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 - au groupe / artiste 8nop8
 - au label Messiah records

Xmas Metal Night(s) 2 : 8NOP8 / Noïse Data / Crankset / Kunamaka - Le Lieu-Dit, Clermont-Ferrand, 20/12/2024

par Rastignac › jeudi 23 janvier 2025


Style(s) : hardcore / metal

Enfin, je me sors les doigts et vous donne un report de concert ! Et pas n'importe quelle soirée car il s'agissait là d'une machine à voyager dans le temps qui me renvoya au même endroit, il y a plus de vingt ans, avant tout ça, après tout ça.

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Clermont-Ferrand, ville sombre, ça je ne vous l'apprend pas, et ça ne date pas d'hier. Mon arrivée en 1991 dans ce lieu congelé l'hiver, complètement recuit l'été, m'avait dévoilé rapidement une ville industrielle bien morne, bien assoupie aussi, enfin, quand on sort des horaires de travail, de la sortie balade au Pariou ou d'un après-midi au Stade. A part ça... je veux dire, à part ça si vous ne viviez pas dans les trois rues autour de la cathédrale, voilà ce qui vous était promis. Ce qui a, à l'horizon des années 1990-2000 bien fait mijoter une génération d'adolescents qui prenaient dans les oreilles toutes les vagues de musiques brutales et torturées, via radios, bouche à oreille, copies de cassettes et parfois récupération voire achat pour les plus riches de disques importés bien trop chers. Ce qui nous donnera une chiée de groupes orientés metal (neo, death, thrash, crossover, etc.) / noise ou math rock / hardcore punk qui se sont retrouvés sous la houlette d'un "collectif" comme il était de coutume, nommée Rockwave qui fit en sorte, avec d'autres de faire de la fin des années 1990 un moment charnière dans la culture vivante et alternative à Clermont, à un moment où les lieux de concerts étaient chiche, les moyens, organisations, productions DIY étaient majoritairement à créer, ce qui coïncidera malheureusement avec mon départ de cet endroit qui donc en profita pour devenir intéressant. Conclusion : je suis maudit.

MAIS : j'ai pu me rattraper de nombreuses fois par la suite, et notamment ce soir de décembre 2024 qui voyait quatre groupes rejouer après avoir pour la plupart été mis en veille... très prolongée. Quatre groupes qui avaient l'habitude de jouer sur les mêmes plateaux, dans les mêmes soirées il y a donc 20-25 ans, et qui chacun, mis à part Kunamaka, n'ont pas à ma connaissance ressorti de musique depuis un moment. Donc : 8nop8 / Noïse Data / Crankset / Kunamaka, soirée sold-out, dans la salle de l'ancien pocoloco rue Fontgiève, aujourd'hui baptisé le "lieu-dit", mais les locaux restent les mêmes, toujours ce même carrelage ultra-collant au bout de cinq minutes, ce balcon de cinéma, cette scène qui permet d'être très proche du groupe, enfin, un bel endroit qui ne paye pas de mine quand on rentre et que l'on suit ce long corridor puis escalier puis re-couloir très inspiré des bunkers de la seconde guerre mondiale.

Premièrement, avec 8nop8, un peu comme Noïse Data qu'on entendra ensuite, on est clairement dans le hardcore abrasif et répétitif que l'on pouvait par exemple écouter chez Relapse à ce moment-là, donc si vous voulez vous rapprocher d'une soirée américaine, le début de ces heures de gloire aurait pu ressembler à une fiesta avec Coalesce, Dillinger Escape Plan, Knut ou Converge qui partagea exactement cette scène avec 8nop8 lors d'une soirée en 2002 ou 03 (?) lors de la tournée européenne Jane Doe, en compagnie de Burn Hollywood Burn, souv'nez vous, enfin moi c'était donc la dernière fois que je les avais vu, au même endroit, même carrelage, pas le même barman par contre. Les morceaux joués ont été fignolés, retravaillés, ça passe extrêmement crème, et ça a bien chauffé la salle du public clermontois toujours aussi prompt à brailler des conneries, à mosher, ou à aller se pinter au comptoir. Un début de soirée qui s'enchaina de la manière la plus smooth possible avec Noïse Data qui délivra un set carré, au carré, encore une fois de la musique de maniaque comme on aime quand on se tape la tête contre le mur, un peu comme lorsque Steve Austin braille non-stop avec des successions de dissonances. Après avoir récupéré un tout petit peu du mini mosh auquel j'ai à peine survécu à la fin du set d'8nop8, je me suis trainé sur balcon pour apprécier les grosses basses de Crankset que j'avais vu pour la dernière fois au Willie Bar (!) dans les années 2000. Je chaloupe mollement sur mon bout d'escalier, vais ensuite tailler le bout de gras avec le who's who des gens qu'on voit tous les vingt ans et qui se sont pour beaucoup exilés de cette ville que je vous ai déjà décrite comme étant... ben Clermont, et je regarderai du haut de ma fatigue un bout de Kunamaka avant d'aller m'écrouler quelque part dans la "banlieue" rurbaine de ce tentaculaire empilement de pierres de volvic d'entrepôts glauques aujourd'hui vidés de leurs travailleurs parce que ça coute moins cher les ouvriers au Brésil ou en Roumanie. Donc désolé Kunamaka, je n'aurai profité qu'un peu de votre musique bungleuse déglinguée, proguesque et cyclothyimique encore, on se fait vieux - phrase que j'aurais entendu environ cinquante fois ce soir là.

Enfin, vieux... c'est relatif. Un vieux, c'est un casse-couilles qui vient vous expliquer la vie tout en vous disant que ce que vous faites c'est de la merde. Je sais, j'ai entendu ça de nombreuses fois... quand j'étais "jeune" dans ces années 1990 à la noix. J'ai fait un peu en sorte de ne pas devenir un gros enfoiré haineux avec l'âge, mais je me dis que c'est compliqué. Or l'autre soir, j'ai eu la confirmation qu'il y avait finalement une quantité inimaginable de gens biens et passionnés, qui ne viennent pas vous faire la morale, malgré les décennies, les illusions perdues, quand les grandes bouffées underground d'autogestion se font rattraper par le besoin de confort ou d'un peu moins de chaos... Malgré ces emmerdements, cette soirée m'a montré, remontré qu'il ne fallait pas se laisser trop non plus déprimer comme un connard, et qu'à force de regarder le vide engendré par trois tondus à la télé on en arrive à oublier la réalité : que la puissance du metal et du punk flambera pour toujours dans les cœurs de ceux qui ont été ne serait-ce qu'une fois touchés par cette chaleur.

Mots clés : rockwave, clermont, 8nop8, noise data, crankset, kunamaka, pocoloco, lieudit, hardcore et metal

Dernière mise à jour du document : lundi 27 janvier 2025

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