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Une entrevue avec Ian Boddy (Arc et DiN Records)

par Phaedream › mardi 29 juin 2010

GOD: Bonjour Ian et merci d’accorder du temps pour cette entrevue. Pour les bénéfices des lecteurs de Guts Of Darkness; comment est venue la naissance d’Arc et quelle est la définition et l’inspiration du nom?

IAN BODDY: Bonjour! Eh bien je connais Mark depuis que nous avons joué au tout premier évènement de musique électronique en Angleterre à Milton Keynes en 1983. Cependant, pour quelque temps nos parcours musicaux ont pris des routes différentes. Et quelque part, autour de 1997, nous avons décidé que c’était le temps pour nous de travailler ensemble. Il n’y avait aucune raison particulière, le timing semblait parfait. Mark était à l’étape d’expérimentation de son gros Moog modulaire et commençait à composer du matériel pour Redshift et j’ai toujours aimé travailler avec les synthés modulaires. À l’époque j’avais un gros Roland System 100M, donc Octane venait au monde et était réalisé en 1998 sur ma propre étiquette Something Else Records. Je ne peux pas me rappeler vraiment pourquoi on a choisi le nom d’Arc, mais nous voulions avoir un nom court et simple et cela semblait rentrer dans le moule.

GOD: Comment deux personnes aux antipodes créatifs très prononcées (Mark étant plus près du Berlin School rétro et toi plus près des sonorités, voire expérimentations, plus contemporaines) réussissent à harmoniser leurs visions artistiques? Est-ce qu’Arc sonne plus comme Redshift ou Ian Boddy? Ou est-ce le mélange parfait Boddy/Shreeve?

IAN BODDY: Je pense que c’est un bel équilibre de nos deux styles. Dans tous les cas, chaque album d’Arc était un peu différent et notre musique a couvert tous les niveaux du classique Berlin School séquencé à un style plus rock prog avec batterie au sombre et noir ambiant avec soundscapes. C’est probablement plus près du style de Redshift que du mieux, mais j’aime bien penser qu’il y a une distinction.

GOD: Church est le 7ième album d’Arc et le 4ième en concert. Est-ce qu’Arc est plus à l’aise sur scène qu’en studio?

IAN BODDY: Il s’agit de deux environnements complètement différents et c’est difficile comparer. En studio tu as le temps de bien former et mouler tes pièces de musique alors qu’en concert tout peut se produire! C’est très agréable pour chacun des deux opportunités et nous tentons d’alterner les albums en studio et ceux en concert.

GOD: Est-ce qu’Arc privilégie les improvisations ou est-ce que le duo structure chacune de ses compositions en concert?

IAN BODDY: Un peu des deux. Du point de vue technique il est très difficile parfois de reproduire en direct ce que nous avons créé en studio. Après tout, les modulaires ne sont pas des machines pré ajustées et si tu étais coincé pour tout reproduire en concert tu serais pris avec quelques sons seulement. Donc je privilégie de prendre les sonorités studios les plus aventureuses et les échantillonner, les boucler sur mon portable Ableton Live. Je peux donc les activer en concert et envoyer un signal de synchronisation aux séquenceurs de Mark qui peut ensuite improviser par-dessus ses sonorités. Ceci nous donne l’avantage d’obtenir un gros son en concert avec la flexibilité d’être apte à allonger ou raccourcir des segments comme on le fait en concert.

GOD: Pour Ian Boddy, c’était ta 4ième visite de ce côté de ce côté du continent, comment se sont déroulées tes visites en solo et comment était-ce de jouer seul dans un studio de radio? Où trouve-t-on l’énergie et l’inspiration de jouer en concert dans une minuscule salle vide d’individus? Comment fut la réaction des médias et du public à l’égard de chacune de vos visites?

IAN BODDY: Actuellement c’était ma 5ième visite; 3 en solo et 1 avec Robert Rich. J’ai constaté qu’à chaque visite les assistances et les réactions étaient de plus en plus nombreuses, ce qui est très gratifiant. Certes, il y a une très différente dynamique que de jouer seul et de jouer avec un autre musicien. Dans plusieurs cas c’est très stressant de jouer seul car il y a tant à faire et c’est difficile de t’assoir et te laisser imprégner par ce que tu fais. Jouer dans la station de radio était aussi difficile car effectivement c’était minuscule, une chambre pleine de rangées d’albums, et c’était ardu que de se mettre dans ta bulle créatrice mais lorsque tu fais des concerts de tous genres et endroits depuis longtemps tu gagnes en habilité et c’est ce qui arrive. Par la suite, la station de radio a déménagée dans de nouveaux et meilleurs locaux avec une plus grande surface pour y jouer, de plus on pouvait inviter une petite audience donnant ainsi plus d’émotions, d’énergie pour jouer.

GOD: Vous avez aussi joué seul à l’église de Ste-Mary. Était-ce intimidant de se produire en solo dans un sanctuaire de prières?

IAN BODDY: Non pas vraiment, on a toujours le buzz de l’adrénaline lorsque l’on joue devant une audience qui nous aide à maintenir notre focus. Je me souviens particulièrement de mon 3ième concert en solo où je jouais des titres de mon album Elemental et que je terminais la première partie avec la pièce titre qui possède un segment de grands chœurs. Cette pièce représente beaucoup pour moi et comme je jouais ces chœurs, je regardais en bas de l’allée le superbe vitrail de la fenêtre au loin. Pour quelques instants j’étais capable de jouer et d’apprécier regarder cette fenêtre. C’était un moment très spécial et quelque chose que je n’oublierai jamais.

GOD: Pour Arc, et Mark Shreeve, c’était une 1ière visite. Est-ce que d’offrir des performances en duo est plus sécurisant et plus stimulant?

IAN BODDY: Eh bien, comme je le mentionnais plus haut, c’est une dynamique différente. Jouer seul ou comme duo possède ses propres défis, mais la seule chose agréable de jouer en concert avec un autre musicien que tu respectes et en qui tu as confiance est que tu n’es pas obligé de faire quelque chose tout le temps. Il est agréable de pouvoir prendre du recul et de voir comment la performance se passe et ainsi en absorber l’atmosphère.

GOD: On pense que la MÉ n’attire que les auditeurs Européens qui semblent plus ouvert à différentes cultures musicales, pensez-vous qu’il y a un marché pour ce type de musique aux États-Unis et Canada?

IAN BODDY: Bien sûr qu’il y a un marché pour cette musique là-bas. Le problème principal avec les USA est son énormité et sa distance. Je pense qu’au Royaume Uni nous sommes habitués de voyager entre petites distances, donc on pense que s’il y a un concert quelque part aux États Unis les gens peuvent y voyager de partout, mais ça ne fonctionne pas comme cela. C’est comme un paquet de grands pays collés ensemble, donc n’importe quel évènement ou activité artistique est assez fragmenté et éparpillé. Mais j'ai certainement remarqué qu'en jouant ces concerts et en ayant plus d’exposition radiophonique aident à augmenter la visibilité, la popularité et les ventes des albums.

GOD: Church a été enregistré dans une église, alors que Rise le fut sans les studios de la radio WXPN de Philadelphie. Chacun des concerts est totalement différent; Rise étant plus atmosphérique et ambiant, alors que Church est nettement plus agressif et mordant. Comment avez-vous abordé les deux concerts?

IAN BODDY: En bref Church a été plus structuré avec des thèmes que nous voulions jouer parsemé de sections improvisées et nous voulions que cela soit audacieux et grandiose pour convenir à un auditoire assis dans cet environnement. Rise a été totalement improvisé et joué dans un environnement très intimiste et très tard en soirée, donc nous voulions quelque chose de plus expérimental et sombre. Je pense que les deux performances reflètent très bien ces sentiments.

GOD: À mon avis Church est vraiment étonnant, car il dépeint à merveille les ambiances à la fois secrètes et impulsives de ce que représente les paradoxes de chaque religions. Est-ce qu’un concert dans une église revêt un caractère particulier au niveau des compositions et de l’inspiration?

IAN BODDY: Vous ne devez pas être religieux pour jouer un concert dans une église;-) Ceci étant dit il est évident qu’une belle église à cause de la nature de son architecture et son héritage culturel apporte une certaine atmosphère à la prestation et il appartient aux spectateurs d’interpréter comment ils s’y sentent. Il n'y a aucun sentiment religieux particulier dans la musique que nous avons jouée bien que nous ayons voulu jouer dans l'harmonie de l’édifice et son atmosphère. Nous avons certainement voulu jouer quelques thèmes grandioses et en avons composé certains d'entre ceux-ci d'avance dont ils pourraient être utilisés comme des marqueurs au cours de la performance autour laquelle nous pourrions construire un voyage musical. Nous sommes tous les deux de l'avis que d’observer une performance comme la nôtre devrait être entraînant et que la musique, l’éclairage et l’édifice contribuent tous à ce que cela soit une soirée mémorable pour notre auditoire.

GOD: Si la pièce titre Church inspire une approche grégorienne cosmique qui se conclût sur la bonne vieille approche séquentielle à la Arc, Veil est symptomatique d’un défoulement étonnamment violent pour un titre joué dans un lieu de prières. Est-ce qu’on peut conclure que chaque titre de Church est un chapitre évolutif à un lieu saint?

IAN BODDY: Bien c’est ton interprétation mais pas nécessairement ce que nous visons. Comme je le laissais entendre nous voulons beaucoup de dynamisme et de drames dans la musique que nous jouons. Il est si facile avec cet équipement de parfois s’éparpiller au-delà des séquences répétitives, mais ce n’est pas satisfaisant pour nous, ni ne pensons que ça puisse l’être pour notre audience, donc nous aimons souvent jouer sur des contrastes. Ainsi avec Veil nous voulions avoir cette douce intro et outro déchiré en morceaux au milieu de cette relativement brève explosion violente. Dans un sens nous jouons presque toujours autour des structures présentes, en quelque sorte de la musique classique qui a ses thèmes, dynamiques et drames. Une fois que vous introduisez ces éléments dans votre musique vous avez ainsi la chance de gagner le facteur le plus important et c’est l’émotion, pour nous c’est la plus importante des choses.

GOD: Comment fut la préparation pour chacun de vos concerts lors de ce voyage à Philadelphie? Connaissant l’énormité du Synth Moog de Mark Shreeve et sachant qu’il n’a pas fait le voyage, comment Arc s’est-il débrouillé pour rendre une sonorité si près de votre réalité sonore?



IAN BODDY: Chuck van Zyl, l’animateur et l’hôte de l’émission radiophonique Stars End et des concerts Gatherings a tiré toutes les cordes pour nous et 3 musiciens locaux nous ont généreusement prêté une sélection de claviers et un gros système Synth.com avec 2 clones des séquenceurs Moog pour l’utilisation de Mark. Nous nous sommes envolés quelques jours avant les concerts et sommes restés dans un très agréable B*B, dans les bois à l'extérieur Philadelphie et dont le propriétaire nous a laissé utilisé une très belle et grande pièce afin que nous puissions répéter. Cela nous a donné le temps de repasser n'importe quelles difficultés techniques et combiner le matériel pré-préparé que j’avais sur mon portable avec le matériel que nous interpréterions en concert. C’était des moments très occupés et quelque peu anxieux, mais je pense que l’on en s’est bien tiré.

GOD: Je sais que vos deux concerts à Philadelphie ont connu d’énormes succès. Envisagez-vous une mini tournée Nord Américaine?

IAN BODDY: Eh bien, cela serait plaisant et tout un formidable défi. J'ai déjà mentionné le fait que voyager là-bas est très différent d’ici et il faut garder à l’esprit que nous avons des équipements précieux, fragiles et dispendieux, rendant l’idée d’un genre de tournée encore plus difficile à réaliser.



GOD: Après deux albums en concert d’Arc, peut-on s’attendre à un prochain album studio?

IAN BODDY: Nous avons l’habitude d’alterner entre des albums en concert et en studio, mais il est encore trop tôt pour en parler. Bien sur, Mark à son projet Redshift et moi j’ai plusieurs autres projets sur lesquels je dois me concentrer d’abord. GOD: Mis à part Arc Ian Boddy a une carrière solo, ainsi qu’un label DiN, parlez-nous de la musique d’Ian Boddy et de la création du label DiN?

IAN BODDY: Bien, c’est une grosse question; comment je mesure ma carrière de 30 ans? :). Simplement en écoutant ma musique, toujours de nature électronique évidemment mais constamment à explorer d’autres avenues, tout en combinant les structures musicales et les collaborations avec d’autres artistes. Je n'ai jamais été content de juste peupler une zone de confort en MÉ et je pense qu'il est important de toujours essayer de nouvelles idées. DiN a été fondé en 1999 et c’était vraiment une façon pour moi de présenter une étiquette de musique plus concentrée, planifiée qui m'a permis tant de collaborer avec d'autres musiciens, mais aussi de sortir des albums d'autres musiciens que je respecte.

GOD: À quoi peut-on s’attendre si l’on part à la découverte des artistes de votre label?

IAN BODDY: Tout d'abord de la bonne musique, j'espère. Tout de la musique électronique; de la vieille Berlin School séquencée à l’IDM et du ‘’dance’’ aussi expérimentale que variée à l’ambiant aux paysages sonores sombres et même des formes d’expressions digitales modernes. Beaucoup de temps est dépensé pour la présentation des albums avec une très bonne qualité sonore et de belles pochettes aux beaux designs. Tous les albums sont des éditions limitées et je pense que cette combinaison en fait de bons objets de collection. Je pense qu'il y a quelque chose pour chaque amateur de MÉ, indépendamment de l'angle dont vous abordez ce large éventail des genres.

GOD: Plusieurs albums de DiN sont maintenant discontinués, mais disponible en format téléchargeable, je pense notamment aux 2 premiers albums d’Arc; Octane et Radio Sputnik. Peut-on s’attendre à une vraie réédition en cd ou la musique téléchargeable remplace de plus en plus le format du CD?

IAN BODDY: Eh bien, premièrement Octane était déjà out écoulé avant la création de DiN et en fait il y a déjà eu une réimpression sur CDR avec les pochettes originales de cet album. Cependant comme mentionné plus haut, tous les albums de DiN sont produits en éditions limitées, soit entre 1000 et 2000 selon l’artiste et la sortie. Si vous faites une édition limitée alors vous vous DEVEZ de la persévérer, voila ce que c'est. En ce qui me concerne, le CD physique et le format téléchargeable sont aussi important l’un que l’autre et donne la chance aux clients de faire un choix. Le CD physique est bon pour les collectionneurs qui préfèrent avoir un produit physique agréable tout en sachant qu’il y a une quantité limitée de celui-ci et le format de téléchargeable est bon pour ceux dont ça moins d’importance.

GOD: À quoi peut-on s’attendre du prochain album d’Ian Boddy?

IAN BODDY: Il y a 30 ans que ma première cassette était réalisée en 1980. Je voudrais produire un double CD spécial commémoratif pour cette occasion dans un bel emballage vraiment agréable qui sera signé et numéroté. Je compile actuellement les titres pour cette occasion et j’en ferai une annonce officielle bientôt.

GOD: Qu’est-ce qui a inspiré Ian Boddy musicalement?

IAN BODDY: Quand je me suis d'abord intéressé à la musique c’était avec des groupes tels que Focus et Camel, mais je suis rapidement entré dans la musique de Tangerine Dream, Schulze, Jarre, Eno etc. La musique classique aussi a toujours été importante pour moi avec des compositeurs tels Debussey, Ravel, Chopin, J.S.Bach ect.

GOD: Quel est l’œuvre que vous aimeriez le plus refaire?

IAN BODDY: La réponse honnête est aucune. Pour moi une œuvre est un produit de ce que vous ressentiez lors d’un moment et en un endroit particulier et c’est vraiment impossible de le refaire. Toutes les rééditions d’une œuvre antérieure que j’ai entendues des autres artistes sont, pour moi, des échecs et ne sont prétextes à des raisons monétaires.



GOD: Maintenant, et pour le bénéfice de nos lecteurs (afin de mieux comprendre l’artiste), quels sont vos 5 albums préférés et vos trois livres ainsi que films préférés?

IAN BODDY: Ça alors! Je devrais vraiment y penser mais c’est probablement mieux que je donne une réponse rapide.

Films:

''2001

Lord of the Rings trilogy

Once upon a time in the West

Alien

Blade Runner

Lawrence of Arabia

The Life of Brian

Mais vraiment, il y en a encore beaucoup plus.''

Livres…seulement 3! Par où commencer?;

''Lord of the Rings

Tout par H.P.Lovecraft

The Night Land par William Hope Hodgson'' Albums:

''Rubycon de Tangerine Dream

X de Klaus Schulze

Hamburger Concerto de Focus

Untitled de Sigur Ros

Et tout ce que j’ai déjà aimé :)''

GOD: Merci Ian Boddy de ton temps et collaboration. En mon nom, ainsi que celui des lecteurs de GOD, la meilleure des chances et beaucoup de succès pour toi, Arc et ton label Din. Sylvain Lupari

Mots clés : Arc, Mark Shreeve, DiN label, Star\'s End, Chuck Van Zyl et Redshift

Dernière mise à jour du document : mardi 29 juin 2010

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