Opram › Mon temps mon espace

Opram est un mystère. Et sans doute se veut-il ainsi. Le jeune groupe de Gap nous délivre un premier album sept titres impressionnant de maîtrise et plein de bonnes intentions mais dont la grammaire en laissera circonspect plus d'un, à commencer par votre humble serviteur... Plus que jamais, l'heure est à la fusion des genres. C'est du reste une étiquette qui colle parfaitement à Opram ; ils la revendiquent même puisqu'ils se présentent comme étant - je cite - un groupe de fusion rock moderne. À quoi donc un tel genre correspond-t-il ? Eh bien, je ne peux toujours pas répondre à cette question ! Nos quatres musiciens savent jouer et ne rechignent certes pas à le montrer. Le niveau est incontestablement élevé, Dévy Diadéma étant sans doute l'élément le plus énigmatique du groupe : à la fois guitariste et chanteur, son jeu de guitare est versatile, aussi à l'aise dans les riffs plombés sur des temps composés que dans des solii endiablés aux gammes jazz façon Scott McGill. Quant à son chant, il évolue dans un registre teinté de soul aux modulations et harmonies multiples. Avec un backing qui se donne parfois des airs de groupe métal prog (pour vous aider à mieux cerner dans quoi on évolue exactement), la combinaison de toutes ces approches surprend, étonne, si bien que l'on se demande à quoi Opram veut-il exactement en venir ? Peut-être finalement, et tout simplement, à déboucher sur une grammaire qui n'appartient qu'à eux... C'est tout le mal que je leur souhaite. Nonobstant, je pense que "Mon Temps Mon Espace" ne trouvera sa place que dans les cercles progressifs, entre autres parmi ceux qui ont su apprécier à leur juste valeur des formations maintenant défuntes comme Finneus Gauge, à condition toutefois que cette communauté puisse se familiariser à l'idée d'entendre Corneille ou Sinclair jouer sur du Dream Theater...