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 - aux groupes / artistes Unsane, Sofy Major

Unsane - Poco Loco, Clermont-Ferrand, 17/06/2016

par Rastignac › samedi 18 juin 2016


Style(s) : black music / blues / hardcore / punk / rock alternatif / noise rock

Unsane, Poco Loco, deux noms qui m’ont suivi depuis de nombreuses années : d’un côté, un des groupes que j’ai le plus vu en concert, de l’autre un des salles dans laquelle je suis le plus allé pour voir théâtre ou musique depuis les années 1990... et qui est toujours debout aujourd’hui ! Ce fut donc une occasion en or pour venir un peu s’acoquiner dans les restes de viscères nocturnes du Clermont de nuit, expérience toujours intéressante pour celui qui en a le cran. Et la témérité. Nan, j’déconne (un peu). Allez, affiche !


C

Début de soirée en berne : ce soir, le club de rugby de Montferrand joue un match de phase finale, et sachant le potentiel loseur magnifique de ce club, je pressentais à la mi-temps, après avoir interrogé autochtone aviné dans un des nombreux bars du quartier liant Fontgiève aux Minimes que ça serait sans doute encore une journée de deuil dans la ville toute de verre et d’acier, de pierre volcanique et de pneu. Ce qui en soi est raccord avec un concert d’Unsane - concert qui d’ailleurs a été décalé dans la nuit pour permettre au public bougnat de rager devant l’écran de télé jusqu’au bout de la défaite avant d’aller écouter Chris Spencer gueuler des insanités !

Après avoir croisé la crème locale du showbiz dans les rues puis retrouvé notre monde dans la salle, nous engageons la première bière, et regardons le premier groupe. Gold, groupe hollandais. Nombreux sur scène (trois guitares), une chanteuse me provoquant effet hermaphrodite Brian Molko depuis le fond de la salle où je vois indistinctement les corps mais entend bien tout. En tout cas c’est très atmosphérique, très émotionnel aussi dans le chant, enfin ça détonne un peu avec Unsane. Je rêverais d’ailleurs d’une affiche vraiment 100% routiers comme ça, sans finesse, genre un ticket Clutch / Zeke / High on Fire / Today is the Day / Unsane. Mais là non, on a donc eu notre petite dose de sombritude plus posée, ça m’a quand même donné envie de jeter une oreille sur support de consommation courante.

Ça picole, ça picole, allez roulez jeunesse, roulez vieillesse, il faut rappeler le public qu’il y a un concert en route et hop on rentre pour écouter Sofy Major. Groupe de Clermont, formé il y a déjà plus de dix ans, ayant commencé dans un genre plutôt screamo, jouant aujourd’hui une forme de musique stoner metal teintée de noise avec plein de petits bouts d’Unsane dedans, mais aussi de Kyuss et même de Fugazi quand j’écoute les intonations de la voix couplée au reste sur certains titres. Ça envoie bien, ça enchaine sans temps mort (comme Unsane) (ou comme les Ramones si vous en avez marre de lire Unsane. Unsane. Unsane. Unsane. Unsane.). Une première partie bien plus raccord avec le propos de la soirée béton et rage - mais bon, c’est sympa d’amener de l’éclectisme comme ça, en loucedé, pour ensuite coller les gens dans un genre qui a fait ses petits, avant de voir le Grand Papa qui est... qui est... Unsane pardi.

C

Parce que les mecs sont increvables. Le nombre d’histoires, le nombre de légendes, de tournées, de morts que ce groupe et ses membres ont vécu rangent quand même les prétendants à la « crédibilité de rue » en file indienne, ils se font dessouder par Ulysse, pas par flèches non, par le ridicule. On en a longuement parlé avant le concert, on ne savait plus comment tel mec avait frôlé la mort, mais si il s’est fait rouler dessus, mais non ça c’est la pochette de Total Destruction, mais si il s’est fait défoncer en sortant d’un bar, mais non à coups de surin, mais oui il a eu une infection, mais non il a failli crever de... de..., et autres propos approximatifs de pré-concert reconstruisant l’histoire petit à petit de manière socio-constructiviste, rameutant souvenirs de concerts et de jeux vidéos, invoquant bien sûr admiration devant la musique dure des die hard d’Unsane. Les mecs sont rodés en tout cas : la scène en montée en deux deux, les petits réglages techniques sont effectués très rapidement, et c’est parti, avec le retour du grand Vinnie Signorelli derrière la machine. Le public est conquis d’avance, et sait aussi, peut-être, d’avance, qu’un concert d’Unsane, c’est impossible que ça foire, c’est toujours très bien ficelé, avec un tout petit peu d’improvisation à chaque fois, les fameux roulements de tambour de Signorelli avant chaque morceau annonçant le prochain titre si on écoute bien les petites gammes que Curran ou Spencer envoient comme ça. Dire que ce fut intense est un pléonasme, mais j’ai eu la chance d’être tout devant donc c’était intense, le sol en carrelage passant du statut « patinoire de kronenbourg » en « glue de kronenbourg », un set incluant seulement des hits, du premier « Unsane » au dernier « Wreck » sans oublier un seul album je crois. Je ne vais pas vous pondre toute la setlist, j'ai une mémoire de moineau, mais sachez que j’aurai headbangué le plus fort sur Sick (en ouverture miam), Body Bomb, Scrape, Alleged, Only Pain, Against the Grain. Et le reste. J’ai attendu un peu en vain un rappel à base de chanson du métro, ce qu’ils faisaient habituellement lors des dernières dates auxquelles j’avais pu assister, ça se finira en fait sur le « hahaha », la reprise de Flipper qu’on peut écouter sur le dernier album, puis une espèce de noise étirée avant que le personnel producteur interprète remballe tout aussi sec. Mon oreille droite fait un la mineur attachant, je suis trempé, et allez ce fut un de mes tous meilleurs concerts du groupe, forcément toujours plus efficace dans une petite salle que dans un gros festival comme le Hellfest, leur blues sale sachant électriser public et conscience, sachant allier groove et glauque comme personne, et dégageant quand même une puissance bien malsaine, c’est écrit dans le titre du groupe, ça s’est vérifié hier avec visages crispés, débuts de baston, tension, arrêt Clermont-Ferrand béton armé, enfin une jolie date quoi. On en re-veut - tous les jours un concert d’Unsane, et t’es plus enrhumé.

Mots clés : pocoloco, clermont, unsane, intérieur cuir, gold, sofy major, baston et acouphènes

Dernière mise à jour du document : dimanche 19 juin 2016

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