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Kwato, The Copycunts, Bleakness, Union Jack - Raymond Bar, Clermont-Ferrand, 09/03/2019
par Rastignac › dimanche 10 mars 2019
Style(s) : hardcore / punk / rock
Il y en a un sur cent, et pourtant ils existent : les samedi soirs en dehors de chez soi à faire autre chose que recommencer un Neme jeu de rôle sur console ! Oui, le chroniqueur sort parfois de chez lui. Et si ce soir, j'avais envie de me casser de chez moi, c'est aussi parce que ça faisait longtemps que je n'avais pas vu de concert de hardcore punk. Et kiki y a pour satisfaire les besoins de sons entrainants et néanmoins violents ? Le Raymond Bar de Clermont pardi.
Raymond Bar, à ne pas confondre avec ce gars ultralibéral ayant pondu manuels d'économie politique et grimé comme un ourson au Bêbête Show, le Raymond je dis-je est un lieu autogéré qui à vue de nez existe depuis maintenant pas mal d'années sur l'échelle sismique du squat - sachant que ce type de territoire peut, comme le chantait notre Cavalera d'amour il y a plus de dix euh... vingt ans provoquer des guerres très inégales entre des pouvoirs publics secondés par les "forces de l'ordre" et quelques individus écoutant musiques violentes mais non secondés, eux, par des forces de l'ordre... Ce n'est pas la première fois que j'y vais, et j'avais déjà pu apprécier l'ambiance chaleureuse, les bières à 1 euro, et cette sensation maintenant rare de pouvoir fumer sans acheter de clopes.
Bref, petit plateau punk/hardcore/rock violent, initié par Kwato, groupe lyonnais médiatisant Comity via le T-Shirt du chanteur ce qui n'est pas pour me déplaire, délivrant un metalcore bien primitif, empruntant riffs dans le mélodeath de Göteborg, le métal alternatif et les gros bourrins à mosh qui font tourner la foule dans le pit en moulinant des coudes type Merauder ou Kickback au choix. Pas de bassiste, chanteur ultra statique, mais ça allait bien avec ce son brutal, vraiment mal embouché, qui pourrait effectivement retourner des salles si le groupe allait plus dans la confrontation avec le public. Cela chauffe bien le début de soirée quoi. La suite nous emmènera toujours à Lyon, avec The Copycunts, groupe qui va à mon humble avis le plus remuer les foules pour la soirée juste devant le suivant dans le running order. Du punk rapide, avec des lignes de chants qui me rappellent fortement mes années tendre jeunesse, quand Courtney Love ou L7 nous crachaient à la gueule tellement fort que ça traversait l'Atlantique pour atterrir sur nos fronts tendrement meurtris par l'acné purulente. Le style reste très mélodique, mais pas du tout à roulettes ou trop rockabilly, juste teigneux, bien on serre les dents et on balance la sauce. Le groupe est bien carré et je suis content de voir que l'Auvergnat est plus réceptif qu'un pneu Michelin car le public fera des cabrioles dignes du Rastignac défoncé un soir de printemps quand Crowbar joue en ville ! Joie, humeurs, ébriété ! Dansant ! Hurlant ! Moi ravi.
Après avoir jeté un oeil sur la petite exposition d'Ed Hunted très... marqueterie accrochée sur les murs du baraymon, nous nous replongeons cette fois dans une autre ambiance, bien plus sombre, hypnotique, sèche comme un coup de trique avec Bleakness, groupe nantais qui fut pour moi une très bonne surprise - et le plateau fut effectivement très éclectique quand on y repense. Là, évidemment, je n'ai pas toutes les références pour vous emmener dans le joyeux monde du name dropping, mais je reconnaissais dans les mélodies, l'attitude et la répétitivité froide une bien puissante expression du chant du béton, pas positif et bien grisâtre. J'imagine que ce groupe est à classer pour les amateurs dans le punk le plus urbain, glauque, "industriel" dans le sens touillé pour que ça rouille instantanément les consciences et sacrément sombre - allez, le groupe le plus gutsien de la soirée ? Sauterie qui se finira pour moi vers 1H du matin avec Union Jack, que malheureusement je ne pourrai regarder trop longtemps, les multiples actions négatives de ma vie sur elle-même se développant sans cesse au présent sous la forme de pathologies diverses et variées : douleurs articulaires, somnolence passé le coucher du soleil, sénilité précoce, tremblements, irritabilité oculaire, circulation laborieuse et j'en passe. Ah oui, j'oubliais quand même : capacité à se plaindre en toutes circonstances ! Ah, ah. Ah. Je ne pourrai donc trop apprécier leur semble-t-il rockabilly ultrasonique et pêchu, perdu que je suis dans les méandres du doute et, peut-être, de cet infaillible puissance du temps qui semble passer trop lentement. Allez, je vous laisse avec un PS, pour rester sérieux deux minutes : on va dire que je fus plus un oiseau de concerts de death que de cold wave, mais je peux affirmer aujourd'hui que le public punk, contrairement à d'autres (cf. death là) vieillit beaucoup moins passé le bogue de l'an 2000, et l'apocalypse de 1999, de 2012, ou de 2020 je sais plus. Ca m'a, pour une fois, fait extrêmement plaisir, juste que je me dise : tiens, la musique sombre et violente n'est pas l'apanage exclusif de grincheux dans mon genre. Et pour ajouter : hein, l'un dans l'autre, tout ce qu'on veut, c'est de déposer nos armes à nos pieds, renvoyer chez elles nos armées, jeter à terre nos boucliers, claquer des doigts, frapper des pieds, et vibrer au son de la Musique ! Non ?
Allez, fait tourner les hyperliens sous formes d'URL CLIQUABLES :
Kwato :
https://www.facebook.com/kwato.band/
The Copycunts
https://thecopycunts.bandcamp.com
Bleakness :
https://bleaknesspunk.bandcamp.com
Union Jack :
https://unionjack.bandcamp.com
Mots clés : punk, hardcore, raymond bar, kronenbourg, pall mall, rhum à la bouteille, jeunesse, vieillesse, communication breakdown, mosh, pogo et clermont
Dernière mise à jour du document : dimanche 10 mars 2019
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