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Interview de VLADIMIR BOZAR'N' ZE SHERAF ORKESTAR

par Dariev Stands › vendredi 8 mars 2013

Interview réalisée dans la foulée d'un concert de Vladimir Bozar’n’Ze Sheraf Orkestar & Igorrr à la Java, 11 Mai 2012

Le succès jamais démenti de « l’école Bunglienne » dans notre vert pays, via des gens comme Estradasphere, nous aura permis d’assister à bien des mutations décadentes et hilarantes.

C’est en marge, on l’a déjà démontré, que fleurissent ces petits groupes de jeunes loups souvent virtuoses, parfois pervers, toujours polymorphes. Les Froggies se mettent au Bungle-core, et ça fait plus de 10 piges que ça dure. Car la dimension metal n’est pas à oublier, la France ayant toujours été friande du genre. L’affiche de ce jeudi 11 mai avait ainsi de quoi enthousiasmer : 2 groupes plutôt appréciés ici, tous les deux nourris par les nouvelles technologies (de façon évidente pour Igorrr, plus subite pour Bozar, comme on le verra), et férus de changements de braquets aussi fréquents que ceux de notre Richard Virenque national (encore un salaud de varois) un jour d’étape de montagne sous crack à l’insu de son plein gré. Bref : très fréquents. Trop selon certains dans la salle ce soir-là. D’autres auront rapidement shaké leur boule sur le barococore (breakococore ? cocoricore ? ) d’IgoRRR, tandis que certains connaissaient même certaines « répliques » déjà cultes de Vladimir Bozar (et on ne parle pas seulement de notre team de reportage de choc).

En tout cas, ce genre de retour en adolescence bien régressif devient bien trippant quand accouplé à cette complexité faussement chaotique, surtout révélatrice d’un humour et d’une abâtardisation (mot totalement inexistant, au passage) typiquement frenchouille. Quand à l’interview, elle fut tout aussi bon-enfant et histrionique que le concert de ce soir-là, jugez plutôt. Le (37ème) changement (de rythme), c’est maintenant ! (ou avec 9 mois de retard)

DS : Ok, qui pose la première question ?

CYRO : Ah ben moi je veux bien.

Ah, ça peut être bon ça, comme idée… Primo, question banale, racontes nous comment s'est formé le groupe … dis nous en donc un peu plus sur JP Trash, ce groupe culte et très méconnu...

Cyro : Alors, moi j’avais un groupe avec Mina a la basse et Ben’Houz à la batterie, et on faisait des reprises de Frank Zappa (on était un groupe de reprises), et on aimait bien aller voir les Jean-Paul Trash, avec Djé, ils nous faisaient délirer… Et eux venaient nous voir à notre concert et puis du coup on s’est dit : « on va essayer de fusionner »… Ah oui !!! Et j’oublie toujours de le dire : mon frère jouait dans Jean-Paul Trash, c’était le DJ, voilà…

Pedral : C’est comme ça que tu nous as connu, au final

Cyro : Exactement, voilà. Réponse tout à fait orthonormée.

Wendy S. : Et Marto Ventouz, là-dedans ?

CYRO : Ben ça c’était Ben’Houz et JC, qu’on a rencontré quand il est venu nous voir lors du concert d’hommage à Zappa. On a fait connaissance comme ça, et ils ont monté ce groupe-là, voilà.

Sergent B. : C’est un peu une sorte de All-Star Band…



Vous avez du être surpris en découvrant le concert en hommage à Zappa

Pedral : Ben moi je les ai vus 2 fois et j’ai rien compris… C’est vrai, je connaissais pas, moi je venais du rock alternatif, des trucs de base, plus faciles d’accès… et Marto Ventouz, pareil, c’était une claque dans la gueule, du genre « ah ouais ? ». Et du coup quand y’a eu ce projet Sheraff (le nom originel) qui s’est créé, c’est un petit peu Ben’Houz qui a réuni tout le monde…

CYRO : En fait, dans les Children, ça nous chatouillait un peu déjà, de faire des compos. On avait commencé, Ben’Houz, Mina et moi, à faire des compos, on trouvait pas tout à fait la formule… Et après en rencontrant Pedral et Djé, ça a commencé à prendre forme, quoi. Mais c’est vrai que ça nous chatouillait depuis un moment... On commençait à être un peu équipés à la maison, avec les programmes, chacun commençait à éditer des petites choses, qu’il proposait aux autres – formule qu’on utilise toujours aujourd’hui - et c’est parti de là…

PEDRAL : Et Ben’Houz à été batteur de la fin de Jean-Paul Trash.

CYRO : Exact, et moi j’étais trop dèg quand vous avez pris un autre guitariste dans Jean-Paul Trash, j’voulais trop rentrer dedans. Anecdote, anecdote !

Pedral : C’est vrai ? On a essayé Deufré, mais c’était plus pour le délire, quoi….. (silence) Ah merde, fallait le dire, bordel !!

CYRO : ça y’est je l’ai dit. (rires)

Moi : Un non-dit dans le groupe…

PedRal : Ah putain, ça je savais pas, heuheu… c’est génial

Moi : du coup, dites nous en plus sur Jean-Paul Trash, ce groupe culte et très méconnu…

CYRO : C’est pour ça qu’il est culte ! C’est grâce à sa « méconnaissance »…

Pedral : Et il le restera… D’ailleurs on se voit toujours avec les anciens membres de JP Trash, on se côtoie tout le temps. Avec des vies un peu différentes, familles pour certains… Et nous on a continué la zique.

DS : Donc vous nous en avez parlé tout à l’heure off-interview : vous êtes allés enregistrer une partie de l'album en Californie aux cotés des Estradaspheres…

CYRO : Je pense pas que Seattle soit dans l’état de Californie, si ?..

DS : Oui effectivement, c’est une erreur

Pedral : Ooooh !! y’a Igorrrr, il dit qu’il est pas content ! … euh, quelle est la question ? (rire idiot)

DS : Ben parlez-nous de ce périple à Seattle avec Estradasphere… Donc comment ça c’est fait, etc…

Pedral : à la base, on cherchait une mezzanine pour la fille de Mina, et c’est là que j’ai eu l’idée, j’ai fait « putain, mais si on faisait l’enregistrement à Nice, et allez chiche on fait le mixage là-bas ». Et c’est parti. Bon en fait ils nous avaient déjà proposé… Ils nous avaient dit « venez à Seattle », mais bon c’est quelque chose d’assez complexe à organiser, il faut partir un mois, voire deux…

DS : Justement comment il vous a proposé, à la base ?

PEDRAL : En fait, on s’est rencontré avec Estradasphere en décembre 2007, Jason m’a contacté en 2006-2007, il connaissait Vladimir par internet, et il m’a dit « écoute, on vient avec les Secret Chiefs à Milan, pour jouer le Masada de Zorn, et après coup y’aurait-il possibilité de tourner avec une micro-formation d’Estradasphere(Timb Harris, Jason Schimmel et Tim Smolens) en France ? ». J’ai dit « Allez go » et du coup y’a pas de souci je leur ai trouvé quelques dates(Et du coup, j'ai essayé d'organiser quelques dates). Avec Mina, on a été les chercher à Milan, on a eu la chance de les voir jouer pour Zorn et on les a ramenés chez nous à PEYMEINADE. On a organisé une soirée privée et ensuite, on est allés jouer à Montpellier et à Nice. CYRO : Je me rappelle chez Djé à Tourrettes sur loup, c’était irréel… Pedral : Ca, c’était plus tard… Au début, je les connaissais pas très bien, on a fait 3 dates ensemble, ils sont restés à la maison et on appris à se connaître. Et c’est là qu’on a eu une discussion sur la façon d’enregistrer, de mixer tout ça… Par exemple, Tim Smolens nous a appris que c’était lui qui avait fait la partie live de Bungle, au niveau des séquences, en fait. Il avait tout programmé pour que la zique puisse être jouée live. A la base, il était fan de Spruance quand il était à la fac… Il allait voir tous les concerts de Bungle et un jour il est arrivé avec un CD d’Estradasphere et il lui a filé. Spruance les a signés… Voilà. Donc c’est parti de plein de discussions, ils nous ont proposé de venir, on a fait « allez feu », et on y va. Et puis, ça c’est fait. CYRO : C’est le cœur… Pedral : Après ça nous a vraiment rapproché humainement… J’sais même pas s'ils écoutent notre album ou pas… Bon, je sais qu’ils aiment bien quand même un peu parce qu'ils ont joué dessus. Spruance j’étais déjà en contact avec lui, je l’ai rencontré à Milan pour la première fois. En 2008, on a réussi à monter une mini-tournée avec Secret Chiefs 3. On a fait 4-5 dates. Ça a été un boulot de ouf, car déjà la première année ça a été annulée. Secret Chiefs 3, c’était pas connu du tout en France, et moi qui suis pas tourneur, pour trouver 4 dates, j’ai dû appeler je ne sais pas combien de centaines de salles et d’asso … On était déjà super content de faire ces quelques dates en même temps que la sortie de notre album.



Sergent B. : Et c’était leur première tournée française, 2008.

Pedral : Et c’est parti d’une blague…

CYRO : En achetant des mezzanines…

Pedral : J’ai dit « allez tsé quoi, demain j’envoie un mail, j’appelle… » et ça c’est fait comme ça. Maintenant, dès que j’ai une idée…

DS : Vous êtes restés combien de temps à Seattle ?

Pedral : On est partis avec Mina, on est restés un mois. On était dans l’ancien squat de Sun City Girls, à côté de l’ancien local d’Alice In Chains et de Nirvana, plein de locaux de répète dont un qui était immense, une sorte d’atelier… Un studio/salle de concert appelé le Warehouse, en banlieue de Seattle. Super classe, super cool.

comment va le petit futur prochain album ??

CYRO : On a joué 4 nouveaux morceaux ce soir, c’est toujours un peu en chantier… Ce qui est assez drôle c’est qu’un de nos « nouveaux » morceau date de 2007, on le traîne depuis longtemps, il aurait du être sur le premier album, même sur la 1ère démo, il y est pas... Et on le travaille toujours : y’a pas de règles. On le traîne depuis longtemps… Pour le moment on l’appelle « L’apothéose ». Les titres sont souvent provisoires, souvent 2-3 titres pour le même morceau. Donc là on a joué 4 nouveaux morceaux ce soir. On a encore 4-5 autres autres morceaux à la maison… Qu’on n’a pas encore travaillé mais qu’on a déjà séquencé. Comme on travaille à distance et que chacun est équipé, si tu veux, on compose, on envoie, et si ça le fait on bondit dessus, si ça le fait pas tant pis… Après y’a pas de règles, parfois on garde tel quel, parfois on charcute complètement. Donc là y’a déjà une base de 8 morceaux, de sûr, et perso pour un disque 8 ça me plairait d’en avoir plus….

Pedral : En idées, on a bien plus, on a plein plein de petites idées… On a peut-être trop d’idées puisqu’on est 5 à proposer, en même temps.

CYRO : Le plus difficile c’est peut-être pas d’avoir les idées, c’est d’arriver à les mettre en place, à structurer. L’album va arriver, quand, je sais pas, mais en tout cas dans le groupe c’est ce qui nous travaille le plus en ce moment…

PEDRAL : D’ailleurs aujourd’hui on a eu une grosse discussion sur la méthode de travail… Parfois ça se fait très rapidement… Mais c’est vrai que parfois on a du mal à savoir qui décide de la dernière idée… Moi je suis tout le temps à la maison à faire des heures de montages/découpages, à travailler par Skype avec le batteur… On mesure, on fait du hachage. Ça vient pas tout seul, c’est beaucoup d’heures de travail, de tests… Du coup on était entrain de se dire « mais putain, on travaille trop lentement ! », mais moi je pense que justement c’est ce travail-là qui fait qu’on arrive à ça. Et qu’on a la bonne méthode ; elle prend juste beaucoup de temps et c’est tout. Donc il faut continuer et être patient…

CYRO : En tout cas pour répondre précisément à la question : C’est sur le feu. Le groupe est pour le moment dans une très bonne dynamique.

Sergent B. : !! Vous avez répondu en même temps à la prochaine question : Comment se passe la création d'un morceau ? tout se fait naturellement ? ou est ce que c'est du découpage d'idées, travaillé en patchwork, cousu, décousu, malaxé, digéré, régurgité, recousu pour en arriver à ce résultat ?

CYRO : Ben voilà : y’a zéro règles. On se propose, on s’envoie des trucs. Et surtout, moi c’est comme ça que je voie les choses dans le groupe et la musique en général : je mets mon égo de côté et le maître mot, c’est la musicalité. Peu importe qui apporte quoi, qui fait quoi. J’ai pris d’ailleurs plein de partie de guitare de Gauthier (Igorr) pour le prochain album, qu’il m’a proposées et que j’ai trouvé super. Je suis ravi de les jouer et y’a aucun problème.

PEDRAL : Faut s’approprier les morceaux. Moi je passe autant de temps sur une compo qui vient d’un autre membre… De toutes façon, pour un groupe, il faut être à fond dedans. Donc c’est long, car dès fois y’a des influences qu’on aime moins… Moi j’aime pas le ragga par exemple, Djé il aime les trucs plus électro, ragga, des trucs « teufs »… donc faut trouver un compromis.

CYRO : Alors moi je fais que des trucs guitare flamenco à côté !

DS : Quel bordel…

PEDRAL : Non mais : c’est un bordel, mais c’est ce qui fait la richesse. Après il y a un côté que j’adore, c’est le côté de Mina (Marto Ventouz) qu’on a pas encore dans Sheraff, qui est pas trop sorti dans le 1er album. C’est Mina qui fait ça. Elle a juste fait « Hector » sur le 1er album, mais elle travaille sur plein d’autres morceaux. Là elle est en train de faire « Ploc 2 »… Le côté film d’horreur. Et moi je suis ultra-fan de ça. Elle travaille sur beaucoup d’autres morceaux… Et moi le côté Marto Ventouz, j’adore.

CYRO : On va bosser « Ploc 2 », pour l’instant ça déboîte…

En fait vous avez les ressources pour faire comme dans Secret Chiefs 3, avec 7 groupes différents dans le groupe ! Chacun une couleur, le truc ragga, flamenco…

Pedral : Oui, sans vouloir faire pareil… Djé, par exemple, j’ai dit ragga, mais c’est un exemple, je pense pas qu’il soit fan non plus, mais il est plus électro, et il a son projet solo à côté, et je trouve que ça déboîte.

CYRO : Après Ben’Houz, Mina et moi, comme on a travaillé Frank Zappa, c’est vrai qu’on est ouvert… Le côté flamenco, c’est un truc qui me plaît aussi, mais on est aussi ouvert sur des tas de styles : Jazz, musique contemporaine, musique cubaine… Pour moi, y’a pas de mauvaise musique.

Comment s’appelle le projet du batteur ?

Pedral : Là pour la tournée on l’a motivé pour qu’il joue un de ses morceaux… Qu’on fera sûrement dans Sheraff, qu’on va Shérafiser… à force de l’écouter il y’a plein de plans qu’on pourrait Shéraffiser. Shérafiser c’est le terme qu’on utilise… C'est-à-dire qu’à la base tu as une compo basique avec une couleur, une écriture, et après on le « wagadoogoo » (effet buccal dénotant la Shéraffisation, on suppose).

CYRO : Nous, on Shérafise. Au-delà des compos, même quand je suis pas inspiré, j’ai quand même envie de bidouiller quelque chose… Je m’amuse à prendre une reprise, une musique de film, n’importe quoi, je la shérafise, je l’envoie aux autres… On la joue pas, mais ça me fait plaisir.



Pedral : Ouais, comme Psychose, on pourrait faire quelque chose. On a pleins de trucs dans le tiroir… Mais c’est tout le problème d’avoir trop d’idées d’un coup… C’est pas de la prétention, c’est qu’on est 5 à composer…

CYRO : Et la vie ne nous permets pas de passer H24 dans le local, donc forcément, c’est un peu long…

Robert F.: Vous arrivez jamais à vous retrouver en répète ?

PEDRAL : Non. On répète pas. On a plus de local car le batteur habite Paris. Du coup on fait plus comme avant où on tapait des bœufs de merde… C’est une autre méthode de travail.

CYRO : C’est surtout un objectif de groupe. C’est pas le groupe ou tu vas boeuffer, le but c’est de faire des musiques structurées, intelligentes… Moi ça me fait penser à un orchestre avec nos armes à nous. Même quand on fait des passages métal, c’en est pas vraiment : du métal, j’en écoute même pas. C’est plus notre façon à nous d’appuyer comme le faisait Stravinsky avec l’orchestre… Avec nos couleurs modernes. Je vois plutôt les choses comme ça. Dès fois je fais des morceaux, je sais même pas le style que c’est, les étiquettes ça m’intéresse même pas…Ce qui rend d’ailleurs le groupe difficile à caser : on est trop métal pour des festivals qui le sont pas, on est trop pouet-pouet pour des festivals métal… C’est sûr qu’on n’est pas formatés, on cherche pas à faire bankable. On cherche déjà à se satisfaire nous-mêmes. Si on y arrive, c’est déjà beau. Et essayer de les rejouer sur scène, c’est déjà autre chose.

Sergent B. : Faudrait faire un festival avec pleins de groupes dans votre genre…

CYRO : En même temps on a déjà été casés dans un festival de musique française, ballottés entre Olivia Ruiz et Pierre Perret !

PEDRAL : Dès fois, les programmateurs ont des coup de cœur… c’était super, pleins de gens qui aiment pas le métal accrochent quand même, disent « ça craint un peu mais c’est bien, y’a de l’énergie »... Nous on joue pareil devant 10, 100 ou 2000 personnes (le maximum qu’on ait fait). Et on a vendu zéro T-Shirts devant 2000 ! C’était au festival « Chauffé dans la noirceur » en Basse-Normandie. Ils sont adorables… L’accueil est génial, ils ont accroché et ils veulent nous soutenir et nous faire jouer. Donc arrive quand même à faire quelques festivals…

DS : Du coup ça nous amène à la prochaine question : Arrivez vous à vivre de voutre musique ?

CYRO : Noutre musique ? (silence)

PEDRAL : Ben dis donc, c’est pas évident de répondre à une question pareille.

CYRO : Noutre musique, non. Par contre je sais qu’on est tous toujours à fond dedans. Moi je suis prof de musique… Dès que j’arrive chez moi… Je mange (rires). J’allume l’ordi, et je me mets en mode Sheraff.

PEDRAL : Et tu lis mes mails !

CYRO : Ah oui. Sheraff, si tu veux, c’est un peu les trois huit. En fait, lui (Pedral) il est intermittent donc il fait des plans rock donc souvent des montages/démontages de scène, c’est souvent la nuit… Donc le jour il peut bosser les morceaux. Il bourrine, il m’envoie des mails. Moi j’arrive le soir, ben je lis mes 18 mails,et j’travaille, moi j’envoie plutôt vers 3-4h du mat… L’autre, il se lève tôt… ça travaille tout le temps !

PEDRAL : On arrive à se capter avec Gauthier sur Skype, avec Djé aussi plus ou moins bien qu’il ait sa gamine…

CYRO : Bon, la majorité, à part le batteur, on est quand même pas si loin, donc on arrive à se capter, même si y’a pas vraiment de répète au sens formel.

DS : parlez nous d’Igor, comment à commencé la collab ? qu’apporte-t-il au groupe ?

CYRO : Au départ je crois que lui il nous a contacté parce qu’il était dèg de plus avoir de cheveux, et il voulait savoir comment nous on faisait pour les garder… Et de fil en aiguille, on s’est rendu compte qu’il faisait de la musique aussi. Il a fait un super remix d’ailleurs, c’est mon morceau préféré de l’album !

PEDRAL : Moi je l’ai rencontré à Paris en fait. Je l’ai rencontré tout à l’heure ! Non c’est pas vrai. Il est tout timide en fait. Je l’ai rencontré y’a 7 ans à l’occasion d’une formation sur Paris, ou j’ai habité 3 mois… Après Djé est arrivé sur Paris, je lui ai présenté Igorrrrrr et on a bossé ensemble sur son projet solo. On s’est côtoyé de plus en plus… Et à l’occasion de la ressortie de Universal Sprache sur Harmonia Mundi. C’est arrivé sur leur bureau grâce à une compil du conseil régional, et le mec a fait « pouaah, c’est quoi, je signe ». On a cru que c’était une blague. Bref, on réédite l’album, ils nous demandent 5 titres en plus, et Igorrrrr nous a dit (prend une voix d’Ewok) « ah putain j’ai un titre pour vous »… Et du coup maintenant on s’envoie des idées…

CYRO : En fait au niveau de la collaboration, c’est devenu un membre du groupe sur le dernier album… Un compositeur, complètement. Quant à Arnus, c’est notre mascotte en tournée.

PEDRAL : Comme j’expliquait tout à l’heure, pour nous c’est lui le roi Bozar…

CYRO : Il faut passer 15 jours de private jokes dans le van, vous allez capter…

PEDRAL : Pour en revenir à Igorrrrrrr…Du coup il fait partie intégrante du projet, et à terme il sera peut-être sur scène avec ses machines.

CYRO : Et ça me fait penser au vrai Shéraf Orkestar… Eeeeet ça aussi c’est un truc qu’on aimerai bien faire !! On a des partitions écrites, et en studio chaque mec est venu jouer sa partie séparément en vérité, même si y’a des trucs samplés aussi… Donc c’est jouable.

PEDRAL : Faudrait beaucoup de place et un gros budget.

CYRO : Avec des cordes, des trombones…. Pourquoi pas.

PEDRAL : L’idéal, au moins une fois, ça serait qu’on se fasse un festival avec un peu de budget.

Sergent B. : Oui, façon Zappa…

PEDRAL : C’est complètement ça…

CYRO : C’était déjà très dur pour lui à son époque, alors pour nous, où la musique est quand même vachement saturée… Mais bon.

PEDRAL : On y croit, on y croit mes chatons hein, n’ayez pas peur !!

Sergent B. : D’après ce que vous dites, tous les gens qui ont entendu votre disque ont sauté dessus…

CYRO : D’ailleurs, j’ai été agréablement surpris par les réactions de ce soir, comparé à d’autres dates en France où les gens sont moins avenants… On était encore dans l’ambiance germanique (NDLR : le groupe rencontre pas mal de succès en Allemagne) avec pas mal de gens intéressés par l’album… Je sens que les gens sont curieux quand on est sur scène, ils sont très attentifs.

DS : Alors, puisqu’on est dans les orchestrations, il y a beaucoup de références dans votre album, dont des références purement musicales… Je vais commencer par la plus étrange : Est-ce que c’est moi ou le pont instru (synthé et roulements de tambour militaire) du pont de Panzoni Pasta est un hommage à l’intro de FF7 ?

CYRO : J’connais pas. On est pas du tout jeu vidéo. Tu me parles de Marble Zone sur Sonic, y’a pas de problème, mais FF7… Pourtant c’est quelque chose que j’adorerai faire, travailler sur des musiques de jeux… Ce soir y’a une dame qui m’a sorti Danny Elfman. A juste titre. PEDRAL : Danny Elfman, ah je dis oui !

Wendy S. : Dans le dernier morceau, j’ai cru entendre « Alouette, je te plumerai » ??

Tous : oui oui. D’ailleurs avec un joli faux parce qu’on la joué avec une seconde bémol

Wendy S. : C’était magnifique et très bien calé.

Sergent B. : J’peux poser une question débile ? combien d’heures par jour passez-vous devant Cartoon Network ? Parce que ta manière de chanter me fait penser à des voix de dessins animés, Pedral…

PEDRAL : En fait j’avais fait une formation, après avoir commencé Sheraf, de voix off pour dessins animés… Donc ça c’est un de mes projets futurs. J’aimerai bien faire du doublage…

Sergent B. : ça se laisse deviner ouais…

PEDRAL : Après, c’est un métier super difficile, ça veut pas dire que j’y arriverai… Mais c’est un truc que j’aimerai bien faire. Si y’a un des doubleurs de South Park qui meurt… Bah je kifferai le remplacer. C’est ce qui me fait le plus rire. J’adore les voix à la con, les musiques de dessins animés… C’est des compositeurs de malades, les mecs !

CYRO : Carl Stalling !

PEDRAL : Nous on fait un album et eux ils en font 10 000 mais ça on en parle pas…

DS : Comment vous est venu l’idée de reprendre Rabbi Jacob ? Perso j’y pense (à une version Bunglienne de Rabbi Jacob) depuis que j’ai entendu Ars Moriendi…

Cyro : Je m’en rappelle pas car c’est vraiment dans les vieilleries, celui-là… Je crois qu’à l’époque où on a commencé à le faire, ça a du nous paraître comme le thème de Vladimir Cosma le plus évident… Tout simplement. Mais maintenant, perso, je préfèrerai jouer l’Aile ou la Cuisse. Je suis ultra-fan de Vladimir Cosma. Pedral : C’est un tueur ! Cyro : C’est la musique comme je l’aime : tu crois que c’est naïf, et en fait quand tu t’y frottes c’est hyper-élaboré, et pourtant ça a l’air… simpliste. C’est merveilleux.

DS : Comment gérez vous le double héritage culturel « californie / riviera », représenté par la double moustache tutélaire (Zappa/Brassens) ?

Cyro : Je trouve que la question est trop compliquée, déjà… Pedral : C’est à lui qui faut demander, Brassens, c’est lui ! (il pointe Arnus Horribilis, leur génialissime designer) Cyro : J’pense que le challenge c’est d’arriver à proposer une idée et de contenter les autres… Alors de là à parler moustache…

DS : Traditionnellement, sur Guts of Darkness, toutes les interviews se terminent par la question : un petit mot pour les lecteurs ?

Arnus : (Prend la voix de Johnny Hallyday ) Euhhh, Salut c’est Johnny… Euhhh, j’en connais quelques-uns…

Mots clés : vladimir, bozar, sheraff, orkestar et igorrr

Dernière mise à jour du document : vendredi 8 mars 2013

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