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- au groupe / artiste The Legendary Pink Dots
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- au document THE LEGENDARY PINK DOTS – Interview with Edward Ka-Spel at Sonic, Lyon,21/04/2011 (english version)
par Dariev Stands › mercredi 1 juin 2011
Ce concert du Jeudi 21 Avril 2011, vous n’avez pas pu y échapper : le flyer en était placardé sur la page d’acceuil du site longtemps à l’avance. Les Legendary Pink Dots faisaient une petite tournée française, accompagnés des prometteurs [bleu], et guts of darkness était partenaire de l’évènement pour l’occasion… Pour ceux n’ayant pas pu s’y rendre (il semble que la péniche du Sonic était pleine, ou quasi-pleine), voici donc une interview d’Edward Ka-Spel, chanteur, conteur, et leader du groupe depuis ses tout débuts voici maintenant plus de 30 ans. Une interview que votre serviteur a voulu différente, bien conscient de la réticence de Ka-Spel à livrer les secrets de sa poésie mystique en clair-obscur. J’ai donc opté pour une thématique « mélomane », vu que Ka-Spel fait régulièrement montre de sa passion indefectible pour toutes les musiques bizarres et interlopes possibles, des premiers Genesis à Spiritualized, en passant par PFM ! Pour preuve, la rubrique “choses magnifiques qui ont croisé notre chemin” sur la mailorder du groupe (terminal kaleidoscope), véritable mise en lumière d’illustres inconnus glanés au fil des cadeaux donnés par les fans du groupes, notoirement dévoués et barges. Histoire de ne pas déroger, j’offris donc 3 cd au groupe. Mais avant cela parlons un peu du concert…
Les Dots ont joué ce soir-là, comme sur toute la tournée, ce qu’il faut bien appeler un set difficile d’accès, au regard de leur impressionnante collection de chansons épiques et ruisselantes de charme. Focalisé sur leur dernier album et sur leur facette la plus ambient, allant jusqu’à creuser des soundscapes à la frontière de la noise, ce concert fut surtout efficace sur un plan physique : depuis que Niels Van Hoorn et Martijn de Keer sont partis, Edward et Phil ont toute latitude pour faire vrombir des machines au son de plus en plus profond et granuleux. Si HauptBahnhof annonce une longue série de morceaux très ambient et aériens, le concert prend un tournant psychotrope à partir de Torchsong, qui, allié à la chaleur étouffante du lieu, fait chavirer les dernières synapses et entrer en transe au moment où résonne les cinq notes immortelles de New Tomorrow. Une jeune fille blonde, assise sur le haut d’une banquette, fixe alors Ka-Spel avec des yeux de rescapée de l’holocauste durant toute la chanson, comme si elle partageait avec lui un lien inaltérable, un souvenir douloureux que seul lui est à même d’expier… Grand moment.
Jetons un œil à la setlist avant d’attaquer l’interview : The Unlikely Event / Rainbows Too? / God and Machines / Russian Roulette / Hauptbahnhof 20:10 / Cubic Caesar / Soft Toy / Choke / Someday ? / Torchsong / New Tomorrow / Rappel: 2 titres de Seconds late
Ka-Spel, que beaucoup disent pour le moins dans la lune, s’est pourtant immédiatement souvenu de moi lorsque je me présente : deux courts mails échangés il y a deux bons moins de cela auront suffit. Dès qu’une discussion sur la musique est engagée, le prédicateur au pieds nus réagit avec une vivacité peu commune : pas de doute, cet homme-là est un mélomane incurable. D’autres que lui souffrent de cette maladie, et peuvent passer pour des loques auprès des uns, tandis que les autres voient un type exhalté dès qu’on lui parle de musique. Suivez-mon regard, il pointe vers la glace. Une interview pleine de surprises, forcément trop courte et pas dans des conditions de détente optimale, puisque sur fond de balance du groupe de première partie.
Oui, c’est comme ça que mon amitié avec Phil (NDR : aka Silverman, Harmonix, Philip Knight, etc…) a débuté, on se retrouvait pour écouter des disques, car on avait tous les deux des goûts musicaux assez peu communs. A cette époque, on avait tendance à chercher des gens avec le même état d’esprit, ce qui était très dur à trouver… J’avais déjà commencé à collectionner des disques bien avant les Pink Dots…
Oh oui, depuis le début des 70’s je collectionnais des disques…
Mes goûts n’ont jamais vraiment changé, c’est une certitude ; ils se sont élargis, ils ont commencé à inclure plus de choses… La musique avec laquelle j’ai grandi durant mon adolescence, c’était définitivement les groupes allemands, comme Ash Ra Tempel… Pink Floyd était très important, aussi ; David Bowie a été particulièrement important… Tous ces gens ont eu une grande influence sur ce que j’ai fini par faire, mais quand le punk est arrivé, au début je n’en étais pas si emballé que ça. J’aimais l’image et l’énergie de la chose, mais je n’étais pas fan de la musique. Mais quand cela s’est developpé avec des groupes comme Wire, Joy Division et This Heat, c’est là que les choses ont commencé à s’élargir pour moi. Et cela m’a permis de faire ce que je voulais vraiment, c'est-à-dire former mon propre groupe.
Oui, Roxy Music, absolument, j’adore Bowie et Roxy Music. Les deux premiers Roxy Music, ce sont des classiques pour moi, je les écoute toujours et je les adore. Et David Bowie, j’ai tout simplement grandi avec. J’aime sa musique depuis… toujours. C’est probablement mon plus grand héros personnel, donc oui… Il est là (rires).
Oh ! Ils devraient.
Oh, je n’ai jamais eu tous les disques de cette liste, non… Certains d’entre eux m’ont intéressé, et Steve étant un proche, il m’en a évidemment fait écouter quelques uns au fil des années, me donnant un disque ou deux à l’occasion, mais il y en a encore beaucoup que je ne connais pas.
Et de toutes façons, tout n’y est pas de mon goût non plus. Steve a ses propres goûts aussi, qui ont également connu mutations et élargissements…
J’adore Spiral Insana, c’est vraiment un album fantastique… Certains de ses disques récents sont vraiment bons, comme Bacteria Magnet… En fait, il y a vraiment beaucoup de choses… Second Pirate Session, aussi ! ça c’est incroyable, le double cd avec la tête de poupée… Mais en fait il y a tant à découvrir, son œuvre est remplie de bonne musique.
Pour être vraiment honnête, je n’ai jamais vraiment été attiré par la musique goth… Ce n’est pas dans mes goûts, on m’en a fait découvrir une partie tout récemment, mais oui, je suis probablement plus proche du psychédélisme…
En fait, je connais très mal cet album, je connais surtout leurs débuts. J’ai entendu ce disque pour la première fois il y a quelques années seulement.
Je le connaissais depuis le début via son amitié avec Christoph (ndr : Heeman, de HNAS, groupe allemand inclassable), donc c’était super de finalement travailler avec lui… Et j’ai adoré ça, pour être honnête.
J’aime leur musique, tout simplement, surtout ces premiers albums, ils sont juste tellement intemporels. Ils défient toute description, ils créent un monde si unique, c’est comme écouter un film de David Lynch pour les oreilles, des choses comme « Meets the Residents »… Personellement, j’aime moins leur évolution tardive, ils sont tombés dans une sorte de formule. Pas que je veuille les descendre, mais ma préférence va à leurs trucs les plus tordus…
Bien sûr ! Lard Free, Heldon, Illitch, il y a beaucoup de musique française qui me plaise… Magma, je les ai découverts en 73, suite à une chronique tout simplement. Je me suis dit « il faut que j’écoute ce groupe »… Mekanik Destruktiv Kommandoh a tourné une dizaine de fois, d’emblée, je ne l’aimais pas au départ, mais il revenait sans cesse me chercher… Et donc je l’ai écouté encore et encore… à un moment donné j’ai du l’écouter plus d’une centaine de fois, et j’en étais littéralement obsédé, obsédé par tout ce groupe et par Christian Vander. Et puis à partir de là, je crois j’ai commencé à m’interesser à Gong. Gong et David Aellen ont été très importants pour moi. Je voulais découvrir beaucoup plus de groupes français, il y avait vraiment un son… Surtout les groupes parisiens, comme Heldon ou Lard Free… Et un peu plus tard, Illitch, un des groupes les plus sous-estimés…
Thierry Müller, son groupe s’appelait Illitch. Comme Vladimir Illitch Oulianov Lenine. Il a sorti l’un des disques les plus importants de tous les temps pour moi, et peut-être même le meilleur disque français : 10 Suicides. Et Thierry a même reformé le groupe récemment, et tu sais quoi : c’est toujours excellent ! Beaucoup de groupes des 70’s se reforment, pour des résultats mitigés, mais dans ce cas-là c’est formidable.
Je le trouve très interessant… Je me sens plus proches de la première période mais c’est toujours absolument génial.
Il y a tellement de passion dans ce groupe, ce sont des musiciens incroyables, si passionnés…
Hmm, pas autant que moi (rires) ! Non, c’est vraiment moi qui suis fanatique. Rien n’arrives à la cheville de la voix de Thom Yorke, j’adore cette voix. Tout le monde ne partage pas mon avis, c’est une voix spéciale, c’est un peu comme la mienne… Oui, je pense qu’ils font partie des groupes les plus vitaux et interessants actuels, on ne fait pas mieux, vraiment. Ils vont là où les autres groupes n’oseraient jamais aller, surtout quand tu as atteint ce niveau de popularité, c’est un sacré tour de force.
Non !! (sourire), pas de Top 5 ! Je veux dire, si vraiment je devais… Les gens me demandent souvent « quel est ton groupe favori, en fait », et du coup j’y ai vraiment réfléchi et … Je dirai probablement King Crimson. Ils ont fait tellement de disques, j’écoute encore ceux qu’ils ont sorti il y a 35 ans, et on dirait que c’est sorti hier… Ils sont toujours aussi vitaux, électriques, et en recherche constante…
Je l’ai, oui ! (je vois à son expression qu’il a pris sa baffe à son écoute, comme tout ceux qui l’ont écouté)
C’est prévu qu’ils ressortent en vinyle, c’est certain… J’ai beaucoup parlé avec Chris, de Beta-Lactam Ring, et il va en fait commencer une sorte de salve de rééditions dans l’année. Atomic Roses va sortir en vinyle, et ça devrait un peu ouvrir les vannes… Car tous ces disques ont disparu du marché désormais.
En fait, aujourd’hui, je dirai : commencez avec Seconds Late For The Brighton Line, c’est une si bonne entrée en matière. Je sais bien que les groupes font toujours la promo de leurs nouveau disque, mais là je le pense vraiment ! (rires). Ça fait une si bonne porte d’entrée, c’est l’un des meilleurs albums qu’on n’ait jamais fait. C’est tellement frais et vital, c’est tout nouveau, on entre dans des régions assez intéressantes, il y a là une énergie qui est vraiment spéciale, je pense.
Il se trouve que j’ai un bon ami qui vit à Avignon, mais sinon ça tombe comme ça, nous allons là où nous sommes demandés !
On a déjà joué à Cannes, mais pas à Nice. Les endroits où on marche le mieux sont ceux où l’on termine cette tournée, c'est-à-dire Moscou et Saint Petersbourg. On a également un très bon public en Pologne, en république Tchèque, sur la côte ouest des USA, à New York… On aime jouer en Europe du Sud, le public n’est jamais très nombreux, mais ceux qui viennent sont toujours des gens formidables…
Dernière mise à jour du document : jeudi 16 juin 2011
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