Larval › Surviving death / alive why ?

Depuis 2003, Bill Brovold et Larval ont trouvé refuge chez Cuneiform. Si la sortie de "Obedience" a permis au groupe de sortir des ghettos musicaux dans lesquels ses choix successifs de label l’ont enfermé, les compositions de leur déjà quatrième album, bien que permettant de mieux cerner le genre pratiqué, ne possédaient pas un pouvoir de séduction outre mesure. Le cas Larvcal restait original, digne d’intérêt, mais pas nécessairement passionnant. Après une série de coups durs qui n’ont rien à voir avec la vie d’artiste, Brovold et les siens reviennent avec une double livraison, "Surviving Death/Alive Why ?", à l’ironie cinglante. La griffe Brovold, que l’on reconnaît par l’écriture en canon dans des dialogues qui impliquent guitares, cuivres ou violoncelles dans une multitude de combinaisons différentes, est toujours bien présente. Mais ce qui fait qu’un album se démarque d’un autre, ce qui fait qu’on y retourne, c’est parce qu’on se souvient avoir été touché par l’une ou l’autre chanson. "Surviving Death" comporte de forts beaux moments où gravité et solennité vont de paire avec une tension toujours croissante. Rien d’étonnant à ce qu’ils soient pour la plupart concentrés au cœur de l’œuvre. Il y a la plage titre bien sûr qui, sans rien trahir, peut être décrite comme une lente agonie contrariée par des guitares torturées. Mais aussi "Scottish Blood", le genre de plage qu’aimeraient réaliser les gars de The Black Heart Procession quand ils se mettent à rêver d’Erik Satie. Ou encore le duo délicat piano/orgue de "The Hospital Visit". La nervosité propre au travail d’unisson développé par Bill Brovold s’exprime sur les autres plages de l’album mais, par le biais d’une production plus sourde, celles-ci renouent avec la noire introspection de leur second disque publié en 1998 et sobrement intitulé alors "2". Habitude est prise désormais aussi chez Cuneiform de souvent accompagner la sortie d’un nouvel album studio par un second disque en concert. Ce fût le cas pour Miriodor, et récemment pour Hamster Theatre. C’est encore le cas pour Larval avec "Alive Why ?" qui nous propose de revenir sur des moments très énergiques choisis par l’intéressé lui-même parmi la montagne de bandes accumulées au gré de leurs dates américaines. Initiative heureuse pour qui désire explorer plus avant l’univers de Larval jusqu’ici très mal distribué. Dommage que le choix n’ait pas été porté sur les titres issus de leurs deux premiers albums, les plus difficiles à se procurer et, à mon sens, leurs meilleurs.