Babils › The joint between

Jérôme Deuson (Amute) et Alain Lefebvre (The Durutii Column, Tuxedomoon) se sont dit oui pour le meilleur et pour le pire en alliant leurs forces et leurs aspirations dans le jeune label Stilll Records... il y a trois ans déjà ! Qui, parmi vous, en avait déjà entendu parler ? Guts of Darkness - qui d'autre ? - est encore là pour y remédier. Ce n’est donc que dans le cercle des initiés qu’on a pu voir leur catalogue peu à peu s’achalander pour atteindre aujourd’hui une dizaine de titres. Dès leur début, Stilll a pris racine dans une forme de post rock décomplexé qui fort heureusement brille par son éclectisme. Parmi les dernières publications en date, on avait pu découvrir des artistes étonnants comme Baja (du post jazz electronica à la Four Tet) ou encore le poil à gratter vivant Vedette, digne héritier de Suicide, des formations dont nous vous avions déjà parlé ici même. Avec Babils, huitième titre du label, Stilll Records détient peut-être enfin le disque qui va leur permettre de s’ouvrir à une plus large audience, s’adressant toujours et avant tout aux plus curieux d’entre eux. C’est que dans les effets utilisés par le collectif bruxellois sur "The Joint Between", cet aspect volontairement planant ("Procrasti"), ces distorsions contrôlées ("Hommes Éléphants"), ces fragrances d’encens ("Dent de Sagesse"), pour tout dire, cette approche définitivement libertaire où les guitares se répandent, les cuivres se liquéfient, les basses s’évaporent, les rythmes se disloquent, on perçoit très nettement l’influence irréfutable et désormais très tendance d’une certaine idée de la scène psychédélique allemande, entre Faust et Can, oui, comme je vous le dis, sans être aussi métronomique que le premier, ni aussi obsédant que le second, mais par contre bel et bien aussi aventureux et tripant que leurs glorieux ancêtres teutons. Des arguments qui, à coup sûr, ne devraient pas tomber dans l’oreille d’un sourd. À moins que précisement...