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- au groupe / artiste Otzir Godot
Shamanviolin + Áilu (Ailloš) Gaup + Otzir Godot
par Wotzenknecht › vendredi 21 février 2014
Style(s) : musiques du monde
Une rencontre entre le chamane violoniste Tuomas Rounakari et le maitre du chant joik Áilu Gaup, accompagnés par les percussions improvisées de Otzir Godot, organisée par l'Académie Sibelius. Le 20 février 2014 au Musiikitalo, Helsinki, Finlande
Eviter les lieux communs est devenu un nouveau challenge tant du côté des artistes que des journalistes au vu de la recrudescence des mélanges de styles et de cultures dans tous les domaines créatifs. Tuomas Rounakari alias Shamanviolin le sait bien, ayant un pied dans l'ethnomusicologie et l'autre depuis 2012 dans le groupe de beuverie-métal Korpiklaani. L'académisme musical le rebutant, il s'en est allé rechercher dans les sources du chamanisme des chansons à faire revivre, couplé en live avec des instants improvisés, quelques histoires et beaucoup d'humour. Il est ici question de chamanisme moderne certes, mais plus concerné par ses fonctions sociales et primordiales que par les inquiétantes voiles occultes qui drapent au même moment les formations telles qu'Arktau Eos, pour rester en Finlande. Il est accompagné ce soir sur scène du chanteur traditionnel sami de joik Ingor Ántte Áilu Gaup ainsi que du percussioniste Otzir Godot. Le joik est un chant personnel reflétant sa propre âme dont les racines se perdent dans les confins de la Sibérie, qui s'utilise à toutes occasions et se renvoie en écho lorsqu'il en rencontre un autre. En résonance, les deux chants peuvent alors s'avérer très efficaces pour la conjuration et l'invocation, transformant la scène en un combat d'esprits thériomorphes comme cela fut le cas hier soir ; d'un lent départ, les deux protagonistes principaux s'échangeront tour à tour mélodies tremblotantes, claquements de mains, hululements, aboiements, battements de pieds ; en soi une musique faite de brics et de brocs mais qui nous emporte sans crier gare, jusqu'à des cascades de percussions d'une intensité certaine quand ce n'est pas tout le public qui est convié – à joiker, à aboyer – et qu'ils laisseront ainsi quelques minutes, à l'état animal, avant de reprendre les rennes des énergies et de les canaliser sur un final plus calme. Le violon n'est ici pas plus qu'un accompagnement, au même titre que les pieds et les mains quand l'essentiel se joue par l'authenticité du musicien. La spiritualité n'est alors plus réduite à un jeu d'illusionnistes, mais bien retransmise en tant qu'une énergie vitale au cours d'une communion qui aura autant valeur de rassemblement intime que de spectacle musical. Ainsi que Tuomas l'affirme dans un interview donné à l'occasion de son intronisation dans Korpiklaani ; "Through studying the authentic shaman songs I started to learn the authentic way of performing them as well. It is an active trance, which is purifying and healing, and not just to me, but also to some people in my audience. (...) In this trance state people find a deeper connection to who they are deep down, and afterwards they feel more appreciative towards who they are themselves."
Dernière mise à jour du document : lundi 3 mars 2014
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