La seconde livraison de nos imprononçables compagnons islandais confirme tout le bien que l'on pouvait penser d'eux. Peut-être un peu plus ambitieux grâce notamment à des titres un peu plus longs qui multiplient les thèmes comme jamais, avec aussi, une recherche d'ambiance accrue qui le rend peut-être formellement plus sombre et expérimental que son prédécesseur, "Þursabit" partage avec quelques seconds couteaux de la cause progressive (italien, américain ou autres) cette excellence dans l'écriture qui redonne ses lettres de noblesse au sens premier de la composition (recherche permanente de timbres et de rythmes variés renforçant l'incroyable dynamique de l'ensemble dans un pur esprit de cohésion). Si certains passages peuvent paraître trop complexes, trop fouillés, trop techniques à l'oreille du profane (la suite "Æri-Tobbi" / "Frá Vesturheimi" / "Skriftagangur" par exemple), il s'en dégage avant tout un feeling incontestable et omniprésent qui sert comme il se doit la cause des mélodies aux teintes parfois folk (la sortie "Tóbaksvísur" presque digne des fragrances gitan) et, à présent, vaguement fusion - certains passages lorgnant même vers du Gryphon tardif, Happy The Man ou However... Évidemment, l'amateur curieux se fera presqu'un devoir de se mettre en quête de ce groupe dont il ignorait jusque là l'existence, mais il faut néanmoins préciser que si lé découverte est agréable et vectrice d'excellentes surprises, "Þursabit" reste un album mineur dans le genre. La véritable injustice étant de se rendre compte qu'un disque d'une telle qualité n'a jamais pu jouir d'une promotion digne de ce nom alors qu'à l'heure où je vous parle, à force d'un matraquage incéssant, on arrive à nous faire croire aux qualités artistiques de musiques qui n'ont pour seul contenance que le vide abyssal de leur propos... Monde de merde...