à l'imagerie singulière, le groupe étant vêtu de capes et de masques immaculés sur fond de glaciers bleu clair avec un concept sur le blizzard à la Immortal. Ils ont complètement disparus de la circulation suite à ce premier album avant de revenir avec un deuxième album sorti l'année dernière avec un artwork en tout point similaire à celui du premier album. Musicalement, j'avais plus apprécié leur premier disque même s'il manquait de personnalité, mélangeant Immortal avec Dark Funeral. J'étais donc curieux de les voir sur scène cette année, sachant que ce concert représente le tout premier de leur existence !! Donc, à l'heure du déjeuner, les voilà qui montent sur scène habillés tous de leur toge à capuche entièrement blanche avec masques et chaussures peintes elles aussi en blanc, ils iront même jusqu'à arborer, pour les non chevelus, des perruques noires dépassant de leurs capuches ! Le chanteur utilisera aussi durant tout le show un sceptre lui aussi tout blanc (que l'on peut voir sur la pochette de leurs albums). Visuellement, le groupe est allé au bout de son concept ! Musicalement, on a eu droit à une demi-heure de blasting black metal basique et redondant. Ce n'est pas déplaisant mais cela ne m'a pas donné envie de découvrir leur deuxième album. Même si c'était bien exécuté et puissant, j'ai trouvé leur set bien trop basique et sans surprises. Et l'aspect visuel, même s'il est original est quand même bien trop décalé et assez mal exploité. Une entame de journée honnête même si j'en attendais un peu plus.
Je profite de la suite pour faire quelques achats à l'extreme market avant de revenir toujours sous la Temple pour le viking metal d'Ereb Altor. Les Suédois, dont on retrouve une partie des membres du groupe de doom metal Isole, nous jouent du heavy metal à tendance doom à la gloire des vikings. Ce fut une très bonne découverte de ma part, les Suédois savent parfaitement incorporer des éléments vikings à la Bathory dans leur morceaux doom particulièrement recherchés et intéressants. Il y a aussi un petit côté Tyr sans l'aspect entraînant mais toujours avec ce folklore viking qui donne toute sa singularité à la formation. Ces trois quarts d'heure sont passés à la vitesse de la lumière et je suis curieux de découvrir leurs efforts studio. Une bonne découverte !
Je reviens une petite heure plus tard au même endroit pour le début d'un véritable marathon de 7 heures ! Il commence avec les Norvégiens de Mork. J'avais beaucoup entendu parlé de cette formation, c'est donc tout naturellement que je me suis retrouvé sous la Temple pour leur set. Il s'agit d'un trio de black metal norvégien avec une bonne touche de viking metal. Il y a un côté Tsjuder, Taake ou Darkthrone chez eux, mais leur particularité est d'être moins brutal que leurs compatriotes et donc de varier les ambiances avec une bonne dose de chant clair pagan. J'étais assez surpris de cela. Je ne m'y attendais pas du tout, pensant vraiment me retrouver devant un groupe de black metal classique et puriste. Et même si je n'ai pas accroché à fond à leurs morceaux, j'ai apprécié leur mélange et leur démarche. Peut-être qu'en connaissant un peu moins leur musique j'aurais plus accroché.
J'enchaîne maintenant sur les Mainstage avec un projet particulier. Oui, un projet et non pas un véritable groupe. Savage Lands est un collectif de musiciens de la scène metal mondiale. A l'origine, il a été créé par Dirk Verbeuren de Megadeth et Sylvain Demercastel d'Artsonic pour sensibiliser le monde du metal à la biodiversité et à la sauvegarde de nos forêts. Au-delà de l'aspect musical, Savage Lands est aussi une association dont le but est de planter des arbres. Plusieurs projets ont notamment été entrepris au Costa Rica pour reboiser les terres du pays. Plusieurs musiciens ont rejoints le collectif (Andreas Kisser, Chloé et Robert Trujillo, Poun de Black Bomb A, Jesper Liveröd de Nasum, Shane Embury, Rotting Christ, etc). Sur la Mainstage, on a eu droit à une succession de musiciens sur scène pour jouer des compositions originales ainsi que quelques reprises ("Back in black" d'AC/DC, "Roots" de Sepultura....). Le set était entrecoupé de vidéos et de messages sur la biodiversité ainsi que la liste de tous les musiciens soutenant l'initiative. Au-delà de la musique ici, l'important était surtout porté sur le message délivré par le collectif qui nous demandait de rejoindre l'"Army of the trees". Sur l'aspect purement musical, il s'agissait plutôt de metal moderne lourd et puissant mené par un Poun bien énergique. Le final sur "Roots" aura permis à tous les musiciens présents ce jour-là de monter sur scène pour un gros jam bon enfant. Il est à noter que durant le week-end Ben Barbaud a annoncé financer le projet à hauteur d'un million d'euros sur 5 ans et de perpétuer le partenariat avec l'association qui avait à sa disposition un grand espace au niveau de la Hell City Square avec 3 containers et des terrasses pour communiquer sur son projet aux festivaliers.
Après cette performance rafraîchissante, je me retrouve sur l'autre Mainstage, la principale, pour une autre curiosité de cette édition, les Américains de Polyphia. Il s'agit d'un quatuor de rock progressif entièrement instrumental et totalement focalisé sur les guitares. Et là, niveau originalité, on est servi. Polyphia joue une sorte de musique progressive me rappelant les atmosphères froides et quasi-mécaniques du King Crimson des années 80 avec des patterns de guitares en arpèges, syncopés, avec peu d'accords mais d'innombrables notes jouées rapidement. Il s'agit clairement du genre de groupe où soit tu adores, soit tu ne supportes pas. Je dois vous avouer que même si j'ai trouvé la démarche et le style intéressants, j'ai eu beaucoup de mal sur la longueur. Les jeunes musiciens possèdent une technique hors pairs ainsi qu'un véritable sens de la mélodie, mais alors vraiment, le style est extrêmement clivant. Il faut vraiment s'accrocher pour suivre les différentes parties. Je suis persuadé par contre que les musiciens, et surtout les guitaristes, vont y trouver leur compte tant la musique proposée est riche techniquement. Cela ne m'étonnerait pas que ce groupe fasse parler de lui à l'avenir tant ils proposent une musique originale et nouvelle.
Je retrouve ensuite l'autre Mainstage pour un moment plus terre à terre et basique, à savoir Steel Panther. Les Américains représentent le style de vie sex drugs & rock n' roll des vingt dernières années en purs héritiers de Mötley Crüe. Et voir Steel Panther en festival, c'est l'assurance de passer un moment de grosse rigolade potache sans prise de tête. Je ne suis pas fan du groupe mais j'ai toujours passé de d'excellents moments lors de leurs passages au Hellfest. Le chanteur, Michael Starr, et le guitariste, Satchel, passent leur temps à se charrier et à blaguer, le groupe invite toujours plein de filles du public sur scène. Le groupe a voulu répondre à la tentative de record du monde de Wall Of Death la veille par les Russes de Slaughter To Prevail, en voulant créer sur scène un véritable Wall Of "Nichons" ! La scène a donc été investie de plusieurs dizaines de demoiselles du public (bien plus que lors de leurs précédents passages les années précédentes), une bonne partie n'hésitant pas à montrer leurs seins dans la bonne humeur. Certaines n'ont pas non plus hésité à se jeter dans les bras de Michael et à lui rouler des pelles ! Au milieu de tout cela, on a quand même eu droit à du heavy metal entraînant, basique et bas du front. Les musiciens ont quand même le meilleur job du monde, en se faisant payer pour faire les cons sur scène, être entourés de pleins de jolies filles se jetant sur eux tout en chantant des "Gloryhole" et autres "17 girls in the row" repris en chœur par tout le public ! Vous l'aurez compris, avec Steel Panther, on passe un moment de déconne où on laisse son cerveau de côté, on se marre et où on profite tout simplement !
J’enchaîne sans transition sous la Temple pour le retour des Norvégiens de Satyricon. Cela faisait un bon paquet d'années que je ne les avais pas vus et j'ai été vachement surpris de l'énergie déployée ! Satyr était comme possédé et chantait avec une rare conviction. Le son était clairement orienté vers la lourdeur de la batterie avec un Frost impérial comme à son habitude, avec toujours ce son si mate de la caisse claire. J'ai rarement vu Satyricon aussi combatif, énergique et puissant. Le groupe s'est focalisé sur ses albums ayant eu le plus de succès, "Volcano" et "Now, diabolical" et leur black metal puissant et lourd. Et là, ce fut une énorme baffe impressionnante avec comme point d'orgue leur hymne "Mother North" repris par toute la tente pour un résultat absolument magistral et mémorable. Satyricon revient par la grande porte avec une performance de premier ordre. Même si j'ai un peu lâché sur leurs derniers disques, Satyricon reste un très sérieux candidat sur scène avec un son d'une très grosse puissance et des musiciens de grande classe.
A peine le temps de souffler que je me dirige vers la Valley où doivent jouer les remplaçants de dernière minute, à savoir Acid King. J'ai découvert très récemment cette formation via leur dernier album donc j'étais curieux de les voir sur scène. Là encore, j'ai été très agréablement surpris par cette performance. Il y avait un groove super entraînant dans leur rock psychédélique avec une atmosphère brumeuse du meilleur effet. J'ai vraiment bien plus apprécié sur scène que sur album (que je trouve un peu inégal). La chanteuse, Lori Steinberg, maîtrise parfaitement l'art de tenir en haleine son auditoire. J'ai vraiment trouvé qu'il y avait une excellente symbiose entre tous les musiciens qui ont de la bouteille. Franchement, cela m'a donné envie d'en découvrir plus sur ce groupe. Je me suis malgré tout éclipsé quelques minutes avant la fin de leur set pour retourner vers la Temple pour ce qui sera LE concert de cette édition.
Voilà, j'avais un autre gros dilemme à ce moment-là, entre les New-Yorkais de Biohazard et les black metalleux norvégiens d'Emperor. Comme j'ai pu voir les Américains quelques jours plus tôt dans la capitale pour une performance vraiment géniale, j'ai donc choisi d'aller voir les Norvégiens d'Emperor qui nous ont asséné un véritable best of ahurissant de très grande classe. Franchement, Emperor, c'est un groupe qui porte à merveille son nom avec des morceaux à la fois sophistiqués, intenses et prenants. Et même si le son fut approximatif sur les deux premiers morceaux ("Into the infinity of thoughts" et "Thus spake the nightspirit"), le performance fut de tout premier ordre. J'étais en réelle transe du début à la fin avec une set-list tout simplement PARFAITE, interprétant la moitié de chacun de leurs deux albums majeurs, "In the nightside eclipse" et "Anthems to the welkin at dusk". Je n'ai jamais eu une version aussi dingue de "With strength I burn". Ce fut tout simplement parfait, de très grande classe avec des musiciens impressionnants. Ihsahn, Samoth, Trym, Secthdamon, que des monstres de puissance et de virtuosité. Tous les grands morceaux y sont passés, "I am the black wizards", "Inno a satana", "In the worldless chamber" - seule incartade post "Anthems..." - ou le final inouï "Ye entrancemperium", dans la plus grande décontraction pour un résultat purement jouissif ! Emperor, c'est l'un de mes top 5 en concert et ils l'ont encore montré ce soir avec une performance de premier choix. J'ai tellement eu de mal à m'en remettre et à redescendre que j'ai préféré partir sitôt le concert fini ! J'étais dans un état second, complètement choqué par la performance à laquelle je venais d'assister. Désolé Body Count, mais j'aurais été incapable de suivre quoi que ce soit par la suite !
L'aventurier métallique......
Cette troisième journée est placée sous la marque du heavy metal traditionnel. Le Hellfest a souvent l'idée de faire des journées thématiques par scène et ce samedi, sur la Mainstage 2, on a droit à une sélection d'artistes musicalement ancrés dans les années 80/90 avec du bon vieux heavy metal comme on en faisait à l'époque. J'arrive un peu trop tard hélas pour voir les grindeux de Blockheads sous l'Altar, je me dirige donc directement devant cette Mainstage 2 pour les Américains d'Eternal Champion. A l'instar de leurs compatriotes Manilla Road, Eternal Champion est coincé dans les années 80 avec du heavy metal rocailleux et épique avec ces sonorités anciennes. Le groupe joue sur l'imagerie créée par Michael Moorcock et n'hésite pas à sortir les épées de 2 mètres et la cotte de maille. Il faut aussi savoir que le groupe a vécu un véritable drame un mois plus tôt avec la disparition soudaine de leur bassiste, Brad Raub. Ils ont malgré tout décidé de maintenir leur prestation au Hellfest en jouant à 4, sans basse, mais bien entendu en rendant hommage à leur membre décédé trop tôt. Le set aura été de bonne facture, solide, même si j'ai trouvé qu'il manquait de personnalité. J'ai malgré tout passé un bon moment et un bon début de journée.
Je me dirige ensuite sous la Temple pour suivre la performance des Français de Hrafngrimr. Cette journée sous cette tente est elle aussi thématique avec des groupes exclusivement folk viking. Là où la veille on avait droit à plusieurs formations viking orientées metal, ce jour-là, on nage dans la musique inspirée des sagas et du folklore scandinave des siècles derniers. Hrafngrimr est le seul groupe du jour que je vais voir à la Temple. Je ne suis pas du tout connaisseur de cette scène, à part quelques Wardruna. La musique de la formation est très portée sur les percussions qui sont selon moi l'élément central ici. Tout le reste suit les évolutions de rythmes des tambours joués par plusieurs musiciens et musiciennes. Le chant est aussi majoritairement féminin avec une chanteuse charismatique. On se retrouve instantanément projeté au milieu des fjords et des climats rudes des pays du Nord avec un côté solennel et majestueux qui domine. J'ai passé un moment agréable et plus calme qu'à l’accoutumée.
Je retourne ensuite devant la Mainstage 2 pour un autre moment de raffinement avec les Italiens de Rhapsody Of Fire. Je les suivais à l'époque où ils s'appelaient Rhapsody tout court et où il y avait encore Luca Turilli et Fabio Lione, c'est dire si cela date ! Il ne reste que le claviériste, Alex Staropoli, véritable maître à bord et compositeur du groupe. Le décalage avec la fin des années 90 est quand même important maintenant. Je n'ai pas retrouvé la touche particulière qui faisait toute l'alchimie de ce groupe, mélangeant speed metal ultra-intense et raffinement de la musique classique italienne. Ils réussissaient à mélanger admirablement ces deux univers avec brio et leurs deux premiers albums sont vraiment incroyablement épiques. Je n'ai pas retrouvé ce génie ici. Le chanteur manque clairement de charisme comme pouvait l'avoir Fabio Lione, et je n'ai pas retrouvé la puissance et la férocité qui faisaient la réussite du groupe. Je suis parti au milieu du set pour me diriger vers l'Altar.
J'arrive donc sans transition en plein milieu du set de Sanguisugabogg, groupe américain de grind death. Fini le romantisme du metal italien influencé par la musique classique, place maintenant au gros metal bourrin américain sans fioritures ! Avant même de parler du groupe, je trouve cette année (contrairement à l'année dernière) que l'accent a véritablement été mis sur les styles les plus extrêmes et furieux sur l'Altar. Même si le Hellfest en général se diversifie et sort de plus en plus du cadre d'un festival metal (on le verra sur la dernière journée), il ne faut pas oublier qu'il y a d'autres scènes que les Mainstages et le propos est quand même toujours bien furieux et de qualité sous les tentes. Et même si je ne suis pas spécialement fan de death metal, l'affiche sur ce style était encore d'un niveau incroyable entre Immolation, Nile, Dismember, Suffocation, I Am Morbid, The Black Dahlia Murder, Dark Tranquillity ou Amorphis. Revenons donc maintenant avec Sanguisugaboog qui écume les festivals européens cette année. La formation joue du gros death metal qui tâche me rappelant même Mortician sans le côté jusqu'au-boutiste mais avec des sonorités super graves et bœufs. C'est gras de chez gras, sans trop de recherches mais avec une réelle conviction dans leur propos. Le son est puissant et fait honneur à leur death metal de boucher. Sans être fan, faut avouer qu'en festival, c'est l'assurance de passer un moment particulièrement furieux et bas du front.
Vous l'avez compris, ensuite, je retourne devant la Mainstage 2 pour un autre groupe que je suivais il y a 25 ans, les Finlandais de Stratovarius. J'aimais bien leur speed metal mélodique dans les années 90, j'ai toujours trouvé qu'ils alliaient parfaitement le metal ultra-rapide avec des mélodies faciles à retenir et qui font mouche. Cela faisait plus de 20 ans que je ne les avais pas vus, donc j'étais curieux de voir ce qu'ils allaient donner, surtout depuis le départ de leur guitariste emblématique, Timo Tolkki. Le groupe a la particularité d'avoir connu d'innombrables changements de line-ups depuis leur création. Tous les membres d'origine sont partis dans la première décennie du groupe avant même qu'il ne connaisse le succès, puis son leader est parti il y a une dizaine d'années. On se retrouve maintenant avec le chanteur principal de la formation, Timo Kotipelto, et le claviériste suédois Jens Johansson. Et en fait, j'ai trouvé qu'on avait affaire à un tribute band au niveau rythmique, très pro mais sans âme, avec par dessus le son de claviers et le style inimitable de Johansson, avec le chant toujours aussi impeccable et puissant de Kotipelto. Je n'ai pas eu la sensation qu'il y ait eu 20 ans depuis la dernière fois où je l'avais vu en concert, vraiment super impressionnant. Niveau set-list, on a eu droit à un mélange entre titres récents et morceaux historiques comme "Black diamond" ou "Speed of light". J'espérais un final sur l'ultra-épique "Father time", mais à la place on a eu droit au plus convenu même si, il est vrai, efficace "Hunting high and low". Je suis quand même un peu resté sur ma faim...
Après m'être restauré, je reviens au même endroit pour assister à la performance du plus grand guitariste suédois, à savoir le monument Yngwie Malmsteen. Sans jamais m'être intéressé à sa carrière, je connais la réputation et l'égo surdimensionné du musicien et je voulais le voir pour me rendre compte de ce qu'est ce mythe de la 6-cordes. Il monte sur scène en véritable clone d'Elvis, chemise ouverte avec la moquette qui dépasse, favoris opulents sur les joues, décontraction maximale, et c'est parti pour trois quarts d'heure de gloire à son instrument. Il est accompagné par un groupe basse-batterie-claviers, ce dernier officiant aussi en tant que chanteur. Le concert commence d'ailleurs par un morceau relativement traditionnel de heavy metal avec du chant et bien évidemment d'excellents solos de guitare alliant vitesse, technique, virtuosité, dextérité et mélodie. Yngwie ne déçoit pas. Et ça enchaîne avec un premier morceau instrumental, qui n'en finit pas, avec des solos de guitare qui s’enchaînent aux solos de guitare, Yngwie donne tout. Au début, on se dit que c'est sympa, qu'il touche vraiment, que sa réputation n'est pas veine, et puis au bout de 4, 5, 6, 7 minutes, ça commence à faire un peu longuet. Alors oui, c'est d'un très haut niveau et Yngwie est particulièrement en verve, mais y'a vraiment un côté redondant et pompeux qui finit par lasser ceux qui, comme moi, ne sont pas des aficionados des guitar heros et des solos interminables. On comprend vraiment que les membres de son groupe ne sont que des faire-valoir lui permettant de poser ses solos impressionnants, le tout se terminant par une guitare en larsen posée à même le sol. Voilà, le King de la 6-cordes nous a fait son récital...
Ça enchaîne directement sur la Mainstage 1 avec un autre guitar hero bien moins exubérant mais tout aussi impressionnant, Nuno Bettencourt avec Extreme. J'ai dû attendre 30 ans pour les revoir une deuxième fois, et seulement... 8 jours pour les revoir une troisième fois, après leur passage au Heavy Weekend de Nancy. Extreme joue du heavy metal à la Van Halen (ironiquement le fils d'Eddie Van Halen jouait au même endroit une heure plus tôt !) avec un côté moderne plus prononcé et aussi, il est vrai, plus recherché. Gary Cherone, au chant, est de retour après un passage mitigé au milieu des années 90 au sein de... Van Halen ! Les deux musiciens emblématiques d'Extreme sont toujours particulièrement affûtés (l'âge n'a pas de prise sur eux) et il n'y a pas à dire, mais ils sont toujours aussi impressionnants sur scène. Ça déménage avec du bon gros rock metal survitaminé dans une atmosphère super bon enfant. Mais surtout, Nuno Bettencourt est particulièrement en forme avec des solos de guitares à la fois techniques et super bien sentis. Et contrairement à Malmsteen, tout est dans la mesure, sans en faire trop ni en mettre plein la vue, juste ce qu'il faut pour te dire qu'on a affaire à un guitariste incroyable mais qu'il n'oublie pas que son instrument sert la musique et non pas l'inverse. Même la partie acoustique du milieu de set avec un sublime solo de Nuno était parfaite, juste ce qu'il fallait avant bien évidemment d'enchaîner sur leur hit repris en chœur par tout le public, je parle bien évidemment de leur magnifique slow "More than words". Extreme vient de nous proposer un set d'une classe impressionnante dont beaucoup devraient s'inspirer.
Jusqu'à présent, cette journée du samedi se déroulait sous un ciel menaçant, contrairement aux deux premiers jours, mais en nous épargnant la pluie. On savait que cela n'allait pas durer... Quelques minutes après la performance d'Extreme, alors qu'Accept débute son set sur la Mainstage 2, apparaissent les premières gouttes de pluie. Cela n'entame pas l'enthousiasme du groupe allemand qui nous assène un véritable best of surpuissant (incluant quelques extraits de son excellent dernier album, "Humanoid"). L'attraction de ce concert est la présence de Joel Hoekstra, guitariste de Whitesnake, en remplacement du troisième guitariste d'Accept, Philip Shouse. La tâche était difficile de trouver un remplaçant à Philip, tant il est absolument impressionnant, le concert du groupe au Bataclan début 2023 représentant le concert de l'année pour moi, en grande partie grâce à sa performance. Il fallait quelqu'un de la trempe de Joel pour réussir le challenge haut la main. L'Américain est un musicien exceptionnel possédant une classe impressionnante et un touché de guitare qu'on ne présente plus (en même temps, être recruté par David Coverdale est toujours gage de qualité). C'est donc parti pour une petite heure de classiques de heavy metal teuton avec une set-list de rêve permettant à votre serviteur de s’époumoner comme rarement (au grand dam de ses voisins du moment !). Accept est vraiment un groupe qui se bonifie avec le temps et ce, même s'ils n'avaient pas pu dormir avant de monter sur scène vu qu'ils jouaient une quinzaine d'heures plus tôt à un bon millier de kilomètres de là ! A nouveau, le bande à Hoffman a sorti le grand jeu avec une performance puissante et agressive de premier plan. Christoffer Williams est aussi un excellent batteur (qu'on avait déjà pu voir au même endroit l'année dernière avec Elegant Weapons) dont le style est totalement approprié ici. Accept nous a à nouveau sorti une masterclass !
Je m'octroie une petite pause salvatrice après cette après-midi particulièrement remplie. Je reviens à la tombée de la nuit pour le groupe que je voulais le plus voir sur cette édition, à savoir les Américains de Mr. Bungle ! Imaginez un peu, le groupe a fait une pause de pas loin de 20 ans. Puis, juste avant la crise du Covid, ils nous sortent le ré-enregistrement incroyable de leur toute première démo en mode "thrash dans ta face" avec un line-up de folie et ce n'est que 4 ans plus tard qu'on réussit enfin à les revoir dans l'hexagone, 23 ans après leur dernier passage dans nos contrées. Impossible de louper cela ! L'année dernière, je voyais au même endroit à la Valley, mais à l'heure de l'apéro, Dave Lombardo avec son groupe Empire State Bastard et à l'époque, il pleuvait bien fort sur le site. Cette année, rebelote, au moment où le groupe investit la scène, la pluie, qui avait fait elle aussi une pause après le set d'Accept, revient en force. Heureusement, cette année j'ai investi dans un K-Way salvateur !! Je profite donc complètement du set totalement atypique de Mr. Bungle. Ce groupe ne ressemble à aucun autre, sorte de thrash metal déjanté et explosif. Scott Ian, Trey Spruance, Trevor Dunn, Dave Lombardo et Mike Patton (mais quel line-up de dingue !) nous balancent leurs morceaux à 100 à l'heure, principalement issus de leur ré-enregistrement de leur première démo, "The raging wrath of the Easter bunny", même si un morceau, "My ass is on fire", issu du premier album éponyme de 1991 a réussi à s'insérer dans la set-list. Patton, avec ses dreadlocks courtes, se donne comme un damné avec ses cris et envolées vocales dont seul lui a le secret. Il est d'ailleurs particulièrement à l'aise ce soir, à jouer avec le public, à sortir des blagues et surtout, avec son compères, à nous sortir quelques reprises en mode pastiche pas piquées des hannetons comme le "All by myself" final popularisé par Céline Dion, changé en "Go fuck yourself" particulièrement jouissif ! On a aussi eu quelques invités surprises comme Wolfgang Van Halen pour une reprise de... Van Halen, "Loss of control" (oui ! Enfin ! Pas comme lors de son passage avec Slash en avril dernier à Paris où on avait eu droit au "Highway to hell d'AC/DC). Là, vraiment, c'est cool ! Il s'agissait d'un moment vraiment touchant de voir Wolfgang reprendre un morceau de son ancien groupe et surtout de son père, décédé il y a 4 ans. On a aussi eu Andreas Kisser de Sepultura pour une version bien furieuse de "Territory". L'heure du set est passé super rapidement pour un résultat époustouflant, d'une classe monumentale, le tout joué dans la bonne humeur. La pluie n'aura pas gâché la fête, j'ai apprécié du début à la fin !
Sitôt fini, je me dirige vers la Mainstage pour la performance de la tête d'affiche du jour, à savoir Metallica. Si, il y a deux ans, les Californiens faisaient office d'attraction principale et de bouquet final de l'énorme double-édition, cette année, ils font presque partie des meubles et sont au même niveau que les autres têtes d'affiche que sont Avenged Sevenfold, Machine Head et Foo Fighters. N'empêche, ils arrivent avec les gros moyens et sont attendus par une très large audience. Là encore, je me retrouve bien loin de la scène (je me suis toujours refusé à louper des groupes qui m'intéressaient pour me "placer" pour des têtes d'affiche), mais ce n'est pas grave, l'important est de pouvoir assister à la performance. De toute manière, visuellement, les écrans géants sont très mal exploités, représentant une sorte de patchworks de plusieurs écrans, trop petits, enchaînant diverses vues (musiciens sur scène ou vidéos pré-enregistrées). En fait, on ne voit pas grand chose, et encore moins les musiciens, mais cela, en étant quasiment au niveau des bars tout au fond de l'espace des Mainstage, je m'y attendais. Ca ne commence pas super bien avec un son vraiment mauvais, surtout au niveau de la batterie de Lars où la caisse claire est horrible (vous voyez "St. Anger" ? Le même effet Tefal, mais en pire !). Heureusement pour nous, cela va s'améliorer au bout de 2-3 titres pour arriver à un niveau acceptable. Et à partir de là, mon concert de Metallica va véritablement commencer. Et même si le niveau a bien baissé ses 15 dernières années, un concert de Metallica reste toujours un moment agréable, au-delà même de l'aspect nostalgique rappelant les années lycées. En plus, j'ai trouvé que Lars était plutôt sobre au niveau de ses breaks, son jeu m'a semblé bien plus efficace que par le passé. Le groupe a toujours la pèche et même si je trouve que les morceaux du dernier album passent moins bien que les autres en concert (ça reste toujours mieux que ceux de "St. Anger" - pourtant j'aime l'album mais moins en configuration live - ou de "Hardwired... to self-destruct" album très moyen en plus). Le titre le plus réussi ce soir selon moi a été étonnament "The day that never comes" de "Death magnetic", vraiment épique, super intense et puissant. Je ne peux pas non plus ne pas parler de la "reprise" de "L'aventurier" d'Indochine par Robert et Kirk. Ils ont l'habitude depuis quelques années d'inclure dans leurs concerts un moment un peu décalé où seuls le bassiste et le guitariste se retrouvent pour jammer, permettant à Lars et James de souffler un peu. Souvent, lors de ces sessions de jam durant 3-4 minutes, les deux musiciens incluent une reprise d'un artiste venant du pays où ils jouent. Et ce soir, pour le Hellfest, sur les conseils de la femme de Robert, Chloé, qui est française et qu'on a vu la veille avec Savage Lands, ils ont décidé de reprendre ce hit d'Indochine. Autant j'apprécie cette démarche qui apporte un petit plus décalé et amenant encore plus de proximité avec leurs fans, autant la réalisation n'est pas au niveau. On l'avait déjà vu sur d'autres dates, il s'agit vraiment de jam quasi-improvisé sans gros travail derrière. Franchement... Il s'agit de Metallica, pas d'un petit groupe de lycéen qui essaye d'apprendre à jouer un morceau. C'est là où le bât blesse. On voit vraiment que c'est à peine travaillé alors que les musiciens sont des stars dont l'expérience et le niveau technique ne sont plus à prouver. Pourquoi n'ont-ils pas préparé cette reprise avec plus de sérieux ? J'aurais vraiment trouvé l'idée géniale que le groupe nous fassent une vraie reprise complète, en reprenant en intégralité ce hit d'Indochine en le faisant à la sauce Metallica. Cela aurait été plus respectable que ce petit truc pas travaillé et qui n'est pas au niveau de ce que représente Metallica. Soit tu le fais correctement, soit tu ne le fais pas (ou à la rigueur, tu fais quelques mesures de guitares, mais pas avec un Robert ultra-hésitant au chant). Au final, même si on retrouve pas mal de plans qu'on a vus des dizaines de fois (ballons sur "Seek & destroy", feu d'artifice pendant "One" - pour le coup ça le fait toujours, un "Master of puppets" final toujours efficace), on aura quand même eu un concert de Metallica correct, avec un son puissant (à partir d'"Enter sandman") et un groupe qui assure quand même bien. Ne faisons pas la fine bouche, c'est toujours un plaisir de ré-entendre tous ces grands morceaux et réjouissons-nous de pouvoir toujours les voir avec un bon niveau et j'ai vraiment pris mon pied, mais par pitié, faites de vraies reprises la prochaine fois, vous n'en sortirez que plus grands !
Et la journée n'est pas finie !! Après la mère le vendredi puis le père qui sort tout juste de scène, je demande le fils, Tye Trujillo ! Le jeune bassiste a déjà joué avec Korn durant son adolescence, on le retrouve depuis quelques années chez les vétérans du hardcore/crossover de Suicidal Tendencies. Et comme lors de leurs précédents passages au Hellfest, ils finissent la journée sur la Warzone, toujours aussi blindée. Et comme chaque année, il s'agit de ma seule incursion du festival sur cette scène. Autant je n'avais pas apprécié leur dernier passage il y a deux ans au même endroit, autant là, les musiciens ont remis les pendules à l'heure. Même si je commence à me lasser de leur entame de concert sur l'interminable "You can't bring me down", le groupe est particulièrement en forme ce soir. Pas de problèmes de son, une énergie communicative, un Mike Muir fidèle à lui-même en mode coach mental pour toute l'assistance, ST est dans la place !! La set-list enchaîne les hits du groupe avec une énorme puissance, les pogos sont légion et arrivé à la moitié du show, Mike invite de nombreux fans sur scène. Tellement nombreux qu'elle finit complètement remplie de festivaliers qui n'hésitent pas, au milieu des autres musiciens à y faire un circle pit, à slammer, à improviser un wall of death et à prendre les micros pour chanter en chœur avec Mike ! Bref, l'ambiance est énorme, ça saute dans tous les sens, sur scène, dans le pit, partout, l'esprit ST est présent du début à la fin. Mike est fidèle à lui-même, toujours debout, à fond, à invectiver le public de ses messages de développement personnel. Suicidal Tendencies aura conclu de la meilleure des manières cette journée riche en performances de haut niveau ! Le retour à l'hôtel sera assez éprouvant tout en se disant qu'il y a encore une journée à tenir.
dernier jour : pop rock !
La fatigue accumulée commence à se faire sentir, le réveil est un peu plus compliqué et les trains étant moins nombreux en ce dimanche matin que les autres jours, je ne peux arriver sur site que vers 13h me faisant louper Pensées Nocturnes que j'aurais bien aimé voir.
Je me console avec Dool à la Valley pour la dernière demi-heure de leur set mélangeant doom et rock avec une chanteuse particulièrement envoutante. Les Néerlandais, que je découvrais, nous ont proposé un set solide de rock joué lentement avec d'excellentes ambiances, limite psychédéliques. Le soleil de plomb du dimanche midi n'aura pas encore assommé les festivaliers présents devant la Valley !
Après une dernière session d'achats discographiques, je me place sur les Mainstages dont la thématique du jour est le pop/rock. Clairement, le Hellfest s'ouvre vers d'autres univers moins extrêmes sur ces scènes avec des artistes à la lisière avec les sonorités métalliques. Et même si les Queens Of The Stone Age, The Offspring (qui sont des habitués du festival) et les Foo Fighters ont pu apparaître dans la presse spécialisée métallique durant les années 90, cela fait longtemps qu'ils ont évolué vers un style plus pop. Je trouve personnellement qu'ils sont de grands représentants des passerelles entre musique mainstream et esprit rock/metal, et je trouve personnellement que cette ouverture cette année est bien vue et ne dénature pas l'esprit originel du festival. Ces groupes montrent une facette des artistes qui ont évolué en étant partis de l'univers hard rock/metal et cela permet d'apprécier le parcours de ces très grands artistes.
Mais avant cela, je me retrouve pour la fin de la performance de Simple Plan, groupe québécois de pop/rock. Pour le coup, j'ai trouvé leur style un peu trop décalé et jouant trop sur l'accent québécois et l'aspect humoristique de leur musique. Ils ne m'ont donc pas spécialement intéressé.
En fait, si je me suis rapproché des Mainstages à ce moment-là, c'est pour revoir Blues Pills, groupe suédois que j'ai toujours apprécié en concert. J'ai toujours eu un peu de mal avec leurs albums auxquels il manquait toujours l'énergie de leurs prestations scéniques. Le groupe, qui avait fait un léger break à la suite de la grossesse de sa chanteuse, Elin Larsson, revient donc au Hellfest après leur passage remarqué il y a deux ans. On nage en plein rock/blues psychédélique flower-power des années 70 avec toujours cette énergie qui fait partie de leur ADN. Et à nouveau, je suis sous le charme. J'aime toujours cette atmosphère quasi-feutrée alliée à la furie de la chanteuse dont le chant reste toujours aussi juste. Je trouve même que cette après-midi, elle est particulièrement en voix. Elle fait d'ailleurs le show en n'hésitant pas à se joindre au public en se retrouvant au milieu de la fosse pour un titre. Après trois quarts d'heure de show puissant et convaincant, leur ayant permis de présenter deux titres de leur nouvel album devant sortir cet été, ils terminent par un "Devil man", issu de leur première démo, particulièrement puissant et énergique mettant un point final à une performance convaincante. Les Suédois nous prouvent qu'il faut toujours compter sur eux !
Je reviens sous la tente de la Temple pour les Belges de Wiegedood. Je les avais découverts au même endroit lors de leur dernier passage au Hellfest et j'avais apprécié leur puissance de feu. Wiegedood joue du gros black metal surpuissant rappelant le côté apocalyptique de certains groupes de post-hardcore comme Cult Of Luna avec une puissance impressionnante. Cependant, passé cet aspect de grosse puissance, je n'ai jamais réussi à accrocher plus que cela. En fait, j'ai l'impression que le groupe sait créer une atmosphère brutale et pesante mais qu'il manque de relief. Je pense que le groupe gagnerait à inclure plus de contraste dans leurs morceaux, à nuancer, avec des parties plus calmes qui permettrait de mieux apprécier les envolées brutales. Leur musique est tellement magmatique que c'en est difficile à apprécier. Cela donne l'impression d'un gros bloc massif, sans aspérités, rendant l'ensemble un peu indigeste.
Après avoir repris des forces pour assurer la fin (déjà) du festival, je me rapproche des Mainstages. Même si le festival est passé très vite, l'accumulation des 4 jours et des aller-retours quotidiens vers Nantes se fait ressentir et physiquement, le corps commence à tirer un peu. Mais il m'en faut un peu plus pour entamer mon envie d'assister aux derniers sets qui s'annoncent de qualité. J'arrive alors qu'il reste encore un bon quart d'heure à Corey Taylor qui nous propose un set alternant titres originaux et reprises de Stone Sour et Slipknot dans des styles plus soft que les originaux. Je ne connais que certains morceaux de Slipknot et je trouve que le rendu avec un chant plus clair donne de nouvelles couleurs à ces compos. Je suis agréablement surpris. Au-delà de l'agressivité originelle de ces morceaux, il y a de véritables ambiances et mélodies qui sonnent bien dans un contexte plus rock/metal US. Corey est visiblement très content d'être de retour au Hellfest un an après avoir clôturé la précédente édition, et il est ému de l'accueil reçu par le public. Il s'agissait pour moi en tout cas d'une manière agréable de patienter avant la venue du groupe qui m'intéressait le plus ce jour-là...
En effet, en ce dimanche plus calme que les autres jours, j'attendais tout particulièrement la prestation des Queens Of The Stone Age de Josh Homme. J'ai beaucoup apprécié l'évolution du groupe ces dernières années et déjà, le concert parisien de l'automne dernier m'avait bien plu (tout comme leur dernier album, "In times new Roman...", l'un des meilleurs crus de 2023), c'est donc avec une légère impatience que j'attendais ce set. Le groupe joue alors que le soleil est encore bien présent donnant une ambiance de vacances avec ce rock/pop entêtant et mélodique qui nous renvoie directement aux plages californiennes et aux températures caniculaires. Pour le coup, j'aurais bien vu cette prestation lors de l'édition 2022 en pleine canicule ! Certains ont pu tiquer à la vue de ce groupe sur l'affiche cette année mais il ne faut pas oublier qu'il y a une vingtaine d'années, ils jouaient du bon gros stoner puissant (qu'on aurait bien vu sous la Valley) avec quelques guests de l'univers métallique comme Rob Halford. Bref, même si le propos s'est légèrement calmé, j'ai toujours trouvé qu'ils avaient entièrement leur place ici. Et c'est parti pour un gros best of de toute leur carrière sur un peu plus d'une heure et quart. Josh Homme a toujours cette attitude nonchalante alliée à une impression de facilité montrant cette maîtrise du sujet propre à la formation. Cependant, ce jour-là, j'ai trouvé qu'il manquait un peu de puissance et d'énergie à l'ensemble. Josh m'a semblé quand même pas mal éméché et fatigué. Ce n'est pas étonnant si le groupe aura dû annuler certaines dates de la suite de leur tournée (encore une fois le Hellfest est chanceux de ne pas avoir à gérer une annulation de dernière minute de l'une des grosses pointures cette année). Dans le même temps, Josh nous annonce la réalisation la semaine suivante (!) d'un concert en plein coeur des Catacombes de Paris ! Je serais curieux de voir le résultat de cette expérience ! Concernant le concert du jour, je suis particulièrement réceptif aux extraits de "...Like clockwork" et du p'tit dernier, notamment "Straight jacket fitting" où Josh n'hésite pas à aller au contact du public, se faisant par la même déchirer sa chemise et prenant par l'épaule un jeune slammer qui n'a pas dû comprendre ce qu'il se passait pour lui ! Au final, on a eu un bon set plein de fraîcheur et de mélodies dans une atmosphère sympa.
Ca enchaine quasiment sans transition sur l'autre Mainstage avec le punk/rock des Offspring. Et c'est parti comme à chacune de leur performance au Hellfest pour un peu plus d'une heure de punk américain énergique et mélodique. C'est l'instant nostalgique pour tous les quadras du public avec un enchainement de hits tous plus jouissifs les uns que les autres. La set-list parle d'elle-même et ce ne sont pas les quelques titres plus récents (forcément moins intenses sentimentalement) qui vont me faire mentir. Dexter Holland et Noodles passent leur temps entre les morceaux à se charrier et à rigoler avec le public dans une bonne humeur communicative. De toute manière, les morceaux joués donnent tous cette même envie de sauter partout et de s'amuser. Et pour le coup, tout y passe, "Come out and play", "Bad habit", "Pretty fly", l'énormissime "The kids aren't alright" ou "Why don't you get a job?" sont autant de brûlots indémodables que je passe une heure avec la banane à apprécier chaque instant, jusqu'au final repris par tout le public, "Self esteem". Merci pour tout, c'était génial, comme à l'époque !
La nuit fait doucement son apparition au moment où la tête d'affiche du jour monte enfin sur scène, les Foo Fighters. Pour le coup, après avoir eu leur tout premier album suite à l'arrêt brutal de Nirvana, je n'ai pas creusé plus que cela la carrière du groupe. Je connais Dave Grohl par l'intermédiaire d'autres de ses projets (outre Nirvana, il y a eu notamment Them Crooked Vultures ou les Queens Of The Stone Age justement !), mais il est vrai que là, je vais découvrir ce qu'il a fait avec les Foo Fighters. Je ne l'avais vu en concert jusqu'à présent qu'en tant que batteur et là, de le voir en guitariste/chanteur, je me rends vraiment compte du showman qu'il est. Il mène le public super facilement et, avec son groupe, il enchaine les titres de rock que le public reprend en chœur. Même si je n'arrive pas à rentrer directement dedans, je ne peux que reconnaître l'efficacité et la puissance que le groupe dégage. Assurément, les Foo Fighters ont leur place ici avec un rock alliant mélodies et agressivité. Il est clairement bien plus cru que les Queens Of The Stone Age et leur rock prend toute sa dimension sur scène, étant bien plus agressif que certaines formations estampillées hard rock. Je serais cependant plus rentré dans le show si j'avais connu les titres mais en tout cas, ils n'ont pas volé leur statut de tête d'affiche avec une performance de grande classe.
Je m'éclipse cependant avant la fin pour terminer mon festival sous la Temple pour la performance des Norvégiens de Dimmu Borgir. Etonnement, il s'agit de la première fois que je les vois sur scène. Il faut dire que je n'ai jamais trop accroché à leur black metal symphonique. Cependant, j'étais curieux de découvrir ce qu'ils donnaient sur scène. Et honnêtement, j'ai été agréablement surpris par la puissance et le rendu global. Je reconnais leur style symphonique grandiloquent avec un Shagrath en voix. Les autres musiciens ne sont pas en reste avec des performances solides et bien brutales. Sans aller jusqu'à me réconcilier avec leur musique (la fatigue des 4 jours n'a certainement pas aidé), j'ai passé un agréable moment à les regarder (même de loin). C'est ainsi que se conclut pour moi cette nouvelle édition du Hellfest qui reste toujours un événement majeur pour moi.
Bilan
Pour conclure, le Hellfest évolue, il se diversifie et continue son expansion, à la fois en termes d'activités mais aussi en spectre musical. Plus que jamais, il mérite sa réputation de festival à la fois éclectique mais aussi de connaisseurs, n'hésitant pas à proposer des artistes de tout horizons ne faisant pas forcément partie de grands groupes de tourneurs. Ce que j'apprécie tout particulièrement ici est d'avoir la possibilité d'assister à des performances d'artistes de renoms ayant donné ses lettres de noblesse au style ainsi que de nouveaux venus dans des styles aussi variés que le blues, le rock, le punk, le hardcore, le stoner, le heavy metal, le progressif mais aussi le black, le death ou le grind le plus furieux et extrême (et j'en oublie !). Et franchement, d'un point de vue personnel, ils peuvent nous créer un parc d'attraction, un supermarché Hellfest, des grandes roues, des créatures articulées ou n'importe quoi d'autre, le plus important restera toujours cette diversité et cette qualité de programmation qui font, selon moi, la réussite de ce festival extraordinaire. Il y a tant d'artistes que je n'ai vu qu'au Hellfest ou que j'ai découvert ici (à nouveau encore cette année) que c'est toujours un événement indispensable. Bien évidemment que le cadre a son importance et avec les années, on a bien vu que la production du festival a toujours mis l'accent sur les conditions d'accueil et le confort des festivaliers, et j'ai toujours apprécié ce travail et ces évolutions successives.
Aussi, j'ai eu l'impression au niveau de la programmation cette année que l'accent avait été mis sur l'augmentation de la représentation féminine des artistes. J'ai trouvé qu'il y avait eu une plus grande proportion de formation incluant au moins une femme dans ses rangs. Sur les groupes que j'ai vu (mes choix ne sont influencés que par la qualité musicale et non pas du genre des musiciens), cela représente environ un quart des concerts auxquels j'ai assisté, mais il y a eu aussi de nombreuses autres formations comme Sylvaine, Julie Christmas, Nova Twins, Houle, Lovebites, (Dolch), Chelsea Wolfe, Brutus (à la batterie et au chant - chose rare quel que soit le genre d'ailleurs) ou le Bruce Dickinson Band, parmi d'autres, à intégrer des musiciennes. Je me souviens du message des musiciennes de Grandma's Ashes l'année dernière sur la Valley qui réclamaient plus de visibilité de la gent féminine sur scène. J'ai l'impression que cette année, un pas en avant a été réalisé. Et quand je regarde les performances de Wormrot, Blues Pills, Dool ou Acid King, il est indéniable que la qualité musicale dans toute la diversité des musiques extrêmes n'a pas de genre. Je ne peux que saluer cette démarche en espérant que cela incite encore plus de femmes à se lancer dans le monde des musiques extrêmes.
A nouveau, j'ai passé un (long) week-end de très grande qualité. Je garderai gravé dans ma mémoire la performance indescriptible d'Emperor qui sera pour moi le concert de cette édition. Mais je n'oublierai pas non plus la découverte de Wormrot totalement inattendue et exceptionnelle. Pour le reste, je ne manquerai pas de mentionner les performances de haut vol de Satyricon, Kerry King, Suicidal Tendencies, The Offspring, Sodom, Megadeth, Accept, Mr. Bungle ou Blues Pills, sans oublier le show sexy et super fun de Steel Panther ou la classe des Queens Of The Stone Age. Cette liste (non exhaustive) montre bien que cette édition (la 11ème pour moi) aura été super positive. On ne peut que saluer le travail exceptionnel réalisé années après années par l'équipe organisatrice pour nous proposer une telle expérience de qualité. Tous les pass 4-jours ont déjà été vendus pour l'édition 2025 ! Cette manne financière va, je l'espère, leur permettre de proposer à nouveau une affiche et une grande édition l'année prochaine, avec, croisons les doigts, d'autres grands noms n'ayant pas encore foulé les scènes du festival. Rendez-vous en juin 2025 !
Mots clés : Hellfest, Nicko, concert, hard rock, rock, pop, blues, hardcore, punk, heavy metal, black metal, death metal, doom metal et grind
Dernière mise à jour du document : mercredi 14 août 2024
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