Funeral (nor) › From these wounds

Que ceux qui s'étaient arrêté au Funeral d'Einar Fredriksen laissent au bercail tout ce qu'ils ont entendu auparavant. On savait déjà que Funeral avait pris une orientation mélodico-atmosphérique fortement prononcée sur son denrier album "In fields of pestilent grief", mais sur celui-là, c'est carrément le chant extrême qui disparait pour laisser place à un chant incantatoire et "doux" en relation avec l'affinement du style du groupe. Le choc est donc grand pour tous les doomeux dirons nous "intégristes", qui ne verront en ce disque qu'une vague mascarade pseudo doom alliant kitscheries gotho-synthetiques et niaiseries mélodico-dépressives. Pourtant, on aurait bien tort de s'arrêter à ce son synthétique et cette ambiance de prime abord plutôt mièvre. Car Funeral fait mouche sur cet album : mélodies efficaces, arrangements riches, compos progressives et alambiquées, l'album sonne comment dire... Sincère. Je crois qu'il s'agit du mot, auquel je rajouterai peut-être "touchant". Le genre de disque qui ne paye pas de mine mais qui diffuse sans difficultés une ambiance mélancolique propre à nombres de songes et remises en questions, le genre d'atmosphère triste mais pleine d'espoir tant affectionné par ces damoiselles mais ici tellement bien réalisée qu'elle touche tout le monde sans exception. Difficile effectivement de résister au désarroi magnifique de "The architecture of loss" (certains passages font quelque chose au ventre), au mélange réussi lourdeur/mélodie de "Pendulum" et j'en passe... Seul bémol : le groupe se montre définitivement moins intéressant lorsqu'il s'essaye à des riffs plus saccadés et rentre dedans ("This barren skin", "From these wounds") exception faite de la sus-citée "Pendulum" (highlight du disque pour moi). La chose étonnante avec cet album, c'est que finalement il ne fait que nous resservir quelque chose que nous connaissions déjà, mais il le fait tellement bien qu'il est difficile d'y résister, un peu à la manière du dernier Saturnus, en moins cliché. Les clichés justement, Funeral les évite principalement grâce à son chanteur qui fait ici des merveilles. Tour à tour incantatoire, parlé, chanté comme un enfant, il se montre toujours dans le bon ton, parfois redondant mais se pose comme un des éléments principaux de l'ambiance distillée ici, une prise de risque définitivement remportée. Que dire de plus, si ce n'est que "From these wounds" se pose comme un gros pavé de doom atmosphérique dans sa frange la plus "mainstream" si je puis dire. Certains passages sont absolument de toutes beauté et méritent l'attention, car le travail de composition est définitivement là. Dommage que le groupe accuse un second suicide en son sein, cela risque de bien compromettre son avenir, tout en en renforçant son aura... Quel paradoxe. 4,5/6