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Skin Area › Journal Noir/Lithium Path

cd • 9 titres • 60 min • journal noir

  • 1Posthumous 15:16
  • 2Silverhall 6:41
  • 3Borderline 4:20
  • 4A Childish Confession 6:56
  • 5Blut Und Weintrauben 8:28
  • 6Journal: Noir 4:50
  • 7Doll At Play 1:17
  • 8Spiral Nerve 3:44
  • 9Choose Art, Not Life 7:33

cd • 8 titres • 45 min • lithium path

  • 1Into Bliss 9:33
  • 2Elvira 6:07
  • 3The Vivian Girls 4:12
  • 4Nostalgia 3:43
  • 5The Room 3:05
  • 6Lithium Path Pt. 1 8:53
  • 7Down The Third Conjunction 2:35
  • 8Lithium Path Pt. 2 7:56

informations

"Skin Area room" & Endarker Studios

double digipack avec les faces dans les deux sens. lim.1000

line up

Martin Bladh, Magnus Lindh. Participation de Kim Nilsson, Carl Abrahamsson, Ann-Marie Thim, Erik Jarl.

Musiciens additionnels : Jarl

chronique

  • post-industriel avant-gardiste

[JOURNAL NOIR]
Une tempête s’est soudainement levée. Le vent souffle, m’amenant avec lui un écho lointain. « The skin is pulled backwards. Gently, then harder...» je suis la voix dans un tunnel venteux. « LIGHTS OUT !» Je ne peux plus faire marche arrière. J’abandonne mon corps, mes doutes, mes peurs. Le passage de vie à trépas est long et douloureux, hurlant, sifflant. Une sorte d’accouchement à l’envers. Mais ce n’est que le début, et je sais au fond de moi que je ne regretterai pas le voyage. J’arrive dans le Silverhall, accueilli par une procession funèbre tibétaine, avant d’être à nouveau secoué en tous sens par quelques interférences venant sans doute des premiers cercles des Enfers. Le silence reprend place, grésillant, tendu, électrique, tandis qu’une voix calme et monotone me confesse la mort de trois jeunes garçons qui jouaient à sauter du haut de pylônes sans avoir vérifié auparavant ce qui dépassait du sol. Un son vague m’emporte un peu plus loin, calmement, avant de me prendre en traître en me lacérant à coups de grincements stridents et de cordes tendues à l’extrême sur lesquelles hurlent encore quelques âmes égarées. Quelques percussions et cymbales me ramènent au calme, mais ce n’est que partie remise et me voilà à nouveau sur cet infernal manège à hurler mes angoisses à qui veut bien l’entendre. Je ne sais où je suis mais je suis bel et bien piégé et je hurle moi aussi, en essayant de reprendre contrôle sur un cauchemar qui ne s’arrête plus. J’ouvre grand les yeux pour me retrouver un peu plus loin, dans un couloir où quelques pas résonnent sur le carrelage. Suis-je sur un chariot d’hôpital ? En direction de la morgue ? Quelqu’un m’entend ? C’est quoi, cette guitare et cette voix étrangère ? Je vais me réveiller… Ca prend de mauvaises tournures… Et ce piano dissonnant, d’où vient-il ? Je me sens mal… Ca grésille à nouveau dans mes tympans… Je me sens pénétré d’instruments… Qui m’opère… Ca y est, les nappes reviennent… je suis à bout… cette fois-ci, je suis porté par le vide qui m’arrache du sol… Ces percussions répétitives… C’est ma fin qui s’annonce, en fête et en gloire… Ces hommes qui hurlent près de moi… leurs voix m’élèvent… Ce hurlement m’est familier… je sais qui crie… il fait chaud… ça tremble au fond de ma gorge… c’est moi qui crie ! Je suis vivant ! Je dois sortir ! De la lumière ! Je nais !

[LITHIUM PATH]
En parcourant ce Lithium Path, j’ai un peu l’impression de regarder le second DVD bonus d’un excellent film. En effet, alors que Journal Noir m’emporte très loin dans ses pérégrinations métempsycotiques (oui, sans ‘h’), LP m’ouvre les portes de la compréhension de son langage, par une remise à plat de ce qu’est l’ambient, le drone et le noise ainsi que la perception de ces nouveaux matériaux sonores. Depuis « Into Bliss », qui nous ouvre sur un post-rock-drone atmosphérique avant de le faire se confronter à de longs chants monotones qui rééquilibrent l’ambiance saturée de buzz électriques et d’arpèges démentiels à la Orthrelm ; jusqu’au génial et métaphysique « The Room », probablement inspiré de « I Am Sitting In A Room » de Alvin Lucier, où la voix de Martin Bladh questionne la place du corps dans cette pièce imaginaire qui ne se forme qu’avec les réverbérations de sa voix. Car l’idée est bien là : à l’instar de Coil ou Controlled Bleeding en leurs temps, Skin Area s’interroge sur l’essence même des musiques ambientes et bruitistes, plus que jamais : il joue à construire et déconstruire des lieux fictifs (cf les titres eux-mêmes : The Room, Lithium Path, Silverhall, Borderline…) à travers différents médiums : successions de nappes posées en escaliers (Blut und Weintrauben, éprouvant), ambient tendance Eno dans « Nostalgia », Rythmiques électro-syncopées dans « Spiral Nerve », drones post-rock tendance Eluvium ou Sigur Ros, effets, superpositions de grains, percussions hypnotiques, et même tentative cold-wave dans « The Vivian Girls ». Il prend notamment parti pour le pouvoir de la voix, tel « A Childish Confession » où un homme qui semble hypnotisé nous fait vivre ses souvenirs par l’intérieur. La parole devient transmetteur, nourricière d’images. « A landscape surrounds me… » Le patchwork syncrétique qui résulte de tout cela peut paraître déroutant de prime abord mais il montre une attention particulière aux nouvelles perceptions du son que nous offre la musique industrielle depuis les premières agressions de Throbbing Gristle. Skin Area ne fait pas dans la facilité en nous démontrant par JN que l’objet peut être conceptuel et expérimental tout en étant complet et beau (et bruyant), à condition de survivre à la douloureuse et turbulente porte d’entrée « Posthumous » encore plus compacte que « Métamorphyse phase IV » de Raison d’Etre. LP, calme et posé, nous rappelle les clefs de l’œuvre et nous ouvre à d’autres champs plus atmosphériques. Deux travaux distincts pour un brassage des plus bienvenus, dépassant largement la cangue rassurante de Cold Meat Industry, surtout quand on connaît les impasses noise de certaines formations extrêmes. Définitivement sombre et expérimental. 6/6 pour Journal Noir, 5/6 pour Lithium Path, +1 pour l’effort et l’ambition.

note       Publiée le vendredi 29 juin 2007

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    commentaires

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    kama Envoyez un message privé àkama

    Toujours aussi fort et intense. Le genre d'album qui pousse a constamment pousser le volume...

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    prypiat Envoyez un message privé àprypiat

    Wotz : Une date de prévue pour ce truc ? Je trouve pas plus d'infos que ca...

    Edit : Zut, comment ai-je pu ne mettre que 5 boules à cette tuerie ??? Je règle ca tout de suite.

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    Wotzenknecht Envoyez un message privé àWotzenknecht
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    Nouvel album "Rothko Field" en cours de gestation...

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    Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan  Shelleyan est en ligne !
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    INTENSE !!!

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    E. Jumbo Envoyez un message privé àE. Jumbo

    Ouch ! Quelle tuerie ! J'ai su dès la vision des pochettes et du "post-industriel avant-gardiste" que j'allais prendre mon pied, et je l'ai pris, avec un déluge de ferraille dans la tronche en bonus. La seconde partie de "Posthumous" est dingue, une véritable explosion (c'est en effet très visuel comme musique), et la fin du disque est superbe aussi (le final... raah). Quant à Lithium Path, c'est bien plus ambiant, encore un peu noisy ça et là, mais beaucoup plus calme, parfois post-rock ou psyché. "Into Bliss" et les deux titres éponymes sont sublimes. Je fais pas encore péter le 6/6 parce que je prévois de nombreuses et passionnantes écoutes avant ça :P En tout cas merci beaucoup pour la découverte !!

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