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BRÉCHET / DENIZET / PONTHIEUX - interview avec Manuel Denizet (batterie)

par Nicko › vendredi 8 avril 2005

1/ Salut Manuel ! Bienvenue sur Guts Of Darkness ! Pourrais-tu tout d'abord nous faire un petit historique du trio "Bréchet / Denizet / Ponthieux" ?

Manuel : Le trio "Bréchet / Denizet / Ponthieux" existe depuis 1996. A cette époque, Jean-Luc Ponthieux jouait déjà dans le quartet de Pascal Bréchet avec Jef Sicard (saxes) et Jacques Mahieux (batterie). Je connais Jean-Luc depuis longtemps grâce à notre participation commune aux diverses formations du guitariste Claude Barthélémy. J'ai remplacé plusieurs fois Jacques Mahieux au sein du quartet de Pascal et c'est ainsi qu'il décida de former le trio. Outre l'interprétation de son propre répertoire, ce trio sert de base à de multiples expériences comme par exemple le spectacle sur "L'école de Canterbury" avec le guitariste Paul Davies.

2/ Votre premier album, "Standard", vient de sortir. Comment le définirais-tu ?

Manuel : L'album est l'aboutissement de ces quelques années de connivence et de plaisir à jouer ensemble. Il renforce ainsi notre cohésion et sert de base pour notre évolution future.

3/ A l'écoute de ce CD, j'ai trouvé qu'il y avait beaucoup de styles différents sur une base jazz. Quelles ont été vos influences pour cet album ?

Manuel : Je ne crois pas que l'on puisse parler de "styles différents". C'est plutôt la variété de nos influences mises en commun qui génère un style propre à ce trio.

4/ Vous avez réalisé sur ce CD beaucoup de reprises, plus des deux tiers en sont d'ailleurs composés, pourquoi un tel choix ? Comment s'est passée la sélection des titres à reprendre ?

Manuel : Le nombre important de reprises est peut-être le reflet de nosinfluences. Je crois que l'on peut parler de jazz dans le fait de donner une lecture différente de morceaux déjà existants. Pascal Bréchet a suggéré toutes ces relectures que nous avons faites nôtres.

5/ Comment travaillez-vous ? Plus concrêtement, comment se passe le processus créatif, que ce soit lors des ré-interprétations des reprises aussi bien que sur vos propres morceaux ?

Manuel : Après avoir appris à jouer les thèmes, notre travail consiste à donner un caractère propre à chaque morceau. Cela demande souvent pas mal de remises en question. Il faut parfois se faire violence pour éviter de puiser dans son petit catalogue personnel de modes de jeu pour plutôt essayer de construire quelque chose de neuf à partir des propositions des autres musiciens et ainsi élaborer une ambiance propre à chaque morceau.

6/ Comment s'est déroulé l'enregistrement de l'album ? Es-tu satisfaits du mix ainsi que du produit fini ?

Manuel : L'enregistrement s'est déroulé au studio Gam à Waimmes en Belgique. C'est un studio très bien équipé. Chaque musicien dispose d'une mixette individuelle permettant de réaliser son propre mix dans le casque sans dépendre de la console : d'où gain de temps et confort. Il y a bien un moment où il faut être satisfait du mix et sortir le CD.

7/ Avez-vous des projets, des concerts à venir ? L'écriture d'un nouvel album ?

Manuel : Outre les projets de concerts en trio, nous allons essayer de faire jouer un quartet avec Jean-François Canape (trompette) que l'on peut entendre sur 3 titres du CD "Standard".

8/ Comment se passent les relations avec votre label, Label Musivi ?

Manuel : Très bien, nous avons toutes libertés artistiques et autres.

9/ Plus personnellement, as-tu d'autres projets musicaux à côté de ce trio ?

Manuel : Outre mes participations aux aventures du bassiste-chanteur John Greaves et, plus sporadiquement qu'avant, à celles des orchestres du guitariste Claude Barthélémy, mon projet est de continuer à apprendre de la musique.

10/ Quel est ton avis sur la scène jazz actuelle et son développement ?

Manuel : Je ne fréquente pas beaucoup la scène jazz actuelle. Je trouve qu'il y a trop de chapelles qui se créent, chacune croyant détenir la vérité sur ce que serait le jazz.

11/ Quels sont les albums (français ou étrangers) que tu as découverts récemment et qui t'ont plu ?

Manuel : J'écoute beaucoup en ce moment le disque du quartet d'Ornette Coleman "This is our music" (NDLR : chroniqué sur ces pages), c'est rafraichissant. De plus, le batteur Ed Blackwell est époustoufflant de musicalité.

12/ Que penses-tu de la médiatisation actuelle du jazz ?

Manuel : Actuellement la médiatisation du jazz est quasi-inexistante à part quelques émissions tardives sur France Musique et France Culture et la radio T.S.F. pour la région parisienne. Quant à la télévision : "Circulez, y'a rien à voir !". Et ce n'est pas parce que la publicité s'emploie à galvauder un soi-disant "esprit jazz" que cette musique devient plus populaire.

13/ Te sens-tu concerné par les revendications des intermittents du spectacle ? Quel est ton point de vue là-dessus ?

Manuel : Oui. Il a fallu douze mois de luttes pour que les pouvoirs publics se rendent comptent que le spectacle vivant représente une réelle force économique et que notre système d'indemnisation chômage des intermittents est le meilleur garant de la pérénité de cette force. C'est le meilleur système en Europe et il devrait être adopté par toute l'Union : Pourquoi toujours le nivellement par le bas ?

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Dernière mise à jour du document : vendredi 8 avril 2005